La semaine démarre mal à Béjaïa. c'est le moins qu'on puisse dire. Aux communaux et corps communs qui bloquent les mairies et les établissements scolaires, en débrayant pour la énième fois afin d'exiger la satisfaction de leurs revendications, se sont ajoutés les sempiternelles coupures de routes et blocage de siège communaux. Hier, la colère était au rendez-vous dans au moins deux points névralgiques. A Melbou, la liste des bénéficiaires a été rejetée. Les habitants de cette station balnéaire sur la côte-est de la wilaya de Béjaïa, sont sortis dans la rue procédant dès le petit matin à la fermeture de la RN 9. Le groupe de citoyens, vraisemblablement concerné par les logements Cnep, protestaient contre la liste des bénéficiaires. «Ces logements ont été attribués en majorité à des personnes étrangères à la région», nous indiquait hier une source locale. Ces logements, situés devant la brigade de gendarmerie de Melbou, à proximité de Souk El Tenine, ont été attribués dans «l'opacité totale» à «des personnes qui ne sont pas de la région», dénonçaient les manifestants. Le blocage de la RN 9 s'est traduit par des conséquences dont celles ayant touché les milliers de travailleurs résidant dans les localités situées à l'est de Béjaïa. Ces derniers n'ont pas pu rejoindre leur lieu de travail. Il en est de même pour tous les usagers venant vers Béjaïa. «La route est coupée à la sortie de Souk El Tenine, en allant vers Sétif», expliquait un automobiliste qui a rebroussé chemin alors qu'il était en route pour rejoindre son poste de travail à Sétif. «Les autorités locales de cette wilaya font preuve de laxisme dans la lutte contre le phénomène des routes coupées par les citoyens», dénonçaient à leur tour, hier, les usagers de cet important axe routier. En un mot, on ne comprend plus ce recours qui ne semble pas inquiéter les autorités de par sa recrudescence. Au chef-lieu de la wilaya, le siège commun subit un blocus pour la deuxième fois en une semaine. Il est encore une fois l'oeuvre des habitants d'Ihaddaden qui réclament la réhabilitation de la route menant vers leur quartier. La session de l'assemblée communale de Béjaïa ne s'est conséquemment pas tenue, et ce pour la deuxième fois. Visiblement, les séquelles des dernières pluies d'automne sont toujours là pour rappeler aux élus locaux leur défaillance, source de colère. Ainsi, après une accalmie qui n'aura duré que le temps d'une saison estivale, la fronde réinvestit la rue avec tout ce qu'elle charrie comme conséquences qui touchent de plein fouet celles et ceux qui n'ont rien à voir ni de près ni de loin avec ces conflits à répétition. Ainsi va la vie à Béjaïa, une ville où la parole n'est pas d'argent et le silence n'est pas d'or.