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La fin de non-recevoir de la Turquie
LES ELECTIONS À CHYPRE
Publié dans L'Expression le 28 - 04 - 2004

Pourquoi les Européens sont-ils contre l'adhésion de la Turquie à l'Europe?
1. Introduction
«Aucun pays ne désire autant que la Turquie entrer dans l'Union européenne. Mais, si l'Europe veut la rejeter, elle trouvera sans peine les prétextes pour le faire», affirme Cengiz Candar, un influent éditorialiste turc, spécialiste des relations internationales. La candidature d'Ankara contraint politiques, historiens et économistes à prendre position. Quelles doivent être les limites géographiques extrêmes de l'Union? Quelles sont les valeurs qui la caractérisent et qu'elle entend défendre en priorité? Bref, l'Union européenne est-elle avant tout un club laïque? Chrétien? Démocratique? Libéral?
L'Europe n'est ni un marché, ni un espace, ni une idée. C'est une âme, au sens où Soljenitsyne dit : «Ce n'est pas l'origine seule qui détermine l'appartenance à une nation mais l'âme qu'on y met, le dévouement qu'on lui prodigue...» Et pour reprendre la question de Valéry Giscard d'Estaing : accepterions-nous d'être commandés par un président turc? Toute la réponse est là.
2. La question d'Orient.
Toute connaissance sérieuse du Proche - Orient ne peut ignorer l'histoire de la désintégration de l ‘Empire Ottoman et des rivalités pour en recueillir directement ou indirectement la succession.. La question d'Orient, c'est-à-dire le problème des nationalités dans la région des Balkans et des minorités religieuses, est de plus exacerbée par le fait que les régions du Proche-Orient arabe recèlent potentiellement du pétrole. G. Corm cite le cas du grand historien anglais A. Toynbee qui écrit en 1922 un ouvrage (The Western question in Greece and Turkey, A study in the contact of civilisation).D'une certaine façon, on peut considérer que la permanence du conflit israélo-arabe, les convoitises ouvertes sur la richesse pétrolière arabe sont encore dans une large mesure une question d'Occident .(G. Corm. Le Proche-Orient éclaté. Edition Bouchène . Alger. (1990)).
La déclaration de Balfour de 1917 a fait qu' après avoir été promise une première fois par Dieu au peuple d'Israël, la Palestine devient alors une «terre promise» une deuxième fois par les Anglais. L'Empire ottoman fut vaincu en 1918, il s'était aligné du côté de l'Allemagne Il a fallu le sursaut de Mustapha Kémal pour défendre l'intégrité de la Turquie. Mustapha Kémal voulait sortir son pays de son retard technologique et scientifique. Il engage un certain nombre de réformes : «les Tanzimat». Parmi celles-ci, l'abolition du Califat, ce qui a fait dire à Abdelhamid Benbadis que «la chute du Califat, ne signifiait pas la fin de l'Islam». C'est dire si l'abolition du Califat a été vécue d'une façon traumatisante par le monde arabe et le monde musulman. Il y eut même des tentatives d'installer le calife ailleurs.
3. Pourquoi les Européens sont-ils contre l'adhésion de la Turquie à l'Europe?
Le premier des refus nous vient du pape dont on connaît les positions prosélytes. Si on sait qu'il n'a ménagé aucun effort pour l'adhésion de la Pologne où la religion rythme la vie des Polonaises et des Polonais. on est en droit de se demander si le pape ne veut pas d'une Europe autre que chrétienne, quand on sait que le nomadisme religieux dans les pays européens fait perdre des ouailles à l'Eglise.
Le refus actuel de l'Europe d'intégrer la Turquie a aussi d'autres raisons : la démographie est en faveur de la Turquie qui dépassera l'Allemagne dans ce domaine.
On l'aura bien compris, l'adage qui veut que quand on veut tuer son chien, on l'accuse de rage, est d'une brûlante actualité. la Turquie, seul pays musulman, risque de «faire désordre» en s'intégrant à l'Europe. Le Premier Ministre turc dans une interview au journal El Pais du 25 novembre1997, parlait de «mur de Berlin culturel». «Certains disent tout haut et d'autres pensent sans le dire, que l'Europe est réservée aux pays chrétiens. S'ils veulent, avec l'élargissement, construire un nouveau mur culturel comme celui de Berlin, ils peuvent le faire. Mais ce ne sera pas une Europe démocratique et multiculturelle, et ils devront assumer les conséquences internationales qui en découleront....Personne ne peut douter que les Turcs soient des européens.»
