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La Corniche et le Front de mer pour oublier le quotidien
été 2009 : Oran sombre dans l'indifférence
Publié dans Liberté le 02 - 08 - 2009

L'été bat son plein, et Oran grouille de monde. Des émigrés courent dans tous les sens. Des voitures immatriculées aux quatre coins du pays sillonnent la ville, et les Oranais aiment bien rappeler qu'ils sont les champions de la joie de vivre.
L'explosion démographique, l'exode rural, mais aussi les nombreux travaux engagés dans le centre-ville, notamment le tramway, rendent la circulation impossible.
Mais c'est la période des vacances et tout finit par s'oublier, une fois les pieds dans l'eau. La Corniche oranaise, avec ses plages qui s'étalent sur une dizaine de kilomètres, suffoque de monde. Même si la circulation est fluide, grâce à l'omniprésence de motards, il n'en demeure pas moins que les jeunes conducteurs de motos constituent un danger permanent, en faisant les fous, tout le long de la Corniche.
C'est en quittant Mers El-Kebir que commencent à s'étaler les plages de la Corniche. Les destinations les plus prisées restent Aïn El-Turck et les Andalouses. Bomo plage, Bousfer, ou encore Les Corales et l'Etoile sont également bondées. Aïn El-Turck et les Andalouses sont l'endroit idéal pour les frimeurs, les émigrés et les nouveaux riches dans une ambiance bling bling. Ici, les hôtels et autres complexes affichent complet, en dépit des prix élevés, et pas moyen de trouver un endroit où garer sa voiture. À l'entrée des Andalouses, des gendarmes sont postés pour prier les automobilistes à faire demi-tour. La plage est noire de monde ; on a du mal à imaginer que l'on puisse savourer l'eau ou se permettre un plongeon au milieu de cette foule. Les jet-skis et autres hors-bords complètent le tableau. L'endroit est indiqué pour tout, sauf pour le repos.
La Corniche attire toujours
Aïn El-Turck ne dispose pas de larges plages de sable, mais d'une multitude d'hôtels, de bungalows, de restaurants et autres boîtes de nuit qui ont fait sa notoriété. La ville vit et vibre au rythme de sa clientèle. Pas seulement en été, mais entre juillet et août les chiffres d'affaires explosent. Elle est concurrencée ces derniers temps par de nouvelles infrastructures hôtelières et des espaces de loisirs qui fonctionnent cependant toute l'année.
Tout le long de la Corniche, des hôtels et autres petits complexes poussent comme des champignons, y compris en face de la décharge publique. Des promotions immobilières dédiées exclusivement à la location occupent tous les terrains disponibles entre Aïn El-Turck et les Andalouses. Certains essaient d'innover, d'apporter un plus, comme ce médecin qui a édifié un complexe dédié aux enfants sur un rocher “El Bokâa” ou le coin, est un véritable paradis pour les enfants.
En revanche, un autre promoteur a réalisé un chef-d'œuvre de mocheté urbanistique sur la route principale de la Corniche. Un hôtel, encore en construction, mais déjà loué pour la saison, et qui s'appelle “Vive l'Algérie”, avec plusieurs exemplaires de l'emblème national hissés, histoire de dire “touche pas”, à quiconque oserait lui faire la moindre remarque.
Mais pourquoi tous les Oranais préfèrent-ils les plages de la Corniche ? Salah, un cadre qui gagne bien sa vie, avoue que c'est le souci de commodité qui le pousse à emmener ses enfants dans ces plages : “C'est à une demi-heure d'Oran. En plus je n'ai aucun souci à me faire ici. Je connais les lieux comme ma poche.” Saâdia, une femme de ménage, ne voudrait changer la Corniche pour aucun lieu au monde. Et pour cause : les taxis, les bus, les clandestins ne manquent pas. Il suffit de se pointer à la place d'Armes pour être sûr d'être transporté jusqu'à la plage de son choix.
Pourtant l'est d'Oran dispose de plages aussi intéressantes, à l'image de Kristel ou de canastel, mais surtout Mers El-Hadjadj (ex-Port-aux-Poules) à la limite entre les wilayas d'Oran et de Mostaganem. Cette coquette station estivale ne dispose, certes, pas d'hôtels, mais des bungalows et autres restaurants sont disponibles et à des prix très abordables.
