L'administration américaine peut courir plusieurs lièvres et le prouve à maintes occasions, notamment celle des «dialogues stratégiques» qu'elle a organisés, pour l'occasion avec l'Algérie et le Maroc à la même date. Ainsi, le secrétaire d'Etat US, John Kerry a rencontré le même jour, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra et son homologue marocain, Salaheddine Mezouar. Si dans l'agenda de l'un et de l'autre, il n'existe aucune référence à un tête-à-tête algéro-marocain, il reste que le travail de la diplomatie US de faire coïncider les rencontres n'est certainement pas dû au hasard. En effet, la présence de Lamamra et Mezouar à Washington amène de nombreux observateurs à supposer une médiation américaine entre Alger et Rabat. Bien qu'Alger a toujours nié un quelconque intermédiaire dans tout dialogue entre le gouvernement algérien et son homologue marocain, il n'est pas interdit de penser que Washington ait pris l'initiative de rapprocher les points de vue divergents entre Rabat et Alger. En effet, les deux capitales en course pour le leadership de la région du Magrheb ne comptent plus des épisodes de froid, notamment depuis que l'Algérie affiche une grande détermination à régler les conflits régionaux, à l'image de ceux du Mali et de la Libye. Le Maroc, allié traditionnel de l'Occident en général et des USA en particulier, dans la région, digère très mal les succès algériens et tente de casser une dynamique de paix, au risque de déplaire à ses amis occidentaux. Et pour cause, la démarche d'Alger dans le règlement du conflit malien et son initiative dans le dossier libyen apportent une dimension stratégique qui place l'Algérie au centre des plans américains dans la région. De fait, Washington ne pourra pas indéfiniment permettre au roi Mohammed VI ses lubies diplomatiques. Aussi, pour contenter son ancien allié et renforcer leur partenariat stratégique avec l'Algérie, les Etats-Unis sont-ils obligés de trouver un terrain d'entente entre les deux voisins du Maghreb. Le solution à la question du Sahara occidental qui, aux yeux du Maroc est entre les mains de lAlgérie, pourrait être l'un des dossiers que les Américains voudraient mettre sur la table pour amener les deux capitales sur une formule qui contenterait tout le monde. Or, sur ce point précisément, l'Algérie reste intraitable et refuse d'être partie prenante du dossier. Enfin, Lamamra et Mezouar se sont vus dans le secret de l'immeuble du département d'Etat? Rien ne le confirme et en même temps rien ne l'interdit.