Les prix du pétrole ont perdu jusqu'à 60% de leur valeur au point d'évoquer une détérioration de la situation financière du pays. La loi de finances complémentaire sera signée en principe au début du second semestre dans le sillage d'une hausse des prix du pétrole qui doit éloigner le spectre de coupes budgétaires et des reports de certains projets de développement menacés un moment par la dégringolade des cours de l'or noir. Ce qui confirme les déclarations du ministre des Finances. «Les projets de développement d'infrastructures économiques et sociales ne subiront pas de changement ni pour le court, ni pour le moyen terme», avait annoncé le 1er décembre 2014 Mohamed Djellab sur le plateau de la Télévision nationale. Il avait vu juste. La situation économique du pays est jugée moins catastrophique avec le regain des prix du pétrole. Le gel des recrutements est écarté alors que le déficit commercial s'annonce moins important que prévu sans que l'alerte ne soit levée. Le retard pris par l'application de la suppression de l'article 87-bis du Code du travail est révélateur. Son coût avait été estimé à une dizaine de milliards de dollars. Une dépense qui fragiliserait davantage une situation financière plombée par la baisse des revenus pétroliers. Ce qui expliquerait le manque de précipitation du gouvernement qui lutte avec les moyens du bord pour tenter de promouvoir la production nationale. L'Exécutif incite les citoyens à la consommation locale à travers une campagne de sensibilisation sans précédent en attendant le retour prochain du crédit à la consommation. L'objectif étant de tenter de réduire une facture d'importations qui s'élève à près de 60 milliards de dollars. Un objectif assigné à la LFC annoncée au mois de mars par le Premier ministre Abdelmalek Sellal alors que le baril affichait moins de 50 dollars en début d'année. Les prix du pétrole ont, depuis, fait un bond spectaculaire de près de 15 dollars et se situent au-dessus de la barre des 65 dollars à Londres. Une nouvelle plutôt bonne pour l'économie nationale qui a été mise sens dessus dessous par l'effondrement des cours de l'or noir. Les exportations d'hydrocarbures constituant sa colonne vertébrale, elles représentent à elles seules selon les chiffres officiels, plus de 95% de ses revenus en devises. Les niveaux du prix du baril qui ont évolué depuis quelques années à des niveaux élevés, plus de 100 dollars, ont permis à l'Algérie de confectionner ses lois de finances sans soucis, sur la base d'un baril à 37 dollars. La différence servant à alimenter un Fonds de régulation des recettes qui sert de pare- feu alors que la manne financière qu'elle en a dégagé avait frôlé les 200 milliards de dollars. Depuis le mois de juin 2014, la donne a changé. Les prix du pétrole ont perdu jusqu'à 60% de leur valeur au point d'évoquer une détérioration de la situation financière du pays. Les recettes générées par les exportations d'hydrocarbures ont baissé de plus de trois milliards de dollars durant les deux premiers mois de 2015 par rapport à la même période en 2014. «Si le choc externe venait à perdurer, la résilience de la position extérieure de l'Algérie pourrait rapidement s'éroder, d'autant que le niveau très élevé des importations est non soutenable et constitue un risque additionnel pour la balance des paiements extérieurs sur le moyen terme» avait prévenu le 22 mars à Alger, le gouverneur de la Banque d'Algérie Mohamed Laksaci. Selon cette institution financière, les réserves de changes de l'Algérie se sont établies à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014 alors qu'elles étaient à 193,269 milliards de dollars à la fin du mois de juin 2014. Ceci pour avoir un ordre d'idées de la conséquence de la chute des prix du pétrole sur la santé de la trésorerie du pays. Les indicateurs du marché pétrolier semblent malgré tout montrer que l'Algérie n'aura pas besoin de casser sa tirelire.