Voilà déjà un mois que le criquet pèlerin continue ses tribulations à travers les territoires du sud du pays. Malgré les pertes considérables qu'il a subies dans cette lutte que lui livrent les services de l'Institut national de la protection des végétaux, il ne trouve devant lui aucun obstacle sérieux apte à mettre fin à ses fréquents déplacements et à sa prolifération. Notre pays étant membre des pays africains touchés par ce fléau (FAO), c'est au gouvernement que revenait le soin de mettre en vigueur les structures et les données techniques pour une lutte rationnelle contre ce fléau acridien. La procédure consiste à l'exterminer ou à défaut le contenir dans des poches arides du désert tout en empêchant la concentration et les grégarisations des populations dispersées dans ces zones sahariennes par une surveillance permanente et des traitements localisés appropriés. Malheureusement, à ce jour, les résultats de cette lutte entamée il y a une quinzaine de jours ne semblent guère satisfaisants. Tout débuta il y a de cela quatre semaines. Les agriculteurs de la commune de Tabelbala (450 km de Béchar) avaient signalé la présence de criquets pèlerins dans leurs vergers et palmeraies. Méconnaissant la dangerosité de cette espèce qui vit spécialement dans les zones sahariennes, les autorités de cette localité avaient alors minimisé la menace qui planait sur plusieurs régions environnantes en déclarant que ce ne sont que quelques essaims dispersés ramenés par le vent des frontières mauritaniennes. Afin de mettre les agriculteurs en confiance, elles rajoutent que les moyens adéquats pour exterminer ces insectes éparpillés existent en abondance au niveau de leur commune. Cette négligence permit entre-temps la concentration et la multiplication de ces essaims auparavant séparés. Une fois réunis, ils entreprennent une traversée de plusieurs centaines de kilomètres, passant par les oasis et les palmeraies des communes d'Abadla, d'Ighli et de Beni-Abbès pour atteindre, en l'espace de deux semaines, l'oasis de Taghit (90 km de Béchar). Dépêchés sur ces régions, les services de l'Institut national de la protection des végétaux procèdent à leur élimination à l'aide de produits chimiques véhiculés par des engins tout-terrain. Ce week-end, alors que le combat se mène intensivement au sud de la wilaya de Béchar, c'est au tour des régions limitrophes de la wilaya de Naâma et d'El-Bayadh d'être envahies par des milliers d'essaims. «Malgré le nombre important d'essaims qu'on vient d'abattre, des milliers d'autres ont réussi à prendre leur envol pour se diriger vers Oued-Namous (wilaya de Béchar) et les frontières algéro-marocaines», nous confia un membre de cette équipe qui mène la lutte acridienne. Aidés par les habitants, les agriculteurs défendent leurs plantations nouvellement créées par le biais du Fndra avec les moyens archaïques dont ils disposaient (feu, fumée...) juste pour contenir ces invasions.