«Nos opinions publiques ne sont pas prêtes actuellement à accepter l'idée d'une entrée de la Turquie», relève un haut fonctionnaire européen, en ajoutant que «donner un tel signal dès maintenant risquerait de mettre en danger».
En novembre 2002, l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, chargé de rédiger la future Constitution de l'Europe, n'a pas pris de gants pour annoncer que la Turquie ne doit pas être admise au sein de l'Europe, sinon ce serait la fin de l'Europe. Il propose à la place de l'admission, un partenariat privilégié. C'est en fait ce qui existe depuis 1964.
«Un changement d'institutions ne fait pas un changement de civilisation». C'est clair et net pour l'historien Alain Besançon «Tout le passé de la Turquie démontre qu'elle n'est pas européenne. Acteurs de l'histoire universelle depuis le Xe siècle, les Turcs, venus d'Asie centrale, guerriers valeureux, exercent d'abord leur pression sur l'Empire abbasside arabo-persan.»(Alain Besançon «Le monde turc est étranger à l'Europe» propos recueillis par Axel Gyldèn L'Express du 12 décembre 2002)
«Le monde turc est étranger à toutes les grandes expériences qui ont fondé l'Europe en tant que civilisation, à savoir l'héritage de l'Empire romain, la conversion au christianisme latin, les innovations du Moyen-Age, la Renaissance, la Réforme, la contre-Réforme, les Lumières, le romantisme. Or l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne signifierait l'arrivée de 70 millions de musulmans au sein d'un ensemble de 350 millions d'habitants. N'oublions pas non plus la démographie : il y a actuellement davantage d'enfants en Turquie qu'en Allemagne et en France réunies.» (Alain Besançon «Le monde turc est étranger à l'Europe» propos recueillis par Axel Gyldèn L'Express du 12 décembre 2002).
Pour Claude Allègre c'est un danger d'admettre la Turquie écoutons-le : «Il est indispensable et vital que les citoyens se prononcent sur l'Europe qu'ils veulent.» .(Claude Allègre: La Question turque. L'Express du 12 décembre 2002).
La Turquie ce n'est pas l'Europe! Et ce n'est pas le petit territoire situé à l'ouest du Bosphore qui y changera quelque chose! La Turquie n'a jamais fait partie de l'Europe. Or, dans la définition des entités politiques, la géographie, l'Histoire et la culture sont déterminantes. Il existe une culture européenne, il n'existe pas de culture européano-turque. Nous, Français, connaissons Francis Bacon, Shakespeare, Cervantès, Goethe, Mozart, Sibelius, Beethoven, Verdi, Copernic, Galilée, Kepler et bien d'autres. Nous ne connaissons véritablement aucune personnalité représentant la civilisation turque, sans aucun doute par ignorance, ce qui prouve que cet Etat appartient à une autre sphère culturelle. «Pourquoi ne pas intégrer la Russie?» Ecoutons-le: «... De manière plus fondée encore, qui pourrait s'opposer à l'entrée de la Russie dans l'Union ? Contrairement à la Turquie, la Russie, par sa géographie, son histoire, sa culture, est pleinement européenne.»
Quelques rares voies discordantes à l'instar de celle de Michel Rocard, ancien Premier ministre français. Ecoutons-le: «...On parle turc dans cinq des ex-Républiques soviétiques du Caucase. La Turquie a donc dans cette région une véritable influence, qui fait contrepoids à celle de Moscou.(Michel Rocard «Nous avons intérêt à ce que la Turquie soit pacifiée» propos recueillis par Dominique Lagarde. L'Express du 12/12/2002)
S'agissant de l'appartenance à l'Europe, il écrit: «...Byzance-Constantinople-Istanbul a joué sur deux millénaires un tel rôle dans notre histoire que l'«européïté» de la plus grande ville de Turquie s'impose de l'énoncé de son nom». On pourrait d'ailleurs ajouter dans le même propos que le Christianisme est né en Orient, que la clé du Saint-Sépulcre est gardée par une famille musulmane depuis plus de huit siècles...
