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À la juste gloire de son père...
FÈS, MA MEMOIRE DE LATIFA EL HASSAR-ZEGHARI
Publié dans L'Expression le 18 - 07 - 2012

la morale humaine est supérieure à la loi; elle consiste à vivre avec sa propre conscience.
Le roman Fès, ma mémoire (*) de Latifa El Hassar-Zeghari est un chant de la conscience reconnaissante, une sorte de «petite chanson de piété filiale», une totale application d'une éducation familiale reçue tout spécialement du père. Ici, la femme auteure reprenant à son compte les grands devoirs réciproques entre parents et enfants, évoque, tout en tendresse, «l'expérience» et «la sagesse» que lui a inculquées son père. Jusqu'à la dernière phrase de son livre, elle lui rend un immense hommage qu'elle termine ainsi: «À mon père, à l'autodidacte, à l'homme de culture, j'offrais une revanche. Que pouvais-je faire de plus pour le remercier?» Quelques lignes plus haut, elle se remémorait les paroles de ce personnage si naturellement doux et responsable qui avait veillé sur ses premiers pas dans la vie. On peut lire alors: «Je n'oublierai jamais ce qu'il m'avait un jour écrit bien qu'il se taxât d'être un paternaliste raisonneur, selon sa propre expression: «- Tu sais que je n'essaie pas de tirer une gloire quelconque de ta réussite. Mais pourquoi au fond, malgré toute modestie, ne pas avoir la satisfaction d'ouvrir le chemin, donner l'exemple, après avoir tant plaidé la cause de l'enseignement féminin dans ce pays. Ta propre réussite est celle de ma vie.» Le ton est donné: un bel effet de gratitude de la fille en faveur de son père qui a eu l'ambition de lui assurer une vie meilleure et plus haute que la sienne.
Cependant, avant d'aller plus loin, je dois reproduire, à l'intention du lecteur, quelques éléments biographiques concernant Mme Latifa El Hassar-Zeghari. Née à Fès, elle y a passé sa jeunesse. Après des études universitaires en France (titulaire d'un D.E.S. de Lettres classiques et d'un doctorat de littérature française), elle a enseigné à la Faculté des Lettres de Rabat (latin) puis, durant une vingtaine d'années, à la Faculté des Lettres d'Alger (français, latin et grec). De nationalité marocaine, elle a exercé un temps une fonction diplomatique à Alger. Passionnée de ce qui se rapporte au patrimoine, notamment maghrébin, elle a publié, entre autres études sur «les barbaresques», Les Captifs d'Alger (récit) à Casbah-Editions, Alger, 2004. Oui, le ton est donné par un premier chapitre frémissant d'émotions et de confidences, et doucement énigmatique: Le poudrier magique. C'est le début d'une histoire dont l'auteur Latifa El Hassar-Zeghari entend faire un roman. Un roman presque au sens étymologique; c'est-à-dire un récit à la façon des Romains par opposition aux Francs. Quelle époque! Mais il s'agit là d'une oeuvre narrative d'aujourd'hui, mêlant souvenirs, imagination, histoire, réalités complexes de la société marocaine, analyse de sentiments,... Ajoutons «autobiographie» mais «autobiographie mesurée». L'héroïne du roman se présente: «Je m'appelle Malika. Je suis née à Fès. J'y ai vécu toute mon enfance, et une grande partie de ma jeunesse. Sans être une Fassia chauvine, j'estime que ma ville natale demeure le joyau de ma mémoire.» Nous la suivons dans ses premiers souvenirs: en 1940, elle avait six ans, date du jour du décès de sa mère. Pendant ce temps, la gentille tante, Amti, savait proposer de subtiles devinettes et raconter de magnifiques histoires aux enfants, sa nièce et son neveu, à Malika et à Youcef (parfois transcrit Youssef). Mais Fès est charmante et charmeuse, Malika décrit sa beauté avec un émerveillement qui séduit le lecteur et qui avait séduit tant de touristes. Et avec quelle mémoire, la cité devient vivante! Et avec quelle poésie de juste circonstance, l'homme ami du père l'a-t-il chantée! Malika y rajoute, bien que rien ne manque à cette cité totalement fantastique: la vie sociale (caractérisée par «une éducation où primait la civilité»), les us et coutumes, la place de la femme musulmane, le mariage précoce des filles, les inégalités entre «autochtones» (les Marocains) et les Européens associés aux services du protectorat français (entre 1912 et 1956), l'évolution politique des esprits vers le nationalisme jusqu'à la conclusion de l'indépendance du Maroc.... jusqu'à la fin de son parcours. Malika a pu ainsi écrire dans un élan de joie et d'abandon: «Je me considérais désormais comme une parisienne...» C'est un point de vue qui tire l'oeil... L'heureuse évolution de Malika s'explique assez par les propos non oubliés du père: «Dieu a donné à la femme la faculté de procréer, d'être la source de la vie. tout homme doit tenir compte de ce don, aider la femme à le cultiver. Seule l'instruction en consolidera les assises.» Le personnage principal, qui est aussi le narrateur, est omniprésent, c'est Malika Abbad, au regard critique sévère mais éducatif et généreux. Le prénom lui a été donné par son père Sî M'hamed - qui lui apprendra tant de choses avec subtilités - en l'honneur de la célèbre féministe et indépendantiste marocaine Malika Belmehdi El Fassi qui avait été la seule femme signataire de l'historique Manifeste du 11 janvier 1944 ou le Manifeste de l'indépendance du Maroc (Le 11 janvier est officiellement jour férié au Maroc). Malika se raconte tout en racontant son père Sî M'hamed qui est bien situé dans la société fassie. Elle aura appris beaucoup de lui et grâce à lui, rien ne lui échappe de ce qui structure la société: histoire, culture, civilisation,... En chaque chapitre, sont révélés les caractères et les sentiments qui font agir Malika Abbad dans un milieu où la femme et la patrie sont perçues comme une seule et même entité nationale. Les chapitres sont liés, à la fois par l'unité de pensée de l'auteur et par le style d'écriture, sans recherche mais profondément intégré à la sincérité de la romancière. Le ton est uniforme et d'une souplesse agréable qui engage à la lecture de l'ouvrage. De nombreux détails de vie ordinaire émergent de page en page pour rendre constante l'attention du lecteur et, par ainsi, soutenir le plaisir de lire une oeuvre sans grande ambition littéraire sinon celle d'expliquer des vies qui méritent d'être connues, et parmi elles, et l'une des plus belles, celle de l'héroïne (au sens plein du terme) Malika Abbad, chantre émérite servant son père et dévouée à lui pour son rôle, au reste tout naturel, de père moderne et intelligent tel qu'il a été...
Fès, ma mémoire de Latifa El Hassar-Zeghari explique parfaitement que l'amour filial est une reconnaissance. Et c'est tout en son honneur; par le temps qui court, c'est là une véritable découverte qu'il faut applaudir, d'autant que la femme est bel et bien ici source de progrès et d'amour.
(*) Fès, ma mémoire de Latifa El Hassar-Zeghari, Editions JUBA, Alger, 2012, 250 pages.


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