Certains voisins n´avaient plus à s´expliquer sans passer par les coups et...coûts! Salim C. est inculpé, tout comme Redouane C., de destruction de bien d´autrui. Belkeltoum, la victime est représentée royalement par Maître M´hamed Chemlel. D´emblée, Redouane C. affirme que ce gourbi en éternit a été démoli par la pseudo-victime. Salim, le frangin suit la réponse de Redouane. Nacer Mounira, la juge va souffrir un bon quart d´heure devant les allégations des deux frères inculpés. «Ce n´est pas grand-chose, ce sont des constructions illicites sans grande importance», dira Redouane. «Ce n´est pas notre problème de juger les actes des uns et des autres», tranche la présidente de la section non-détenus de Koléa (cour de Blida). La victime, elle, donne sa version, placée à des années-lumière de celle des deux frangins. La victime affirme que la destruction du mur remonte au mois de juin 2008. «Les deux frères m´ont affirmé qu´ils détenaient des documents leur permettant de monter un portail...illicite.» La victime s´énerve, Nacer crie plus fort que tout le monde. Elle ne veut pas que l´interrogatoire soit pollué par des réponses lancées à l´emporte-pièce. «Où sont donc les autorisations? La police les a convoqués maintes fois. Ils n´ont jamais répondu car ils n´ont rien sur eux», marmonne la victime qui a parlé de tentative de vol la nuit à la suite de la chute d´un mur où une fenêtre avait été aménagée par les deux inculpés. A un moment donné, Redouane gesticule en parlant: «Parlez sans gesticuler. Et cessez de vous adresser au tribunal tous les deux SVP», tonne la juge en direction des deux inculpés qui ont expliqué que l´auteur de la destruction du mur la nuit s´était enfui. Maître Chemlel demande à la juge à ce que les deux inculpés soient objectifs. «Qu´ils avouent au tribunal ce qu´ils visaient en abattant ce mur. Nous en avons pour toutes les versions, depuis le commissariat de police à la barre. Qu´on nous livre la vérité et qu´on en finisse», a dit au cours de son intervention l´avocat qui a réclamé un million de dinars. «C´est tout aussi triste de plaider un tel dossier car le bon voisinage a pratiquement disparu ces derniers temps puisque c´est comme dans cette région, les familles étaient réputées proches les unes des autres. Or, voilà que le gain facile, la vie perturbée, la jalousie ont fait que l´on ne s´adresse plus la parole pour trouver une solution mais plutôt passer à des actes barbares», avait clamé Maître M´hamed Chemlel qui sera surpris que certains aient pu tiquer en prononçant des mots comme «barbares» ou encore «jalousie». «Et pourtant c´est la vérité», ajoutera-t-il. Et pour casser la pipe aux avocats qui n´ont eu de cesse de demander des prises d´actes de refus de la juge ou du silence de l´inculpé, cela sera relevé dans les attendus du jugement. Plaidant à l´aise, Maître Kourtel, pour la partie civile, a mis l´accent sur la mauvaise foi de l´inculpé qui est allé jusqu´à jurer que les signatures n´étaient pas les siennes. «L´avocat assure que le délit y est, que les dommages sont aussi massifs que les trois chèques signés.» La procureure, bien installée au-dessus de tous, demande une peine de prison ferme et une amende aussi ferme. Maître M´hamed Chemlel, sans élever le ton, plaide la logique en commençant par cette histoire d´intermédiaire qui prend la place du revendeur dans ce dossier où son client est quasi absent. «Nous ignorons ce qui s´est réellement passé dans la voiture de la victime. Une chose est sûre: l´inculpé n´a pas signé les chèques et ce, sous le témoignage des services des postes d´Algérie-Poste. Et il n´y a même pas une attestation des postes signalant l´insuffisance d´avoir.» Sur ce, la présidente annonce la mise en examen du dossier, juste de quoi prendre le temps de séparer le vrai du faux, du semi-faux à la «demi-vérité!»