«Ça ne sert à rien de créer des centaines d'entreprises, qui seront handicapées par le manque d'encadrement et compétences qui suivent leurs gestions». Toute politique publique en termes de développement de l'économie du pays est tributaire de la nature des Etats qui se prononce pour tel ou tel choix politique. S'exprimant hier, lors du 3e Colloque international sur le thème «les politiques dans un contexte de crise économique: champ, finalité, mesure et soutenabilité», qui se tient les 9 et 10 octobre à l'hôtel Mazafran à Zeralda, les experts en la matière ont abordé différents aspects liés à la situation et l'évolution de l'industrie algérienne depuis les années 1980. Ahmed Zakane, directeur de l'Ecole nationale supérieure de statistiques et d'économie Appliqué (Enssea), a souligné en marge de cette rencontre que l'Etat algérien s'est désintéressé de manière graduelle de la politique industrielle dans le pays, selon M.Zakane. «Dans les années 1980, le taux de participation de l'industrie étatique était de 18% du PIB national», tout en ajoutant que «ces dernières années, le taux est estimé à moins de 5% du taux global de la participation des entreprises publiques en matière de développement industriel», selon M.Zakane. Prenant le taureau par les cornes, le directeur général de l'Enssea, organisateur du colloque avec la collaboration de l'Université d'Alger III, Leqad et le Laboratoire des statistiques appliqué (Lasap), a expliqué que l'objectif de cette rencontre est justement de débattre avec les spécialistes des différents domaines scientifiques, afin de dégager des recommandations qui vont dans le sens de la relance de l'industrie nationale, avant de les soumettre aux pouvoirs publics concernés, afin de décider sur la politique et le programme économiques à mettre en oeuvre en vue de réduire le chômage et la pauvreté. Se basant sur la réalité et les données scientifiques, les spécialistes des différents secteurs d'activités ont souligné que ça ne sert à rien de créer des centaines d'entreprises dans le cadre du microcrédit, et de se retrouver par la suite, dans un autre problème de déficit d'encadrement, de ressources humaines qualifiées et autres obstacles bureaucratiques. A ce sujet, le professeur Crépon Bruno, de l'établissement (Enssea-Crest) de Paris, dira que le dispositif du microcrédit, est un apport utile et positif, mais n'est pas forcément un remède miraculeux pour la lutte contre le chômage et la pauvreté qui guettent le pays, d'où la crise mondiale qui se répercute négativement, d'une manière ou d'une autre, sur d'autres pays et continents. Par ailleurs, le développement de la culture du décloisonnement du savoir-faire, entre les différents spécialistes et le partage du savoir et les expériences dans tous les domaines, peuvent amorcer une nouvelle dynamique de compétences, capable de répondre aux besoins du redéploiement de l'industrie algérienne, notamment dans les secteurs agroalimentaires, a-t-on suggéré. «L'entrechocage de matières grises, sociologues, économistes, politologues, médecins et autres qui se rencontrent dans un cadre de partage du savoir-faire, peut contribuer grandement à la résolution de bon nombre de problèmes socio-économiques, à l'image des Etats-Unis qui ont déjà cette culture et dynamiques depuis bien longtemps», a proposé le Dr Zerhouni Aboubekeur El Amine, épidémiologiste et sous-directeur des activités médicales au CHU d'Oran.