Amar Saâdani - Amara Benyounès - Amar Ghoul Les divergences au sein de la majorité présidentielle étaient attendues, puisque malgré leur coopération dans la campagne électorale, ces partis ne sont jamais arrivés à se constituer en Alliance présidentielle. Au moment où l'annonce du début des consultations sur la nouvelle Constitution est confirmée pour le 5 juin entre le directeur de cabinet du président de la République, Ahmed Ouyahia, et la classe politique, la majorité présidentielle diverge sur le contenu et les dispositions de la nouvelle Constitution. Ainsi, le FLN, parti majoritaire à l'Assemblée, dirigé par Amar Saâdani et le Mouvement populaire algérien (MPA) dirigé par Amara Benyounès, deux partis qui se sont fortement illustrés dans la campagne pour le 4e mandat de Bouteflika, sont diamétralement opposés sur la question de la dissolution de l'APN. Le parti majoritaire exclut de céder sa place et refuse catégoriquement la proposition du MPA de dissoudre l'Assemblée et de convoquer des élections législatives anticipées. Une position que défend également le PT de Louisa Hanoune qui a mené campagne aux côtés du candidat Bouteflika lors de la présidentielle d'avril 2014. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a appelé en effet à «une réforme en profondeur de la Constitution et à des élections législatives anticipées comme préalable à l'édification démocratique». La priorité après l'élection présidentielle du 17 avril doit être à «une réforme en profondeur de la Constitution et non à son amendement», a précisé Mme Hanoune. «Cette réforme doit être précédée d'élections législatives anticipées» car le Parlement actuel «n'a pas la capacité politique» pour prendre en charge la réforme de la Constitution, a-t-elle estimé. Le PT et le MPA sont convaincus qu'avec une nouvelle élection législative, ils vont améliorer leurs scores respectifs à l'Assemblée. Même position défendue par le TAJ de Amar Ghoul qui revendique à demi-mot une élection législative anticipée pour connaître son véritable poids sur la scène politique. Le TAJ qui a été créé juste après les élections législatives de 2012 est constitués d'un groupe parlementaire composé de députés élus sous la bannière islamiste de l'Alliance verte. Depuis, l'ancien cadre du MSP a créé son parti et rejoint la majorité présidentielle. Cette demande des partis proches des positions de la majorité présidentielle, n'est pas du goût du FLN qui reste attaché à la Constitution qui stipule que seul le président de la République peut décider de la dissolution de l'Assemblée populaire nationale ou d'élections législatives anticipées après avoir consulté le président de l'Assemblée populaire nationale, en l'occurrence Saïd Ould Khelifa, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Pour le FLN, ces appels du MPA, du TAJ ou du PT sont «une ingérence dans les prérogatives du président de la République et une atteinte aux institutions constitutionnelles». Le FLN tient également à sa proposition de poste de vice-président de la République qui a été supprimé du projet de la Constitution soumis à l'étude aux partis et aux politiques. En définitive, ces divergences au sein de la majorité présidentielle étaient attendues, puisque malgré leur coopération dans le programme du président, ces partis ne sont pas arrivés à se constituer en Alliance présidentielle, comme ce fut officiellement le cas pour le FLN, le RND et le MSP en 2009. En tout cas, ces divergences font les affaires de l'opposition, puisque la Coordination pour les libertés et la transition démocratique, composée notamment du RCD et du MSP, ainsi que le Pôle pour le changement de Ali Benflis ont annoncé leur refus de prendre part à ces consultations lancées par Ouyahia. Même position adoptée par le FFS et par certaines personnalités nationales puisque Sid Ahmed Ghozali, Mouloud Hamrouche et Mokdad Sifi ont annoncé qu'ils n'iront pas à la présidence. L'ancien Premier ministre, en charge de mener ces consultations, a invité à la présidence de la République plus de 150 partis et personnalités nationales pour discuter de la révision de la Constitution.