Les appareils français Tigre et Gazelle, et britanniques Apache, ont conduit des frappes au sol dans la nuit de vendredi contre des équipements et des forces de l'armée gouvernementale, a annoncé l'Otan. La France et la Grande-Bretagne ont déployé hier pour la première fois leurs hélicoptères de combat contre les troupes du colonel Mouamar El Gueddafi, une semaine près l´annonce par Londres d´une «deuxième phase» des frappes de l´Otan contre le régime libyen. Les appareils français Tigre et Gazelle, et britanniques Apache, ont conduit des frappes au sol dans la nuit de vendredi contre des équipements et des forces de l´armée gouvernementale, a annoncé l´Otan. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déploré que «consciemment ou inconsciemment», l´intervention de l´Alliance atlantique «dérape vers une opération terrestre». La résolution 1973 votée le 17 mars par le Conseil de sécurité de l´ONU exclut «une force étrangère d´occupation sous quelque forme que ce soit». L´envoi de troupes au sol, exclu à de nombreuses reprises par l´Otan, «serait tout à fait déplorable», a déclaré M.Lavrov. Au contraire, Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition (CNT) s´est félicité de l´envoi des hélicoptères, saluant «toute action qui puisse précipiter la fin du régime d´El Gueddafi». Les Apache, des appareils très utilisés en Irak et en Afghanistan, ont détruit une installation radar et un poste de contrôle militaire situés près de Brega, ville côtière de l´Est libyen, a indiqué le ministère britannique de la Défense. «Une vingtaine d´objectifs, dont une quinzaine de véhicules militaires, notamment des pick-up armés», ont été détruits, a dit, par ailleurs, le porte-parole de l´état-major français, le colonel Thierry Burkhard. Des structures de commandement de l´armée libyenne ont également été visées, a-t-il précisé. Plusieurs hélicoptères ont dû riposter à des tirs d´armes légères en provenance du sol, mais aucun n´a été touché, a-t-il poursuivi. Ils ont ensuite rejoint sans encombre leurs porte-hélicoptères respectifs déployés au large des côtes libyennes, le Bâtiment de projection et de commandement (BPC) français Tonnerre et le HMS Ocean britannique. «Ce succès démontre les possibilités uniques offertes par le recours à des hélicoptères de combat», a estimé le général Charles Bouchard, commandant en chef de l´opération de l´Otan en Libye. Ce recours permet à l´Alliance de disposer d´une «flexibilité supplémentaire pour repérer et s´attaquer aux forces pro-El Gueddafi qui ciblent délibérément les civils et cherchent à se cacher dans des zones habitées», note l´Otan. Pour le ministre britannique de la Défense, Liam Fox, l´engagement des hélicoptères «est le développement logique de ce que nous avons entrepris». «Nous montrons très clairement au colonel El Gueddafi qu´il y a un moyen très rapide d´arrêter les frappes de l´Otan: c´est de partir et d´arrêter de faire la guerre à son propre peuple», a-t-il déclaré à Singapour. Le déploiement de ces appareils intervient plus de deux mois après le début de l´intervention internationale, sous mandat de l´ONU, visant à protéger les populations civiles de la répression du régime libyen. Face à l´enlisement du conflit, et pour éviter les risques de toucher des populations lors de frappes en milieux urbains, Paris et Londres avaient annoncé la semaine dernière l´envoi d´une vingtaine de Tigre et de Gazelle français, et de quatre Apache britanniques. Les opérations de l´Otan entrent dans «une nouvelle phase», avait alors fait valoir le Premier ministre britannique, David Cameron.