«Les animaux sont moins intolérants que nous: un cochon affamé mangera du musulman.» Pierre Desproges En regardant le feuilleton Omar, on se rend compte qu'on ne verra plus le film Errissala de Mustapha Akkad de la même manière ou de la même façon. La polémique qui avait été lancée sur la personnalisation du calife Omar est battue en brèche quand dans le deuxième épisode du feuilleton, le réalisateur syrien Hatem Ali a décidé de montrer les trois autres compagnons du Prophète (Qsssl) dans un seul plan. En effet, dans le deuxième épisode du feuilleton Omar, les téléspectateurs algériens, qui suivent cette production sur la chaîne A3, la troisième télévision arabe à diffuser le feuilleton après MBC et Qatar TV, ont découvert avec stupéfaction les silhouettes «normales» d'Abou Bakr, de Athmane Banou Affan et bien sûr de Ali, qui avait à peine 12 ans. Ces compagnons du Prophète (Qsssl) qui avaient été masqués par le réalisateur Mustapha Akkad dans le film Errissala en 1979, apparaissent normalement sur le petit écran plus de 32 ans après. Le mythe de l'image interdite dans l'Islam vient de tomber. Qu'est-ce qui a pu changer dans la pensée des oulémas musulmans pour changer de vision et présenter les compagnons du Prophète (Qsssl) dans la peau de simples comédiens? Pour valider cette thèse audiovisuelle, les productions ont eu l'aval de six grands muftis de la pensée musulmane contemporaine, parmi eux le cheikh Qaradhaoui, qui est nourri et logé par le Qatar, l'un des pays producteurs du feuilleton. Qu'aurait pensé l'auteur du film Errissala, Mustapha Akkad, de ce feuilleton? Lui que les penseurs musulmans des années 1970 ont conseillé de montrer l'épée de l'Imam Ali à la place de son visage. Les cheikhs des années 2000 sont-ils plus branchés, plus ouverts que les penseurs des années 1970? Comment se fait-il que l'Arabie Saoudite, qui avait refusé de produire le film Errissala dans les années 1970 a investi aujourd'hui à travers le groupe MBC dans cette superproduction audiovisuelle arabe? L'Arabie Saoudite, qui avait interdit qu'on construise une seconde Kaâba a mobilisé 299 décorateurs artistiques issus de 10 pays différents pour concevoir la Kaâba, recouverte de 12.000 mètres carrés de tissu pour les besoins du feuilleton Omar. Les penseurs ne sont pas tombés d'accord sur le principe de la personnalisation des compagnons du prophète. Aucun verset et aucun hadith ne l'interdit ouvertement ou presque... alors, en attendant de tomber d'accord, on compte les records de cette oeuvre historico-religieuse. Cette superproduction arabe a été tournée dans 10 pays différents et dans cinq continents, nécessitant la fabrication de 1 970 épées, 650 lances, 4000 flèches, 400 arcs, 14.200 mètres de tissu. Une production qui a nécessité l'utilisation de 1500 chevaux, 3800 chameaux, l'implication de 39 costumiers et couturiers, la fabrication de 1600 poteries et 10.000 objets en métal. Enfin une production qui a duré 322 jours de tournage et de montage, mobilisant 322 acteurs et actrices, 30.000 figurants pour les scènes de batailles, la construction de 29 maisons et l'utilisation de 89 lieux pour les tournages extérieurs. Qui dit mieux? Pas les oulémas en tout cas! [email protected]