La protestation sociale prend de l'ampleur La politique du gouvernement consiste à éteindre, un à un, les foyers de contestation. Certains membres du gouvernement ne comptent pas rester insensibles plus longtemps à la grogne sociale. Le ministre de l´Intérieur et des Collectivités locales, a annoncé que près des deux tiers des 100.000 gardes communaux actuellement recensés, «seront intégrés au sein de l´armée nationale populaire (ANP) et le tiers restant sera pris en charge par le ministère de l´Intérieur». Ces gardes communaux ont affronté le danger d´un terrorisme aveugle pendant près de deux décennies. Se voulant rassurant, le ministre a affirmé que «nous sommes en train de revoir le dossier relatif à la garde communale, notamment en ce qui concerne les salaires, les indemnités, les heures supplémentaires et les congés». Autre corporation qui semble obtenir gain de cause après son sit-in de jeudi, est la Protection civile. Son directeur général, Mustapha Lahbiri, a promis d´étudier les trois revendications des agents, à savoir la révision du statut de cette institution, la liberté d´exercice de l´activité syndicale. Comme il a informé les travailleurs, qu´un rappel de deux ou trois ans leur sera versé dans le cadre du régime indemnitaire. Les travailleurs dont la réintégration est réclamée ont été «radiés pour délits divers et vols», a déclaré le colonel Lahbiri. Djamel Harmel représentant de la section syndicale de la Protection civile, considère cette mesure comme un licenciement abusif. D´autres corps sont gagnés par la protestation. Les patriotes, dont plusieurs ont assisté au sit-in organisé par les victimes du terrorisme, ne décolèrent pas. Autre corporation: les médecins résidents ne plient pas. Ils sont déterminés à aller au bout de leur action. Les dernières tentatives de Ould Abbès de les satisfaire, n´est finalement qu´une motivation les poussant à réfléchir à d´autres actions. Si la politique du gouvernement consiste à éteindre, un à un, les foyers de contestation, il éprouve du mal à convaincre une frange qui campe sur sa position: les étudiants. En vacances universitaires, des délégués joints hier par téléphone estiment que le temps leur donnera raison. Et pour eux, il n´est jamais trop tard pour bien faire. Leur ministre est, pratiquement, le seul qui s´abstient de toute déclaration. Pendant que ses collègues et hauts responsables de l´Etat s´expriment, en urgence, pour apaiser une tension qui monte, lui, accumule des semaines d´«autisme». La protestation sociale prend de l´ampleur. Les enseignants contractuels ont organisé un sit-in devant la Présidence, avant d´être malmenés, la nuit, par la police. On compte parmi eux six blessés, selon Myriem Maârouf, porte-parole de cette frange. En ce moment de forte violence, le ministre de l´Education nationale, Boubekeur Benbouzid s´est exprimé, pas en faveur des contractuels, mais en promettant de régler l´un des problèmes majeurs que lui ont transmis les syndicats: le volume horaire. Selon des sources concordantes, il fera appel à des experts étrangers pour prendre le dossier à bras le corps. Etant peut-être les seuls qui manquaient à ce décor, les éboueurs contractuels de plusieurs wilayas menacent de recourir à la protestation pour dénoncer le retard enregistré dans le paiement de leurs très modestes salaires. Ça bouillonne aussi dans la rue Alger, les communes voisines d´El Hadjar et de Sidi Amar ont vécu récemment une fin d´après-midi très mouvementée. Hier, près de 100 chercheurs permanents du Commissariat à l´énergie atomique ont organisé, à Alger, un sit-in pour revendiquer l´application du nouveau régime indemnitaire prévu par le décret exécutif n°250-10 du 10 octobre 2010.