La petite Mers El-Hadjadj dispose d'un atout majeur : sa plage au sable fin qui s'étire jusqu'à El-Mektâa. Un véritable régal pour les amateurs de la nature et des grands espaces. Toutefois, la petite station commence à étouffer en raison de l'urbanisation anarchique et des constructions édifiées à même l'eau.
Madagh, la magie qui n'envoûte pas les Oranais
L'ouest d'Oran reste encore vierge et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est là où se trouvent les plus belles plages d'Oran. À trente minutes du centre-ville, en accédant à Boutelilis, la route des plages est, somme toutes, enivrante, saisissante, magique. La forêt offre un espace idéal pour les familles qui viennent y passer leur sieste ou casser la croûte. La descente vers les plages de Bouzedjar, Cap-Bon, mais surtout les deux plages de Madagh donne le tournis. C'est tellement beau à voir que l'on ne comprend pas pourquoi les Oranais tournent le dos à leur côte ouest.
À Madagh, la montagne et la forêt descendent vers la mer, l'embrassent et l'enlacent, créant l'une des plus belles baies du pays. En face, les îles Habibas étalent toute leur splendeur. On n'a qu'une seule envie : y aller, même à la nage. Tout compte fait, l'on se rendra compte qu'il faudrait un bateau pour atteindre les îles.
Pour ce faire, une seule solution : se lever tôt et se pointer au port de Bouzedjar, afin de bien négocier un aller-retour avec l'un des pêcheurs du coin. Dommage qu'aucun investisseur n'ait songé à se lancer dans ce créneau.
Mais revenons à Madagh. La plage est hyper-propre, le sable est nettoyé. Des toilettes mobiles sont disposées tout le long de la plage. Des parasols, des tables et des chaises sont également étalés sous une présence remarquée des gendarmes et de la Protection civile. Deux gargotes, deux kiosques en bois fraîchement construits et puis plus rien. Ni hôtel, ni bungalow, ni maison.
Rien que la nature, quelques familles et des enfants des colonies de vacances qui savourent la beauté et la quiétude des lieux. L'immense parking ne se remplit jamais. Ici, le poisson est à prendre à la main, tellement l'eau est claire et les lieux si propres.
En remontant la route sinueuse de Madagh, l'on croise des centaines de familles qui préfèrent le calme de la forêt. Sur la route du retour, nous prenons la route de la forêt de M'sila, un autre lieu de détente pour les familles fuyant la chaleur de la ville.
La route sinueuse descend vers les Andalouses, offrant un spectacle saisissant. Arrivés aux Andalouses, c'est le choc audiovisuel. Rien à voir avec les plages qui se trouvent juste derrière la colline des Andalouses.
Le cœur d'Oran bat pour le Mouloudia
L'été à Oran n'a aucun sens si l'on ne plonge pas dans l'ambiance oranaise. Quoi de mieux que d'aller savourer un thé aux beignets, ou une glace au cœur d'Oran, El-Hamri. Ici, l'ivresse de l'accession en DI du Mouloudia d'Oran est restée intacte. S'il est vrai que tous les quartiers d'Oran ont vécu des nuits folles après le retour du MCO en première division, il est aussi vrai qu'El-Hamri a toujours constitué une exception. “Incha Allah, ce sera la première et la dernière fois que le Mouloudia rétrograde”, nous lance le jeune serveur.
Le patron du café n'est pas de cet avis. “Ils vont construire un nouveau stade à la sortie est de la ville. Au début, ils disaient qu'il contiendrait 70 000 supporters. Maintenant, on parle de 40 000 supporters. Pourquoi ne sont-ils pas capables de réparer la pelouse du stade Zabana ? Veulent-ils éloigner le Mouloudia d'El-Hamri ?” se demande-t-il. Une entreprise chinoise a déjà entamé les travaux du nouveau stade, alors que l'on parle de la prochaine pose d'un gazon synthétique, de dernière génération, pour le stade Zabana.
L'équipe se trouvait en regroupement à Maghnia, et dont certains cadres, à l'instar de Arafat Mezouar, se prélassent sur les plages de Marsat Ben Mhidi. Le Mouloudia pourrait connaître quelques soucis en début de saison. Les “chauffeurs” de foules s'activent à El-Hamri et mènent campagne pour le retour de Djebbari à la tête du club. Mais il faudrait compter avec les inconditionnels d'Elimam. Ce dernier jouit, chez les jeunes Hamraouas, d'une popularité telle qu'ils sont prêts à tout pour lui.
