L´été approche. La chaleur est déjà là avec son lot d´inconvénients. Les embouteillages encombrent déjà les routes des plages. Les examens sont déjà derrière nous. Et pourtant, les vacances ne sont pas encore là pour une multitude de gens qui se préparent à la grande manifestation qui va redonner à Alger, peut-être, son lustre d´autan. Déjà, de célèbres et discrets artisans préparent dans l´ombre, les guirlandes, les affiches qui vont parer les grandes artères de la capitale et lui redonner cet air de fête qu´elle a perdu depuis longtemps, victime de la spéculation foncière, de l´insécurité, de la délinquance et de la prohibition. Déjà, des talents affirmés préparent des documentaires orientés pour la circonstance, d´autres ont déjà mis en chantier des spots publicitaires pour mettre en valeur un événement continental qui fera date. On a sûrement contacté dans les diverses wilayas, les différentes troupes folkloriques qui vont d´abord défiler dans leurs gandouras blanches, leurs chèches immaculés, avec leurs tromblons et leurs étendards remis à neuf. Les tambours et les derboukas sont retendus à nouveau pour faire écho aux intenses vibrations qui ont secoué la ville il y a quarante années déjà, au même moment où l´Américain posait le pied sur le sol lunaire. Dans les autres pays «frères» aussi, les artistes fourbissent leurs instruments et composent un répertoire pour donner à leur participation un éclat à la hauteur de la réputation de leur folklore: tam-tams, balafons, guitares à deux manches vont à nouveau faire partie de la scène où les rythmes saccadés ou syncopés vont rappeler à chaque Algérien ses racines africaines. Les artistes, chanteurs, danseurs, musiciens chorégraphes répètent déjà. Les troupes de théâtre seront aussi de la partie et vont agrémenter un programme conforme aux défis du Vieux Continent. Les écrivains, les sociologues, les politologues préparent les conférences dont les thèmes sont différents et semblables à ceux de 1969: les problèmes de l´Afrique sont les mêmes et même pires. L´apartheid est tombé et le tribalisme demeure au Nord comme au Sud. Les guerres, le terrorisme, ravagent un continent déjà miné par des pandémies. Des exilés sont rentrés enfin chez eux pendant que des flottilles de harraga abordent ou tentent d´aborder le continent européen. Des dictateurs meurent, d´autres s´apprêtent à prendre leur place. Enfin, tout est prévu pour accueillir tout ce monde coloré: les hébergements sont réquisitionnés et les transports assurés. Un budget fantastique qui va reléguer à l´arrière-plan celui d´ Alger, capitale de la culture arabe 2007, et d´une «Année de l´Algérie en France», cependant, une ombre demeure au tableau, et elle est de taille: la Cinémathèque du 42, de la rue Ben M´hidi est fermée, pour cause d´enterrement...de la culture.