De plus en plus d'étudiants désertent les filières scientifiques. «Jules Ferry n'a rien fait pour l'Ecole algérienne, alors qu'on le présente en France comme le chantre des droits de l'homme», a déclaré le professeur Chems Eddine Chitour à l'occasion de la journée parlementaire organisée hier, par la commission de l'éducation et de l'enseignement supérieur à l'APN. Intervenant sur le thème «Le système éducatif au XXIe siècle, le défi algérien», l'orateur a fait un constat sur les 132 années de colonisation française les qualifiant de «siècle des ténèbres». «On parle de siècle des lumières avec l'émergence au cours du XIXe siècle de célèbres écrivains et poètes, mais en Algérie, avec la colonisation, c'était un siècle des ténèbres», a-t-il indiqué. Chems Eddine Chitour s'interroge: «En quoi cette colonisation a été positive et qu'a-t-elle réellement apporté à notre pays?» Selon lui, «l'Algérie ne comptait que 5 ingénieurs en 1962, après le départ des Français qui avaient tenté de «macdonaldiniser» cette contrée du Maghreb et réduire à l'ignorance son peuple». «Ce n'est que grâce à notre identité que nous avons pu surmonter les écueils alors que les pays riches veulent nous imposer leur modèle de société et leur diktat à travers la mondialisation», dit-il. «Cent sociétés internationales ou transnationales règnent sur le marché mondial. Nous devons tout faire pour échapper à leur influence et ne pas être sous leur emprise», ajoute-t-il. Pour ce faire, une seule solution: un plan Marshall de la formation au niveau de l'enseignement supérieur, a-t-il souligné. Animant une conférence sur «La désertion des filières scientifiques et techniques», le professeur Mohamed Tayeb Laskri est catégorique: «C'est après avoir obtenu le Bac que les candidats deviennent plus soucieux en ne sachant pas vraiment quelle filière suivre«Dès qu'ils sont reçus à l'examen du Bac, l'inquiétude gagne, aussitôt, les candidats qui ne savent quelle filière suivre et préfèrent les concours pour éviter les filières scientifiques», affirme-t-il. Beaucoup d'étudiants optent pour les filières littéraires parce qu'ils n'ont pas souvent le choix ou parce qu'ils ont une aversion pour les mathématiques et la physique. Selon Mohamed Tayeb Laskri «durant les années 1970 les reçus à l'examen du baccalauréat étaient plus nombreux dans les filières scientifiques, malheureusement la tendance s'est inversée ces dernières années». «La formation supérieure et la dynamique d'insertion professionnelle» est le thème de la conférence animée par le professeur Djoudi Merabet. «On ne peut pas prendre d'initiative si on n'est pas libéré et si on n'est pas autonome», a-t-il confié. Citant l'exemple du LMD, il a précisé que «sa réussite passe par celle de la licence». Merabet a évoqué, ensuite, la professionnalisation qui est un secteur de l'insertion professionnelle. Avec des données chiffrées, il a révélé que l'Algérie a réalisé 73 établissements universitaires accueillant 1400.000 étudiants encadrés par 45.241 enseignants, que 120.000 diplômés sortent chaque année et que les universités reçoivent 350.000 nouveaux étudiants. Le président de la commission de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et la recherche scientifique et des affaires religieuses a, pour sa part, estimé que «cette journée parlementaire et le thème qu'elle aborde, intervient dans un contexte particulier de mondialisation de l'économie de plus en plus basée sur l'économie de la connaissance et de la maîtrise des technologies de pointe, pouvant assurer un développement harmonieux aux pays en voie de développement dont nous faisons partie». Le docteur Abdelmalek Zennir insiste sur les prodigieux efforts entrepris par l'Algérie en la matière et qu' «à une année du cinquantenaire de l'indépendance du pays, tout le monde reconnaît à sa juste valeur, l'effort extraordinaire consenti par notre pays en matière de développement humain et particulièrement des ressources humaines qualifiées».