Des experts économistes ont préconisé, mercredi à Alger, que l'Algérie adopte le concept de la co-production, un nouveau modèle de partenariat Nord-Sud qui se substitue à celui de la délocalisation tout en assurant aux partenaires des avantages réciproques. La co-production, baptisée aussi co-localisation ou co-traitance, consiste, pour un industriel, à faire fabriquer des composants intermédiaires industriels à forte valeur ajoutée par une main-d'œuvre qualifiée mais moins coûteuse, dans un pays étranger, selon les explications de ces experts qui participaient à un débat autour de ce concept. Ce modèle vient remplacer la délocalisation des investissements des pays développés vers les pays dont les coûts salariaux sont faibles, un déplacement de la production hors des frontières nationales qui a montré ses limites à cause notamment du coût élevé du transport des produits finis vers les pays d'origine et l'extension du chômage dans ces pays, selon El Mouhoub Mouhoud, professeur d'économie à l'université Paris Dauphine. Cette nouvelle démarche permet de créer des partenariats gagnant-gagnant car, comme la délocalisation, elle assure une main-d'œuvre à bon marché, un accroissement de compétitivité et des opportunités de création d'emplois, à travers de nouveaux investissements, pour le pays commanditaire et un transfert de savoir-faire et un développement des filières industrielles des pays d'accueil. Ce type de partenariat est généralement exclusif (produit d'un accord entre les deux partenaires) et inscrit dans le long terme, explique ce spécialiste. Dans le cas de l'Algérie, cette nouvelle forme de coopération nord-sud constitue une opportunité pour diversifier la production nationale, réduire les importations, accéder aux marchés régionaux et préparer l'après-pétrole. Elle permet ainsi de réexporter vers les entreprises européennes des biens intermédiaires de haute valeur ajoutée utilisant les jeunes diplômés algériens, selon l'expert algérien. Elle pourrait même mettre l'Algérie en position de "pays relais fondamental" pour les exportations européennes vers le marché sub-saharien en pleine croissance et favoriser l'attractivité des investissements directs étrangers (IDE), l'emploi et l'accès au marché local et régional. Pour un autre expert, l'Algérie doit saisir l'opportunité d'être proche des pays européens pour promouvoir ce type de partenariat dans les filières où elle possède de grandes potentialités comme la pétrochimie, la pharmacie, l'électronique, l'informatique, les énergies renouvelables, le textile et autres. Pour ce faire, il a préconisé l'établissement d'un diagnostic global de tissu industriel algérien, et la mise en œuvre d'un programme graduel de co-formation de la main-d'œuvre nationale avant d'engager des partenariats à long terme avec des pays à fortes capacités technologiques comme l'Allemagne, la France, les Etats-Unis et la Turquie. Avec ce dernier pays émergent, l'Algérie a déjà mis en place deux projets de coproduction dans les domaines des textiles et de la sidérurgie.