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"La violence m'habite..."
DJAMILA SAHRAOUI, AUTEURE DU FILM YEMA À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 26 - 02 - 2013

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Lançant la compétition officielle au Fespaco, la cinéaste algérienne Djamila Sahraoui est assaillie de journalistes à la fin de la projection de son film long métrage Yema, dimanche dernier à la salle de cinéma Burkina. Un film très encensé par Michel Ouédraogo, délégué général du festival, qui réitéra sa position et son désir de perpétuer la volonté des pères fondateurs du festival, à savoir d'en faire une vitrine du cinéma africain. C'est en saluant le travail de Djamila Sahraoui qu'il réaffirmera le souhait du festival de cette année, à savoir «donner le pouvoir aux femmes dans les jurys». En effet, dans la catégorie long métrage, on notra cette année la Marocaine Leila Kilani, Caroline Kamya de Ouganda et Euzhan Palcy de la Martinique comme présidente. Yema, en quelques mots, est l'histoire de Ouardia vivant dans une petite maison abandonnée, isolée dans la campagne algérienne.
Ouardia y a enterré son fils Tarik, militaire, peut-être tué par son propre frère Ali, dirigeant d'un maquis islamiste. Elle est surveillée par un des hommes d'Ali, amputé d'un bras suite à une explosion.
Dans cet univers crispé par la douleur et figé par la sécheresse, la vie va peu à peu reprendre ses droits. Grâce au jardin que Ouardia fera refleurir à force de courage, de travail et d'obstination. Grâce au gardien, victime lui aussi, finalement adopté par Ouardia. Grâce surtout à l'arrivée entre eux de l'enfant de Malia, une femme aimée des deux frères, morte en accouchant. Mais Ouardia n'est pas au bout de ses épreuves. Ali, le fils maudit, revient, grièvement blessé...Un synopsis qui raconte une histoire aride, d'un film qui vous plonge dans une atmosphère chargée, sombre et menaçante. Une histoire tragique, sourde et cruelle..
L'Expression: Une tragédie grecque à l'algérienne?
Djamila Sahraoui: Deux frères sont ennemis, ils s'entre-tuent. ça se passe dans un décor de tragédie grecque effectivement. L'Algérie c'est un pays méditerranéen. Comme dans toutes les tragédies ça se passe mal. La mère croit que c'est son fils qui a tué. Et l'autre meurt à la fin, c'est ce qu'elle croit. Il y a beaucoup de malentendus. On tire l'histoire de manière presque muette pour l'amener inexorablement à la fin vers la mort comme dans les tragédies antiques. Etéocle et Polynice sont deux frères qui s'entre-tuent. Ils voulaient le pouvoir à Thèbes. Leur soeur Antigone enterre son frère et je pense que j'ai fait allusion à elle inconsciemment en mettant en scène la mère qui enterre son fils, alors que c'est interdit. Elle n'en a cure des pouvoirs de l'Etat et des institutions. Elle fait ce qu'elle pense humain et enterre son fils. Elle est persuadé que Dieu est d'accord avec elle.
Le film est minimaliste dans son atmosphère..
Ce n'est pas téléfilm, comme si le destin était là et qu'on ne peut rien faire. Peut-être qu'elle a aimé l'un plus que l'autre. Qu'elle les a mal élevés. En tout cas, j'ai préféré épurer, à la fois le scénario, l'image, le son, le montage pour avoir l'essentiel et même dans les éléments constituants du film j'ai évité les choses prosaïques. J'ai préféré garder les éléments primordiaux comme l'eau, le feu, la terre, l'air, des choses comme ça.
La mère en fait, est victime de sa souffrance mais à la fois bourreau...
Elle n'est pas victime. Tous les personnages sont malheureux, mais sont tous coupables. C'est une famille maudite. C'est vraiment une malédiction qui s'est abattue sur cette famille. Je peux vous dire que je me suis basée sur l'histoire de l'Algérie pour raconter ça et je peux vous dire que cette femme, si aride, si dure, dans ma tête, me renvoyait à l'image de l'Algérie, très dure avec ses enfants. Mais quand ils finissent par s'entre-tuer, c'est la faute à qui?
Cela fait quoi d'être projetée en ouverture du Fespaco?
C'est un grand honneur. Je suis très contente. Sans doute parce que cette année les femmes sont à l'honneur en étant jury. Le fait que c'est un film fait par une femme... je savoure ça! Je suis très heureuse.
Vous vous attaquez après Baraket à un sujet tout aussi fort. Pourquoi ces sujets sociopolitiques?
Je pense que c'est toujours la même chose. Il y a ce quelque chose en moi qui reviendra toujours sous une forme ou une autre, c'est la violence sous toutes ses formes. L'enfermement des femmes aussi, la mutilation de la jeunesse. Vous avez vu, l'un était blessé de la jambe et l'autre du bras, éclopé. Le fait que la jeunesse soit sacrifiée en Algérie, qu'elle ne soit pas heureuse, qu'elle soit mutilée dans tous les sens du terme. Toutes ces thématiques m'habitent.
Vous attendiez-vous à un tel succès avec votre film et était-ce facile d'endosser les deux casquettes de réalisatrice et de comédienne?
Pas du tout. On travaille et on se dit je vais y aller du mieux possible. C'est comme ça que je vois les choses et que je fais. Pour les deux fonctions que je me suis attribuées, c'était très difficile, car je n'ai pas trouvé de comédienne pour jouer ce rôle.
Il y a des gens qui font les deux, moi je ne savais même pas jouer. Je me suis dit, je vais le faire parce que je connais très bien le scénario et c'est moi qui ait créé cette femme, donc elle ne pouvait que me ressembler un peu. Je ne jouais pas vraiment. J'étais juste ce que je suis..
La thématique cette année du Fespaco est «cinéma africain et politique publique». Quel souhait voudriez-vous formuler concernant la politique publique du pays?
Mon souhait est celui de tout le monde. Que les institutions publiques donnent plus d'argent au cinéma, pour la production, la formation des jeunes, des techniciens et en matériel aussi. Mon souhait est qu'on développe davantage le cinéma. Car je pense que la culture est aussi importante que le pain. L'être humain a besoin de se représenter, sinon on crève.


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