Au Mansourah, Faubourg, Daksi et Sidi Mabrouk ce sont des coupures allant de 6 à 12 heures par jour. Le pire a été évité de justesse, les manifestations de colère engendrées par les récurrentes coupures d'électricité ont repris hier matin au niveau de plusieurs quartiers de Constantine. Les citoyens ont bloqué toutes les routes et les avenues qui mènent à la ville. Les places publiques ont été investies et les contestataires menacent de prendre d'assaut la direction de la Sonelgaz qui, selon eux, vient de laisser apparaître au grand jour ses multiples défaillances. Avec une chaleur qui a atteint des pics inégalés, les ménages ont dû tous se débarrasser du contenu de leurs frigos, alors que des commerçants et des opérateurs activant dans l'agro-alimentaire, dont certains ont perdu des centaines de millions de dinars de marchandises, se trouvent complètement neutralisés par cette situation inexplicable pour un pays producteur d'énergie. Au niveau des cités du 20 Août, Filali, Fadhila Saâdane, Boubekeur, Boudjenana, 5-Juillet et Boussouf, le délestage est imposé depuis trois jours. Au Mansourah, Faubourg, Daksi et Sidi Mabrouk ce sont des coupures allant de 6 à 12 heures par jour. C'est-à-dire aux alentours de 80% de la population qui sont privés d'électricité en l'absence d'une information crédible devant à la limite rassurer le citoyen. Pire encore, quand ce dernier demande à s'informer, il n'est pas pris en considération. En un mot, le citoyen se sent de plus en plus méprisé par une administration qui, a priori, n'a pas conscience du fait qu'elle pourrait provoquer l'irréparable. Les manifestants qui font preuve d'un grand sens de responsabilité en refusant de verser dans le vandalisme continuent d'exercer une pression sur la Sonelgaz qui, selon eux, est la seule responsable du cauchemar vécu par près de 500.000 personnes dans des conditions caniculaires et en plein Ramadhan. Cette situation était pourtant prévisible depuis six ans, mais cette société n'a pris aucune mesure pour y faire face. Il s'agit d'une panne au niveau du poste central d'alimentation causé par une surtension. Néanmoins, cette «tragédie» au sens propre du terme aurait pu être évitée si la direction avait pensé à prendre des mesures de prévention. Les familles passent la nuit à la belle étoile car il est impossible de demeurer à l'intérieur d'appartements devenus des fournaises. Un contexte tout à fait favorable aux bandes de malfaiteurs qui n'ont pas manqué, sous la menace d'armes blanches, de soutirer argent et portables aux pauvres victimes. C'est un Ramadhan complètement «abimé» où des tonnes de nourriture ont fini à la poubelle. Jamais et même durant ses pires moments, l'Algérie n'a vécu une telle situation. Les responsables de la Sonelgaz devaient partir, selon les citoyens, pour sauver le peu de dignité qui leur reste et surtout de ne pas trop insister sur le fallacieux prétexte de la surconsommation. «Constantine n'est pas un village; c'est une grande ville dont la population frise le million d'habitants. Normalement, la Sonelgaz aurait fait montre d'anticipation», déclare un citoyen privé de courant depuis 72 heures qui ajoute: «J'ai un enfant qui souffre de troubles respiratoires. Il a fait trois crises. S'il lui arrive quelque chose, la Sonelgaz sera tenue pour responsable et je sais que je ne suis pas le seul cas plusieurs familles ont des membres de leur entourage malades et leur cas s'est aggravé à cause des fréquents délestages». Une mère de famille souligne: «Ils veulent nous voir faire de notre pays une deuxième Libye peut-être, mais ça ne sera pas le cas on trouvera d'autres moyens pour protester et on va cibler la source du problème». Par ailleurs, interpellés par la radio locale, le directeur par intérim de la société de distribution de l'électricité et du gaz de l'Est (SDE) et le directeur de l'énergie et des mines avaient tous deux affirmé que les travaux menés par les équipes techniques sur le terrain prendront fin mardi et le courant sera rétabli à 100% mardi, cependant mercredi est arrivé sans que rien ne change. Encore. Il faut encore prévoir de réparer les pannes individuelles qui exigent le remplacement des pièces défectueuses comme les fusibles, les disjoncteurs et les transformateurs. D'ailleurs, la Sonelgaz lance un appel aux citoyens et commerçants pour s'approcher de ses services qui prendront en charge ces réparations, mais avant, attendons d'abord de voir la Sonelgaz respecter ses engagements, elle qui pénalise avec la vitesse de l'électricité tout client accusant un retard dans le règlement de sa facture.