En fait, ce que veut l'Europe ce n'est pas de tendre la main à un peuple qui est aussi européen que plusieurs Etats qui faisaient partie de l'empire Ottoman et de « la Sublime Porte » comme la Grèce la Bulgarie, Chypre, Malte. En fait, elle veut de la Turquie à doses homéopathiques et notamment et de plus en plus, ceux qu'elle peut intégrer: les diplômés dont elle manque. De ce fait, ces pays peuvent contrôler de petites communautés ainsi que leurs besoins en âmes. Ne parle-t-on pas de plus en plus d'Islam de France, d'Islam Allemand ou Américain? Ces Islams conçus pour entrer dans le moule des sociétés d'essence chrétienne, de ces pays ne doivent surtout pas avoir «d'apérités». Il ne faut pas, proclame le maire de Strasbourg, qu'il y ait de minaret visible à Strasbourg, cela dérange la capitale de l'Europe. Dans ce sens, il nous plaît de rapporter la position pondérée de Lucien Febvre professeur au Collège de France. Pour lui le problème de l'entrée de la Turquie dépasse l'Europe. Ecoutons-le : «Notre univers politique européen n'est pas un univers à deux dimensions. C'est un univers à trois dimensions. Il faut le penser en profondeur. Sa surface est bien en Europe. Mais il plonge par derrière de tous les côtés...Le problème de l'Europe, c'est le problème du monde.» (Lucien Febvre : Génèse d'une civilisation. Edtions Perrin (1999)).
«L'Europe est interpellée. Comment restaurer, écrit Richard Figuier, la notion d'Empire sans empereur et sans domination. Qu'avons-nous à gagner à l'Islam d'un grand Occident ? Voulons-nous à nouveau le fédérer contre les infidèles? L'Europe peut engager un dialogue avec l'islam sans blesser sa dignité en dépassant le mépris colonial d'avant. Elle peut accompagner l'islam sur le chemin du renouveau. Pourquoi? Parce que les racines sont communes.
L'affirmation du monde comme création est à l'aplomb de la démocratie et de la solidarité sociale protectrice.»(R. Figuier: La nouvelle «Question d'Orient». Le Monde 27 novembre (2002)).
4. Le vote sans surprise des Chypriotes grecs
«Nous voulons une solution, mais pas cette solution.» Un point de vue qui passe difficilement auprès de l'Union européenne - dans laquelle seule la partie sud de Chypre entrera donc le 1er mai 2004 -le plan soumis le 24 avril 2004 à un référendum conjoint aux parties grecque et turque pour une réunification de l'île a recueilli 75 % de non pour les Grecs et 65 % de oui pour les Turcs chypriotes.
La communauté internationale ne comprend pas les causes exactes de ce refus massif que le journal «Eleftherotypia» explique en affirmant que «les Chypriotes grecs ont voté contre Annan. Seule la position de la Russie était cohérente : Moscou avait, deux jours avant le référendum, opposé un veto au plan Annan. On comprend cela pour deux raisons, Chypre est orthodoxe et de plus, les nouveaux riches de l'île sont principalement des Russes qui se sont enrichis au moment de la libéralisation de l'économie russe.»
En décembre 1999 déjà, le Conseil européen énonçait qu' un accord politique (entre les dirigeants chypriotes ainsi qu'entre la Grèce et la Turquie) faciliterait l'adhésion de Chypre à l'Union européenne. Pour autant, l'acceptation de la candidature de Chypre (grecque) ne signifie-t-elle pas l'abandon du projet initial, à savoir l'intégration européenne, puisque l'île est située en Asie?
Que faut-il faire alors, doit-on accepter sans broncher que le non des Grecs exclut de fait, les Turcs de l'île? Pourtant la partie turque est toujours sous embargo. La Communauté européenne s'est pressée de déclarer hypocritement, qu'elle aiderait la partie turque .. avec des miettes, mais ne lui permettrait pas, naturellement d'adhérer à la Communauté européenne. A une émission de la 2 française le 26 avril 2004, animée par Arlette Chabot, Philippe de Villiers retient la définition de Paul Valéry concernant l'Europe: «Est européenne toute terre romaine, christianisée soumise à la culture grecque». Tout est dit, la Turquie pourrait répondre aux critères de Copenhague mais pas à ceux de Paul Valéry. En définitive, dans quelques temps nous verrons sur le même territoire la manne européenne se déverser d'un côté de la route propulsant ainsi les paysans grecs dans le 21e siècle en accélérant leur développement. De l'autre côté de la même route,-la fameuse ligne verte-, les Chypriotes turcs resteront avec une cinétique de développement datant du XIXe siècle. Voilà le prix à payer pour être turc et naturellement musulman. Dans ces conditions l'admission de la Turquie à l'Union européenne, demande qui date de trente ans, est renvoyée, on l'aura compris, aux calendes grecques. C'est le cas de le dire...


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