Le spectacle Malhamat El Djazaïr (Epopée de l'Algérie) a été présenté vendredi soir à Alger, à l'occasion du 60e anniversaire de la révolution du 1er Novembre 1954, dans une fresque pleine, servie par une version actualisée qui a tenu compte de l'évolution post-indépendance de l'Algérie. En présence du Premier ministre Abdelmalek Sellal, de plusieurs membres du gouvernement dont Nadia Labidi, ministre de la Culture et Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahiddine, ainsi que des membres du corps diplomatique accrédité en Algérie et plusieurs personnalités, une vingtaine de tableaux ont rappelé la chronologie de l'histoire de l'Algérie. Mise en scène par Omar Fetmouche sur un texte du regretté Omar El Bernaoui, soutenu par des textes en prose de l'Emir Abdelkader, Abdelhamid Benbadis et Moufdi Zakaria, ainsi que les poésies d'Abou El Kacem Khemmar, Azzeddine Mihoubi, Slimane Djouadi et Brahim Seddiki, le spectacle, d'une durée de deux heures, a été conduit par près de 300 comédiens. De jeunes talents représentant toutes les régions du pays ont raconté au public nombreux du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf les étapes qu'a connues l'histoire de l'Algérie, à travers les différentes dynasties berbères, la période des Vandales, l'arrivée de l'islam, l'ère coloniale française, la guerre de libération et la période post-indépendance. De nouvelles scènes sur les événements d'Octobre 1988, la tragédie nationale des années 1990, la concorde civile, la Réconciliation nationale et la période des réalisations de projets socio-économiques ont constitué la suite de la version présentée en 1994 de Malhamat El Djazaïr. La trame, menée par Mohamed Adjaïmi dans le rôle du narrateur et Betouche Lamia dans celui de l'Algérie, a reposé sur des «référents collectifs» évoluant dans un rythme soutenu où les différentes étapes de l'histoire de l'Algérie ont été rendues dans des situations génériques. «Nous avons pris le soin de rendre au public l'épopée de l'Algérie par la profondeur esthétique et artistique, laissant les détails de l'Histoire aux historiens», a indiqué Omar Fetmouche. A la manière de Peter Brook, sur une scène vide qui offrait généreusement son espace aux comédiens, le spectacle a évolué, accueillant des décors suggestifs au fur et à mesure de son évolution dans une scénographie signée Boukhari Habbal. Le metteur en scène, secondé par Ayoub Amriche, assurant une bonne direction des comédiens, a misé sur le jeu scénique, la beauté des nombreux costumes, oeuvre de Salima Kourari et l'éclairage concluant qui a aidé à la création de différentes atmosphères. Les chorégraphies bien travaillées de Ryad Beroual ont donné plus d'énergie au spectacle, avec de belles figures de groupes en mouvements synchronisés dansant sur des rythmes renvoyant à plusieurs régions du pays. Les arrangements musicaux de Amine Kouider qui a travaillé sur des compositions de Kouider Bouziane, Mohamed Boulifa, Mokhtar Boudjlida et Mâati Bachir ont donné de l'entrain au spectacle dans des variations musicales du terroir. Le spectacle entièrement écrit en arabe classique aura cependant manqué d'originalité, faute de présence de chansons interprétées en tamazight, ce qui aurait donné plus d'enracinement et d'ampleur au combat libérateur.