Au moment où la pression des Nations unies sous influence américaine s´exerce sur la Serbie pour un ultime dépeçage, au moment où le même scénario se déroule en Irak sous le couvert des armées anglo-saxonnes, au moment même où le Soudan fait l´objet de menaces à peine voilées, la sentence rendue par le Tribunal pénal international de La Haye (non reconnu par les USA) est remarquable par le fait qu´elle ne reconnaît pas la responsabilité de l´Etat serbe dans le génocide perpétré par les forces serbes durant la guerre menée en Bosnie, et ce, en présence de forces armées internationales. Sans s´engager dans les méandres du droit pour savoir où s´arrête la responsabilité d´un Etat ou d´individus qui se réclament de l´ethnie dominante de cet Etat, il y a lieu de se réjouir de l´opportunité qui s´ouvre aux différents peuples qui ont souffert de l´oppression de régimes dictatoriaux, sous le couvert d´Etats qui se disent démocratiques. Il faut remarquer que les Amérindiens, du Brésil jusqu´au Canada, recouvrent peu à peu leurs droits à conserver leur culture, leur mode de vie et les terres qu´ils ont toujours habitées. Les Etats-Unis, responsables du génocide indien, ont recours à une «discrimination» positive en matière de législation financière pour permettre à certaines tribus, qui ont survécu aux massacres du XIXe siècle, d´être dédommagées. Le Canada va plus loin puisqu´il offre l´autonomie à certaines ethnies et la restauration du monopole des droits de chasse et d´exploitation de certaines terres ancestrales à d´autres tribus. La responsabilité engagée de certains Etats dans le massacre et la spoliation d´autres peuples, n´est pas toujours reconnue: aujourd´hui, les Tatars, peuple déporté jadis par le régime stalinien, se bat toujours afin que leur soient restituées les terres ancestrales de Crimée. Quand un crime contre l´humanité est reconnu, l´Etat responsable paie des indemnités aux ayants droit. Les Juifs, forts de leurs lobbies, du sentiment de culpabilité des Européens et des calculs européens, ont eu la part belle de tous les Etats impliqués dans les massacres et les spoliations découlant de la Seconde Guerre mondiale. La Turquie se refuse à reconnaître le génocide arménien afin de n´avoir pas à ouvrir, demain, le porte-monnaie: cela peut donner lieu, à un redessinement des frontières et on ne sait jamais où cela peut s´arrêter, si cela s´arrête un jour...Dans le même ordre d´idées, les Vietnamiens sont en droit d´exiger des USA des dédommagements pour tous les bombardements subis de 1964 à 1974, de la catastrophe humanitaire et écologique causée par le déversement de produits défoliants. Demain, les Irakiens sont en droit d´exiger la même chose des USA, au même titre que les Afghans qui, eux, auront à le demander aussi bien aux Etats de l´ex-Urss comme aux USA. Tous les Etats africains, concernés par les négatifs phénomènes de l´esclavage et de la décolonisation, sont en droit de le demander au Portugal, l´Espagne, le Royaume-Uni et la France. Tous les tribunaux du monde ne suffiraient pas. Mais le premier pas de la reconnaissance s´appelle la repentance.