La France est toujours «passée à la caisse» faisant fi de la résolution de l'ONU Des sommes importantes sont versées à Al Qaîda mais pas d'aide pour les pays luttant contre le terrorisme. Paiement de rançons aux terroristes, interventions impromptues au Maghreb et tâtonnement au Sahel sont parmi les actions tous azimuts de la France qui contribuent à redonner du tonus à Al Qaîda au Maghreb. L'embarras des autorités françaises est grand lorsque les ratés de sa politique interventionniste le lui rappellent. Le Quai d'Orsay est toujours attendu sur ses démarches visant à obtenir la libération des quatre Français enlevés au Niger par Al Qaîda. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valéro, n'a pas été prolixe sur le sujet lors d'une conférence de presse précédant la tenue à Paris du congrès international des victimes du terrorisme. Une année après l'enlèvement des otages, le porte-parole de la diplomatie française refuse de donner des détails. Il se contente de dire que son ministère et tous les services de l'Etat sont mobilisés, y compris sur le terrain. «Nous n'avons pas cessé une seconde de travailler pour la libération de nos compatriotes... pour qu'ils retrouvent très bientôt la liberté et qu'ils puissent retrouver la France», a-t-il déclaré. Il est conscient qu'il déçoit en s'abstenant de donner des détails de la situation. Il était aussi interrogé sur la question des rançons. «Je ne peux pas vous en dire davantage. Vous connaissez la position de la France s'agissant de la libération de nos compatriotes retenus en otages», répond-il. Suggère-t-il par là qu'il n'y aura pas de paiement de rançon? Et compte-t-il faire oublier les antécédents de la France dans ce domaine? De fait, Paris semble jouer triple jeu avec l'espoir de gagner à tous les coups: c'est le rare pays qui, jusqu'ici, a payé des rançons aux kidnappeurs. La France s'accommode fort bien de la présence d'islamistes radicaux notoires dans le Conseil national de transition libyen qu'il soutient à bout de bras par ailleurs. Paris sème, enfin, la zizanie dans le Sahel. Au Sahel, en Irak, en Afghanistan, la soumission est la même. La France est toujours «passée à la caisse» faisant fi de la résolution de l'ONU, prise à l'initiative de l'Algérie, criminalisant le paiement des rançons. Avant même ce nouveau développement, l'Algérie a suivi une tout autre stratégie. Ses ressortissants sont détenus actuellement en Somalie mais le gouvernement est loin de suivre la voie de la capitulation devant les terroristes. A l'évidence, Alger n'a pas de leçon à recevoir dans ce domaine. Périodiquement, la France tente de «piéger» l'Algérie sur le dossier du terrorisme, en vain. Ne ravive-t-on pas, outre-mer, l'affaire des moines de Tibhirine à coups d'émissions télévisées et de livres pour dénigrer les forces de sécurité et, partant, toute la politique de lutte antiterroriste initiée par l'Algérie? Malgré ces réalités, la France n'est peut-être pas loin «d'enrichir» à nouveau Aqmi. Gérard Longuet, ministre français de la Défense, confie à RTL que les quatre Français enlevés au Niger sont vivants. «Nous n'avons pas de contact avec eux (les ravisseurs) et nous cherchons à ne perdre aucune occasion d'en avoir, mais nous n'en avons pas aujourd'hui», précise-t-il. Une sorte d'appel du pied aux kidnappeurs. Cherche-t-il les terroristes pour les payer? Pour l'instant, le ministre français a démenti toute négociation sur le paiement d'une rançon pour obtenir la libération des otages. Al Qaîda, qui détient les otages depuis une année, avait exigé une somme de 90 millions d'euros et le retrait des troupes françaises en Afghanistan pour les libérer. A la question sur d'éventuelles négociations, le porte-parole de la diplomatie française, Bernard Valéro, préfère la discrétion. «Restons discrets pour le moment.» Ces développements interviennent au moment où la situation est très tendue au Sahel. Al Qaîda a renforcé son arsenal d'armes, de munitions et d'explosifs subtilisés des casernes libyennes. Elle se trouve aujourd'hui encouragée à poursuivre ses actions subversives. La France n'y est pas pour rien qui contribua en provoquant le chaos en Libye, dont les effets s'étendent à tout le Maghreb et au Sahel. Des sources au fait des questions sécuritaires au Sahel, n'écartent pas le fait que la France puisse céder (en payant la rançon) pour obtenir la libération de ses ressortissants. Initiatrice de l'intervention militaire en Libye, la France embrase la région pour quelques barils de pétrole. Les rançons versées aux groupes terroristes leur ont rapporté quelque 150 millions d'euros. Plus de 13 millions d'euros ont déjà été avancés par la France pour la libération de trois otages sur sept enlevés au Niger. Les salafistes de tout le Moyen-Orient, en Libye, en Tunisie, en Egypte et au Yémen se sentent pousser des ailes par cette politique. En parallèle, il n'y a point d'aides aux pays luttant contre le terrorisme, même si nombre de pays et d'experts admettent le rôle pivot de l'Algérie dans ce domaine.