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Ne m'appelez pas François!
LA FRANCE VEUT REBAPTISER LES ENFANTS D'IMMIGRES
Publié dans L'Expression le 20 - 07 - 2011

Un prénom comme Zinnedine, qui a offert à la France sa coupe du monde, serait-il toléré dans l'Hexagone?
Marine le Pen propose que l'on baptise de prénoms français les enfants d'immigrés nés en France pour faciliter leur intégration. Elle rejoint en cela une proposition d'Eric Zemmour qui avait déjà fait polémique. Les Jennifer, Vladimir et autres Nicolas (d'origine grecque) peuvent trembler. Là encore la rhétorique achoppe sur la réalité, qu'est-ce qu'un prénom français? Un prénom du calendrier, donc un prénom chrétien qui deviendrait la norme dans une République fermement laïque? Un prénom rattaché à l'histoire de France, Zinnedine serait alors toléré puisqu'il fut le premier français à avoir soulevé une Coupe du monde de football. Les prénoms bretons qui furent interdits jusqu'au milieu des années 60, sont aujourd'hui parfaitement français.
Hormis le fait que ce serait nier la charge issue de l'Inconscient qui relie un individu à une histoire et à un mandat transgénérationnel, imposer un prénom ne réglerait sans doute pas les problèmes dus à la couleur de peau ou au faciès, ni même de patronyme (par exemple Zemmour vient du berbère «olive», le prénom Eric n'y change rien). Le résultat pourrait être opposé à ce qui est escompté, il serait facile de railler ceux qui n'ont «pas une tête à s'appeler François». On veut aller plus loin que l'habituelle assignation identitaire, ce n'est plus l'intégration qu'on recherche, ni l'assimilation, c'est la dissolution! Soyons sérieux, personne n'est dupe, ce n'est pas en baptisant différemment les «Français de branche», les éternels «issus de» que l'on réglera leurs difficultés, que l'on réduira les discriminations au logement, à l'emploi, cela n'aura aucun impact sur les contrôles au faciès.
Cette proposition vient dans un contexte politique où la libération de la parole raciste n'a jamais été aussi forte et où la mise en accusation des Français jusque-là, issus de l'immigration, devenus aujourd'hui «Français d'origine étrangère» est un fonds de commerce commode. On les accusait depuis longtemps d'être des délinquants, voilà qu'aujourd'hui on leur reproche par une analyse tronquée des statistiques, de faire chuter les taux de réussite de l'enseignement français. Pire, on ressuscite, le mythe de l'armée de l'intérieur, quand un député de la majorité propose qu'on interdise la double nationalité. Proposition qui fait écho aux débats clandestins de la Fédération Française de Football où déjà on associait double nationalité et risque de dissidence. La France, ce vieux pays qui ne se sent plus autant aimé, n'est-elle pas jalouse de l'attachement que ces immigrés auraient pour leurs racines? Derrière tout cela s'expriment au moins deux fantasmes. D'abord celui de la nécessité de contrôler l'étranger, son accès au territoire ce qui peut être légitime, mais aussi éviter qu'il nous dilue, «130.000 naturalisations par an c'est trop», déclarait M. Goasguen. En francisant le prénom, on va encore plus loin en attendant qui sait, de changer d'autorité le nom, ultime étape du contrôle d'identité poussée à son paroxysme. Le second est celui du déni décrit par Freud comme une non-considération d'une partie de la réalité, déni d'une France qui n'est plus celle, mythique de l'époque du bal musette, des colonies et des films en noir et blanc. La France d'aujourd'hui est tout aussi métissée que celle du XVIIIIe siècle où Zola et Gambetta étaient d'origine italienne, où Marie Curie qui baptisait un minéral du nom de Polonium en référence à sa terre natale. La mixture est différente, mais la recette est la même. Il y a sûrement plus de mélanine chez ses Néo-Français, serait-ce leur crime? On a envie de le croire, différentes études et statistiques nous y invitent: un Arabe a 7 fois plus de chance d'être contrôlé, quand un homme d'origine européenne postule pour un logement, il a 4 fois plus de chance de l'obtenir, un candidat avec un patronyme français a 3 fois moins de CV à envoyer pour être recruté...
Et c'est ainsi qu'on en revient à la question de l'identité. Pas du débat sur l'identité nationale, cette triste pantalonnade qui n'aura servie qu'à lancer la curée à laquelle on assiste aujourd'hui, où chacun se lâche et où il n'y a plus de limite dans l'escalade et l'injure. Mais cette identité qui s'inscrit en positif, qui se fait tout seul sans que de quelconques combattants d'arrière-garde pensent pouvoir la façonner. Celle qui se fait au jour le jour et qui parfois nous surprend quand, par exemple, l'une des plus belles tables provençales est tenue par deux frères nés au Pakistan! Celle qui n'a que faire d'une pseudo-intégration, dont ceux qui en parlent sont souvent ceux qui la souhaitent le moins. Ces Français-là n'ont pas besoin qu'on leur dise comment ils doivent s'appeler.


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