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Une "Mommy" en or?
67E FESTIVAL DE CANNES
Publié dans L'Expression le 24 - 05 - 2014

Xavier Dolan expose cette histoire, et dès le départ, dans un lyrisme baroque et foisonnant...
Une femme, jeune veuve, Dia (Anne Dorval) depuis deux ans, qui a un fils turbulent, Steve () qui a des troubles du comportement, et qui a été viré du pensionnat pour y avoir mis le feu. Elle vit de petits boulots et va donc devoir s'occuper de cet ado qu'elle adore, dans une relation fusionnelle, faite de violence et de rage partagées.
L'ado, Steve, est complètement amoureux de sa mère... Dans la maison d'en face, séparée d'une pelouse, une voisine, bègue, et qui porte en secret le traumatisme d'un drame dans sa vie (la perte d'une enfant) et qui va par le biais de Steve se rapprocher de Dia, la mère.
Une relation triangulaire va se construire, faite de violence certes, mais aussi d'amour et d'affection.
Xavier Dolan expose cette histoire, et dès le départ, dans un lyrisme baroque et foisonnant... Et tout est filmé formellement, dans le carcan de leur existence. L'image, en longueur est cadrée au centre de l'écran, (du 1.25) si bien qu'on a toujours l'impression de tout observer à travers une fenêtre, dont un seul battant est resté ouvert... En 2009, celui qui allait devenir l'enfant terrible du cinéma canadien, avait débarqué pour la première fois à Cannes, avec Comment j'ai tué ma mère flanqué de ce qui allait être son duo de prédilection: Anne Dorval et Suzanne Clément... La même triplette est cette année à Cannes pour montrer au monde ce film époustouflant qui vous prend aux tripes dès la scène d'ouverture pour ne plus vous lâcher, au-delà des 2h 15 de la projection qui a secoué le public présent à Cannes...
Steve vit son adolescence avec la «version» la plus terrible du Tdah, un trouble de l'attention avec hyperactivité. Ses crises sont dangereuses pour lui et aussi pour son entourage, pourtant, loin de déployer un arsenal d'endiguement répressif, le cinéaste propose un déploiement d'empathie à tel point que nous nous surprenons à l'aimer ce gamin, agaçant en diable, mais qui envoie de tels signaux de détresse! L'interprétation de Anne Dorval, dans le rôle de la mère (Dia) recèle de multiples ressorts et nous ne voyons que le Prix d'interprétation féminine pour la récompenser d'une telle richesse de jeu.
Ceci bien sûr si la Palme d'or venait, injustement, à échapper à Xavier Dolan...
Il y a du Gena Rowlands dans cette actrice québécoise! On pense aussi dans cette façon de cadrer au plus près de la peau, de ces têtes en ébullition, à John Cassavetes. Non sans raison. La filiation est maintenant de plus en plus claire entre ces deux cinéastes, tant au niveau de la thématique, que du thème...
«J'ai tué ma mère était mon film le plus personnel, c'est ma vie, mon histoire; Mommy, non. J'ai tué ma mère, c'est une crise d'adolescence. Ici on parle de gens qui s'aiment profondément, mais dont l'amour est mis à l'épreuve par la vie elle-même, par la maladie et par le système qui les ostracise.»
Ce qui est d'autant plus prodigieux, c'est le degré de maturité de ce réalisateur de 25 ans (et 5 films déjà, le 6e est en route).
Dans sa démarche filmique, le cinéaste convoque la communication non violente (CNV), pour révéler les outils de désamorçage des crises qui se présentent.
Xavier Dolan utilise avec ses trois personnages, les quatre points qui constituent les quatre composantes de la CNV.
Dans un premier temps, il observe ce qui se passe réellement dans la relation mère (Dia) /enfant (Steve) une situation donnée: qu'est-ce qui, dans les paroles ou les actes de l'autre, contribue ou non à l'apaisement ou à la confrontation? Sans jugement ou évaluation. Puis, il informe du ressenti de chacun des protagonistes en présence de ces faits. Au troisième stade, il précise les besoins à l'origine de ces sentiments de colère ou de tristesse.
C'est la conscience de ces trois composantes exposées avec tact et brio dans Mommy qui va permettre à Dia, Kyla (la voisine bègue) et par intermittence à Steve de s'exprimer clairement et sincèrement. Enfin, au stade ultime, le quatrième, permet de comprendre l'acte de l'autre (la mère qui décide en un ultime recours, de faire interner son fils). Tout est bien compris, car bien verbalisé.
Je dis ce que j'observe, ressens et désire, et ce que je demande pour mon mieux-être; j'entends ce que tu observes, ressens et désires, et ce que tu demandes pour ton mieux-être serait ainsi le credo idéal que Xavier Dolan dilue intelligemment dans la fiction, qui restera longtemps, et une fois la lumière revenue, une leçon de vie, en fait. Car ce qui constitue, dans Mommy le coeur de cette démarche c'est, toujours par le biais de la communication non violente, la façon de passer en revue, jugements, critiques, diagnostics et interprétations portant sur les autres, et qui, chez Xavier Dolan, sont autant d'expressions détournées de nos besoins.
Si quelqu'un dit: «Tu ne me comprends jamais», il nous dit en réalité que son besoin d'être compris n'est pas satisfait.
De même, une épouse qui déclare à son mari: «Tu rentres tard du travail tous les soirs depuis une semaine. Tu aimes plus ton travail que moi», dit en fait que son besoin d'intimité n'est pas satisfait.
Lorsque nous exprimons indirectement nos besoins en passant par des jugements, des interprétations et des images, l'autre risque d'entendre une critique. Et lorsqu'il entend quelque chose qui ressemble de près ou de loin à une critique, il a tendance à mettre toute son énergie dans l'autodéfense ou la riposte. Si notre souhait est de recevoir de l'autre une réponse empathique, il est contre-productif d'exprimer nos besoins sous forme de jugement sur son comportement.
En soutenant et à maintes reprises qu'à partir du moment où les gens parlent de leurs besoins plutôt que des torts des autres, il devient plus facile de trouver des moyens de satisfaire tout le monde. Xavier Dolan parvient ainsi à faire admettre le douloureux geste de la mère, Dia, qui décide de faire hospitaliser son fils, Steve, dans un asile psychiatrique.
Le choc est réel, mais il est accueilli par beaucoup d'empathie qui se traduit par cette salve d'applaudissements qui ont salué l'avènement d'un cinéaste accompli, à Cannes.


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