La bonbonne de gaz se fait désirer Pourtant, la direction de l'énergie et des mines a lancé un plan d'urgence depuis septembre dernier en assurant un stock de 26 jours. Cet hiver tranquille devant le feu où les membres de la famille se réunissaient autour des vieux pour écouter des contes n'existe plus. L'hiver n'est plus synonyme de chaleur familiale. Aujourd'hui, l'annonce de la neige est une source d'angoisse présageant des pénuries, des ruptures de stocks et des coupures de routes, pouvant causer la mort de malades nécessitant des transferts en urgence vers des hôpitaux. C'est une autre époque. Cette semaine à Tizi Ouzou, les villages l'un après l'autre, s'habillent de blanc. Après ceux perchés, au plus haut sur les cimes du Djurdjura, la neige atteint ceux qui l'attendent en plus bas. Hier, c'était les villages situés à 400m2 d'altitude. Et les services météo prévoient encore de la neige. Cela est le joli côté du décor. De l'autre côté, sur le terrain, c'est plutôt la grisaille, l'angoisse et la peur de rupture des stocks alimentaires, du gaz butane et beaucoup de problèmes en matière de circulation. Pourtant, au début du mois de décembre, le 9 exactement, la direction de l'énergie et des mines a rassuré les populations que les stocks pouvaient couvrir une période de neige de 26 jours. Dans son communiqué, la même direction faisait état d'un renforcement en quantité de 110.000 bombonnes de gaz. Un plan d'action a été mis en place où différentes directions de wilaya étaient parties prenantes afin de faire face à ce genre de période et ne plus vivre la catastrophe de l'hiver 2011. Selon les chiffres qu'elle a émis, la moyenne de consommation journalière de la wilaya est estimée à 22.000 bombonnes, au moment où la moyenne de production au niveau des centres d'enfûtage d'Oued Aïssi et Fréha s'élève à 38.000 unités. Des assurances, pourtant bien chiffrées, qui ne semblent pas convaincre les populations. La panique n'a pas attendu 26 jours. Elle s'est emparée des gens, avant même l'arrivée de la tempête. La ruée sur le gaz et les denrées alimentaires a commencé juste à l'annonce du bulletin météo. Interrogés, les citoyens étaient unanimes à ne pas croire à ces assurances. «Non, non, je préfère avoir mon stock à la maison quitte à ce que je fasse la chaîne. Je n'ai pas oublié la dernière tempête de 2011 et les promesses faites juste avant qu'elle n'arrive». Hier dans l'après-midi, ça courait de toute part. Les citoyens se hâtaient pour se ravitailler. Et ils ne veulent rien entendre. «Je n'ai aucune confiance en ces assurances. Par où vont passer les camions pour transporter le gaz? La commune n'a pas de chasse-neige. Lors de la dernière tempête, notre village est resté 15 jours coupé du monde. Nous avons essuyé d'énormes pertes de bétail. Et vous voulez que je fasse confiance une autre fois!» Ainsi, il apparaît sur le terrain que le problème ne réside pas dans les quantités produites mais sur la confiance qui ne veut plus s'installer. La direction peut annoncer un million de bonbonnes sans que la ruée ne soit évitée. «La chaîne et la ruée ne sont pas toujours synonymes de pénurie. Ça peut aussi exprimer un manque de confiance des populations en les assurances qu'elles reçoivent», ironisait un vendeur ambulant de gaz butane. En tout état de cause, si la tempête se poursuit, l'indice de confiance pourra être vérifié une nouvelle fois. Après la pression enregistrée sur le gaz butane, ce sont les produits alimentaires qui commencent à enregistrer une hausse de la demande dans les magasins. «Oui, en effet, il y a une demande qui s'accélère depuis hier. Je crois qu'à ce rythme, il va y avoir de la pénurie», affirme un propriétaire de magasin d'alimentation générale. Enfin, il est à signaler qu'une partie de la wilaya vit déjà dans l'enclavement à cause de la neige. Hier, ne restaient accessibles que les communes du littoral et celles situées vers la plaine du Sébaou comme Ouaguenoun, Makouda. Les chasse-neige dont disposent les communes ne suffisent pas à ouvrir toutes les routes au même moment. Certaines communes et surtout certains villages peuvent rester jusqu'au début de la semaine prochaine pour se voir désenclaver.