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La femme courtisée par tous les partis
REPONDRA-T-ELLE AU CHANT DES SIRÈNES?
Publié dans L'Expression le 29 - 02 - 2012

«Finalement, les élus ne tiennent pas leurs promesses et ne servent nullement l'intérêt de leurs électeurs»
Le discours du chef de l'Etat et les SMS du ministère de l'Intérieur n'ont pas pu convaincre les femmes de voter.
Les prochaines élections législatives connaîtront un très haut taux d'abstention de la part des femmes. Ni le dernier discours du chef de l'Etat, ni les SMS du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, ni les multiples appels des différentes parties à la participation massive aux élections législatives prochaines n'ont pu convaincre cette fois-ci les femmes algériennes à voter. Ainsi, l'abstention, qui fait craindre le pire, est sans nul doute une évidence pour la majorité des Algériennes qui s'interrogent: «Qui va oser aller voter, sinon pour qui?» Lors de nos nombreux questionnaires, ciblant toutes les catégories confondues, sur leur participation au prochain rendez-vous électoral, nous avons vite réalisé que la majorité des femmes algériennes ne s'intéressent plus aux élections comme auparavant. Mais beaucoup plus, c'est le désespoir total imprévu et l'indifférence des femmes qui se remarquent. Pour Siham, 58 ans, cadre au sein d'une société étatique: «Je n'ai jamais voté, idem pour cette fois-ci! Tant qu'il n'y a pas de confiance, ce qui fait qu'on vit dans un monde plein de mensonges. Pour moi, la relation entre le gouvernement et son peuple est exactement celle qui existe dans un couple, sans confiance c'est impossible d'en attendre quelque chose.» De plus «je vois que la nouvelle génération est perdue, par excellence, comparé à la mienne qui a vécu beaucoup mieux malgré l'époque de la colonisation, maintenant il n'y a aucune crédibilité», a-t-elle regretté.
Khalti Fadhma, femme de ménage au visage marqué par la misère, déclare pour sa part: «Je ne voterai jamais. On ne m'a rien donné même pas mes droits légitimes. Au contraire, j'ai trop souffert, cela fait plus de 12 ans que j'ai déposé mon dossier social pour bénéficier au moins d'une baraque. Aucune réponse jusqu'à présent tandis que tout le monde en bénéficiait, y compris ceux qui n'ont pas le droit.
Une baraque
Finalement, c'est vrai que les élus ne tiennent pas leurs promesses et ne servent nullement l'intérêt de leurs électeurs.» Hayet, 37ans, enseignante de langue française au lycée, dit ceci: «J'ai l'habitude de voter, mais cette fois-ci non, puisque c'est officiel rien de nouveau à espérer. D'ailleurs, ce sont les mêmes marionnettes qui jouent la même pièce théâtrale. Alors, c'est pas la peine de me déranger.» Pour sa part, Lynda, jeune dame qui travaille dans une agence commerciale, avoue: «Non, je ne voterai pas parce qu'ils nous ont rien fait, rien de concret. Au lieu de construire des usines et des infrastructures afin de relancer notre économie en faisant travailler cette jeunesse perdue, ils construisent des prisons.»
Elle ajoute que «celle ou celui qui votera machi mra wala rajel (n'est pas digne d'être femme ou homme)». «Aucun avenir, aucun espoir.
Si on me donnait ma part, je quitterais ce bled. Je me sens abandonnée, j'ai aucun droit dans ce pays», nous a confié une jeune fille, cadre dans une entreprise étrangère. «Non, je ne vote pas, j'en ai marre, aucun changement n'est attendu. Personnellement, je n'ai aucun intérêt. C'est bien le contraire, c'est un dérangement tant que ces candidats me dérangent énormément en me privant de suivre mes feuiletons préférés pour nous chanter leur chanson qu'on a apprise par coeur cela fait longtemps! Et le plus grave, c'est que l'administration, aujourd'hui, suit le système de chantage en nous demandant la carte de vote avec cachet prouvant qu'on a voté pour accéder à nos droits légitimes», nous a révélé Kahina, informaticienne dans un établissement public. La même réaction pour Drifa, comptable dans une société étrangère.
Khalti Yamina
«C'est vraiment une perte de temps, je n'ai même pas une seule carte de vote.» «Non, c'est évident, on vit dans une misère noire, jour après jour. Les élus n'ont jamais tenu les engagements qu'ils ont pris devant nous. Heureusement qu'il y a Rebbi, ça y est, ces gens ne se contentent jamais par ce qu'ils ont volé durant toutes ces années. Ils ne voient que leurs intérêts sans aucune considération pour le pauvre peuple», nous a déclaré une autre femme. Toutefois, cela ne veut pas dire que toutes les femmes ne veulent pas voter. Comme le cas de khalti Yamina, vieille femme rencontrée au marché Tnache de Belcourt, qui nous a dit qu'elle vote pratiquement à chaque reprise.