Les Hamraouas n'ont toujours pas avalé le coup tordu de Samir Zaoui, le capitaine de l'ASO Chlef, coupable, à leurs yeux, de la descente aux enfers du Mouloudia. Il est sur toutes les lèvres à El-Hamri et tous les posters de l'équipe nationale accrochées çà et là ont vu la tête de Zaoui déchirée. “Qu'il ne s'amuse pas à venir, cette année à Oran”, prévient Houari, un gardien de parking. Ce dernier, abusé par une agence qui lui a promis l'émigration au Canada, ne désespère pas d'y aller un jour : “Je vous donnerai 40 millions si vous me ramenez les papiers pour le Canada.” Pourquoi tant vouloir partir au Canada ? Houari répond par une question : “Voudriez-vous que je passe ma vie entre les cellules de prison et garder les voitures des autres ?” Une fois la nuit tombée, El-Hamri replonge dans ses réalités. Ici, aucun lampadaire ne fonctionne. Si un automobiliste s'y aventure , il entendra, des deux côtés de la route “Kayen, Kayen” (y en a, y en a). Ce sont les revendeurs de drogue qui s'adonnent à leur activité journalière. Mais El-Hamri n'est pas le seul quartier à en souffrir. À Medina Jedida, une fois la nuit tombée, des bandes de délinquants se forment et guettent les automobilistes, près des ronds-points, pour les détrousser. La situation n'est guère aussi reluisante à Tirigou (Victor-Hugo) , Mediouni ou Derb. L'arrière-boutique d'Oran sombre dans l'obscurité et la criminalité, tandis que le centre-ville grouille de monde durant ces soirées estivales. Si, d'habitude, le boulevard Front de mer est pris d'assaut par les familles dès la tombée de la nuit, ces jours-ci, Panaf oblige, ce sont des embouteillages monstres qui se forment chaque nuit. Le théâtre de Verdure retrouve sa raison d'être, au grand bonheur des familles qui ont pu apprécier des artistes africains de renommée mondiale, mais aussi de grands artistes algériens, tels que Lounis Aït Menguellet.
Les salons de glaces et les terrasses de café sont bondés et une ambiance festive y règne jusque tard dans la soirée. C'est ce qui expliquerait, peut-être, pourquoi la plupart des magasins d'Oran n'ouvrent pas tôt. Tous les ronds-points et autres espaces verts sont squattés par des milliers de familles en quête de fraîcheur.
Mais la façade du Front de mer et les imposants buildings sur le côté est du port d'Oran ne feront pas oublier le fait que le centre-ville d'Oran se meurt dans une totale indifférence. Si le quartier de Sidi El Houari a été sacrifié, depuis fort longtemps, voici venu le temps où les principaux boulevards commerçants d'Oran se dégradent à la vitesse grand V, avec les routes défoncées, les eaux usées qui débordent de partout et surtout une saleté ahurissante. Il n'y a pas si longtemps, Oran était citée comme exemple de ville propre. Aujourd'hui, quelques agents municipaux se contentent de coller et de distribuer des affiches invitant les habitants à faire preuve de civisme. L'été n'a pas encore livré toutes ses chaleurs qu'Oran commence déjà à se tenir le ventre. L'eau des robinets est toujours imbuvable et les revendeurs d'eau font le plein en été. Les produits périmés inondent les marchés. Les boissons gazeuses et autres jus, très prisés durant cette période, sont les plus cités. Des restaurants chic, sur le boulevard Front de mer, proposent des boissons périmées, des hôtels aussi. L'autre jour, un camion d'une grande marque de boissons gazeuses a été pris en flagrant délit : il venait de livrer une cargaison périmée au marché de la Bastille. Des jeunes, à l'aide de diluant se chargeaient d'effacer les dates avant d'apposer de nouvelles dates. Les familles, plus ou moins aisées, se sont tournées, depuis peu, vers un nouveau lieu de sorties nocturnes : le quartier de Saint-Cloud, sur la route menant vers l'hôtel Sheraton. Là des restaurants chics et des boutiques de marque ont élu domicile. Pour le moment, cela se passe bien, dans le calme et la sécurité. Pourvu que ça dure.
A. B


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