Hamza Tedjini vient d'être ravi à l'affection des siens. Grand journaliste, respecté de ses confrères, connu pour sa probité intellectuelle, Hamza avait surtout brillé par sa compétence et l'attention qu'il n'avait jamais cessé de porter aux principes sacro-saints de l'éthique et de la déontologie. Cet homme, je l'ai connu dans les années soixante-dix à l'époque où le nombre de journaux, tous publics, se comptait sur le bout des doigts. Il avait fait «REVAF», ce grand hebdo, aujourd'hui disparu des kiosques, qui avait compté en son sein les meilleures plumes de cette période de la presse algérienne. Plus proche de moi quand il avait secondé un autre grand journaliste, aujourd'hui disparu, Kamel Belkacem, directeur d'Algérie Actualités, il nous arrivait souvent de nous retrouver dans l'ambiance enfumée du bureau de ce dernier avec Abdelkrim Djaâd. Hamza savait mettre la main à la pâte: sa culture générale et son aptitude à décortiquer parfois les sujets les plus épineux en «culturelle», nationale ou en internationale faisait partie du secret du mode de fabrication de ce prestigieux hebdomadaire qui n'hésitait souvent pas à franchir les limites de la transgression. Il avait dirigé avec beaucoup de brio la fameuse Maison de la Radio, au 21 boulevard des Martyrs, avant de la quitter quelques années plus tard pour gérer l'Office de Riadh El Feth. Ce grand Monsieur du journalisme a su marquer souvent, et de manière magistrale, son passage à la tête des organes qu'il a dirigés. Son éducation et ses origines sociales signaient l'intégrité morale de cet homme. Issu de la grande tribu des Tidjania de Aïn Madhi à Laghouat, il ne badinait pas avec les us et coutumes du terroir. Bref, avec lui, on n'avait pas affaire avec ces «gueux» de la presse nationale qui courent les rues. Lecteur assidu de L'Expression, il m'avait appelé lundi dernier pour relever dans l'un de nos articles ce que l'on peut appeler élégamment une «maladresse» de journaliste mal fagoté. - Ahmed, c'est mal dit. Ce passage prête à équivoque. - C'est la grande forme, Hamza. Tu ne laisses rien passer! - Hélas, non. Je dois passer demain à la clinique El Azhar un examen en cardiologie. - Profites-en pour rendre visite à... (un ancien collègue hospitalisé dans cet établissement). - J'ai beaucoup d'estime pour cet homme. Je n'y manquerai pas. Ce furent les dernières paroles de Hamza Tedjini...