La liste des opposants au projet de loi sur les associations, qui sera adopté ce 13 décembre à l'APN, s'allonge. L'association culturelle Amusnaw, la Maison des Droits de l'homme et du citoyen Tizi-Ouzou, l'association Aghbalu, le Centre de documentation en Droits de l'homme, Béjaïa, l'association Numidia d'Oran et l'organisation Art Watch Kabylia rejettent cette loi. Dans un communiqué commun, ces associations ont rejeté ce projet dans sa mouture actuelle, qu'elles considèrent comme une régression ouvrant la voie à la mort assurée de toute vie associative en Algérie. Ces associations ont également dénoncé leur marginalisation dans le processus d'élaboration du nouveau projet de loi. «Le mouvement associatif en Algérie a acquis un niveau d'expérience, de maturité et de professionnalisme qui lui confère le droit d'être associé à toute réforme qui le concerne en premier lieu», lit-on dans le communiqué. Les signataires du communiqué ont brossé un tour d'horizon sur la vie associative en Algérie de 1962 à nos jours. Depuis l'adoption de la Constitution du 23 février 1989 qui a consacré et le multipartisme et la libre création d'associations et la promulgation la loi 90-31 du 04 décembre 1990, portant création et gestion des associations, la vie associative est passée de «l'espoir» à «l'étouffement». Les associations signataires du communiqué retiennent trois grandes périodes dans la vie associative depuis la promulgation de la loi de 1990. «La première, de 1990 à 1993: peut être qualifiée de «période d'espoir» et est caractérisée par un foisonnement d'associations. La deuxième, de 1993 à 1999: est une «grande période de méfiance» entre les associations et les pouvoirs publics, qui ont souvent manoeuvré pour récupérer et instrumentaliser ces associations. La troisième, de 1999 à nos jours: est une «période d'étouffement» puisque, malgré la signature, par l'Algérie, de plusieurs accords internationaux, celle-ci reste, de loin, celle qui a vu la reconnaissance d'un nombre très réduit d'associations», résume le communiqué. Selon la même source, les périodes citées montrent, à l'évidence, la volonté des pouvoirs publics de museler le champ associatif. Tout en reconnaissant les limites de la loi 90/31, dont certains articles méritent d'être reconsidérés pour garantir plus de liberté à la société civile et renforcer ses bases, le mouvement associatif en Algérie a acquis un niveau d'expérience, de maturité et de professionnalisme qui lui confère le droit d'être associé à toute réforme qui le concerne en premier lieu.