D'ailleurs, c'est ce qu'elle va faire cette fois, pour qu'elle puisse avoir ses droits. Cependant, pour qui voter: «Honnêtement je ne sais pas encore! Et s'il le faut, je mets l'enveloppe vide, l'essentiel que j'existe.» Une autre femme nous a confié qu'elle veut voter mais elle ne possède pas une carte de vote. Ce qui n'est pas la même histoire du tout. pour Mme Meriem: «J'ai pas voté avant mais cette année j'ai régularisé ma situation, donc je veux voter. Cependant, je n'ai pas encore décidé pour qui voter! Je ne connais même pas les candidats tellement ils sont nombreux!»
Par contre, Nacima, licenciée en sciences politiques, avoue: «J'ai voté une seule fois dans toute ma vie. Sincèrement, je la regrette. Je ne vais pas refaire la même chose tant que les élus ne tiennent pas à leurs engagements. Je saisis l'occasion pour dire à toutes les femmes de ne plus voter. On donne notre voix pour qu'ils puissent accéder aux hauts niveaux puis ils nous ignorent carrément sauf dans les rendez-vous de vote», a-t-elle affirmé. D'autre part, nous avons enregistré la crainte de la montée des islamistes, en cas d'abstention, chez une partie des Algériennes. «Je suis une ancienne militante du FLN, mais pas celui de Belkhadem. Il faut voter pour faire l'équilibre sinon, le camp démocrate est en danger. Il risque de se réduire comme un mouchoir de poche. Mais il faut savoir pour qui voter? Peut-être pour des candidats indépendants, cela peut avoir un intérêt.
De ma part, j'invite les Algériennes à se présenter massivement aux urnes le 10 mai prochain. Il vaut mieux voter que s'abstenir, pour la démocratie afin de barrer la route aux islamistes. Ces derniers, qui s'entendent entre eux, voire ils s'allient, ne pourront pas imposer leurs convictions», nous a bien expliqué une dame qui se dit consciente de ce qui se déroule autour d'elle. Tandis que pour quelques femmes qui sont plutôt conservatrices, «l'Islam est une religion pour tout le monde. Pourquoi alors parle-t-on des partis islamistes? C'est pour tromper les gens. On veut voter pour l'Islam, mais pour le moment on ne trouve pas vraiment des candidats dignes d'avoir nos voix».
D'autres citoyennes ont refusé de s'exprimer. Elles considèrent le vote comme de la politique qui reste, pour elles, un tabou. Et les étudiantes? elles n'ont aucune conscience ou culture politique. Et le pire, elles ne savent même pas ce qui se déroule autour d'elles. Le comble c'est que la majorité des étudiantes ignore même la date du vote et sa nature, présidentielle ou législative!
Nous avons essayé de connaître les raisons derrière cette situation, les réponses ont été presque les mêmes: «Laissez-nous en paix, nous sommes bien comme ça, nous dormons bien, nous mangeons bien et nous suivons bien nos études. C'est les raisons pour lesquelles nous sommes là à la fac et non pas pour faire de la politique.» Bizarre! ça se passe en Algérie qui compte plus d'un million d'étudiants dont plus de la moitié des étudiantes, selon les dernières statistiques. Cette tranche essentielle de jeunes, sur qui repose l'avenir de l'Algérie, est-elle consciente?
La jeunesse d'aujourd'hui est-elle complètement perdue, comme le pensent beaucoup de gens? Et la communauté algérienne à l'étranger? Les points de vue des femmes algériennes qui y sont établies ne différent pas de celles résidant en Algérie. C'est le cas de Chahira, ingénieur en télécommunications installée au Canada depuis huit ans: «Je ne voterai jamais. Pourquoi voter? Aucun espoir,sinon pourquoi quitter l'Algérie?» Idem pour Rachida, résidente permanente aux Etats-Unis depuis onze ans: «Ma conscience ne me permet pas de participer à la destruction de mon cher pays. Pour moi, ce vote est une vraie perte de temps.»
C'est pareil pour Saliha, enseignante de langue anglaise à Dubaï. Il n'y pas d'avis unique tant que chaque femme a ses propres conditions, selon sa position et ses attentes politiques, sa position sociale et ses propres convictions.
Le réseau Wassila/ AVIFE, qui veille à lutter contre toutes violences faites aux femmes en Algérie, affirme cette position selon laquelle «les femmes ne sont par considérées comme des citoyennes».


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