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MOHAMED LAKHDAR MAOUGAL QUESTIONNE LES ELITES ALGERIENNES
Publié dans L'Expression le 06 - 10 - 2004

Nous ne connaissons généralement de l'histoire de l'Algérie que quelques dates et quelques événements, plus une liste incomplète de noms de rois, d'aguellids, de chefs de guerre, d'imams, de raïs ou de deys. Mais nous ne connaissons pas l'histoire des idées. C'est à une vaste fresque que nous invite Mohamed Lakhdar Maougal, qui a coécrit avec Saïd-Nasser Boudiaf, ce livre magnifique publié par les éditions Apic et intitulé: «Elites algériennes, histoire et conscience de caste, de l'an 203 avant J-C à 2003.» Le livre I décline et explore les notions d'élites, d'Etats, de communautés, de nations.
L'Expression: L'élite est un concept qui se décline au pluriel, jamais au singulier. D'ailleurs vous employez les mots caste, communauté, nation...Quelle définition donnez-vous donc au mot élite?
Mohamed Lakhdar Maougal : C'est encore un débat d'école et de méthodologie d'approche. Pour ma part, j'ai utilisé les deux acceptions. D'abord parce que les textes sont de périodes différentes. C'est pourquoi par scrupule je les ai datés pour traduire mes propres questionnements. Ensuite la catégorisation différentielle des élites (politique, culturelle, scientifique...) appelle des adaptations à chaque cas d'espèce, surtout quand ces élites différentes ne travaillent pas dans le même but. Brièvement et pour plus de clarté, les élites sont des groupements plus ou moins formels d'acteurs sociaux des changements qui se constituent par arrachement par rapport à la société et qui se posent comme acteurs de dynamisation et d'émancipation de l'ensemble de la société en fonction des urgences des tâches historiques (patriotiques, sociales, politiques, stratégiques etc.).
Les conflits qui ont opposé les patriciens aux plébéiens dans la Rome antique, puis la bourgeoisie à la noblesse en Europe du VXIIIe siècle ont-ils produit des idées et des élites? Ce genre de conflit a-t-il existé au Maghreb?
Oui, les situations conflictuelles quelles qu'elles soient produisent des idées et des élites à la condition que des producteurs d'idées assument leurs responsabilités et que ces mêmes producteurs d'idées travaillent consciemment ou inconsciemment à la résolution des mêmes tâches historiques. Les élites ont existé dans la Rome antique et en Europe médiévale et même dans les pays musulmans, malgré les contrôles parfois draconiens qui ont pesé sur les productions intellectuelles et idéologiques et qui ont valu à bon nombre d'intellectuels d'être exécutés, j'ai donné des exemples et des noms sans chercher à être exhaustif. Ce type de conflit a aussi existé au Maghreb où des formes violentes et inquisitoriales ont été pratiquées. J'ai évoqué quelques querelles de marabouts et de saints, la plus connue étant celle de Sidi Ahmed Ben Youcef de Miliana. Mes éminents collègues et amis Hmida Benaoum et Nourredine Toualbi Ethaâlibi ont beaucoup travaillé sur ces questions de conflit de légitimité dans le sacré. Hmida Benaoum s'est spécialisé surtout sur les périodes qui semblent retenir l'attention et l'intérêt. J'attends comme vous la publication de son ouvrage qui devrait paraître aux éditions du Cnrpah.
La démocratie berbère, qui est une démocratie égalitariste, a-t-elle produit l'aphasie? A-t-elle empêché la formation des élites, ou bien au contraire l'a-t-elle favorisée?
Ce n'est pas la démocratie égalitariste qui produit l'aphasie, mais l'absence d'institutions sanctionnant la production du savoir et donc sa reconnaissance ou sa non-reconnaissance qui a poussé à l'aphasie. La démocratie berbère parce que égalitariste mais gérontocratique, a imposé le savoir traditionnel qui assoit les équilibres des groupes sociaux et les renforce pour assurer la cohésion de l'ethnie au détriment de l'aventure de la connaissance ouverte et problématique. Quiconque n'était pas conforme aux usages et ne produisait pas des discours conformes aux usages contrôlés et surveillés par les «imousnawen» était condamné soit au silence, soit à l'exil, comme ce fut le cas tardif de Mhand Ou Mhand. Mouloud Mammeri a très bien étudié ce problème et j'en parle longuement dans le prochain ouvrage, le tome II, sur les élites, qui paraîtra bientôt.
Massinissa, qui a fondé le premier empire berbère en Afrique du Nord, était l'allié des Romains, mais il s'était inspiré des structures carthaginoises. Est-ce la caractéristique du Maghreb que d'être le trait d'union entre l'Orient et l'Occident?
Oui, la caractéristique essentielle du Maghreb (rappelons que le terme signifie en arabe le pays du couchant, c'est-à-dire l'extrémité ou l'extrême, ce qui est injuste culturellement), c'est d'avoir toujours été une terre d'asile pour les persécutés (surtout de l'Orient despotique depuis plus de deux mille ans, et les Hilaliens faisaient partie de ces contingents d'irréductibles indésirables aux portes des califats, fatimide et abbasside) et une terre de transition entre des continents (Europe-Afrique-Asie). Il y a une seule transition de laquelle le destin semble nous avoir préservés, c'est celle de la traite esclavagiste même si les anciens empires et royaumes chérifiens ont dû servir de lieu de passage aux caravanes des esclavagistes qui passaient par Sijilmassa venant de Gao.
Ailleurs, vous dites que les monarques musulmans lettrés ne sont pas légion. Est-ce à dire que le monde musulman n'a pas eu des despotes éclairés?
Si, le monde musulman a eu des despotes éclairés à l'instar de Haroun Errachid et d'El Mamoun, les califes abbassides ou de la mère de Haroun Errachid, la berbère El Khayzourane qui gouvernait à vrai dire et qui avait protégé bien des philosophes qui lui ont dû leur salut face à une inquisition montante avec la réaction rigoriste et intégriste hanbalite.
Vous citez également le jugement de Michel Foucault, qui écrit qu'au savoir monopolisé et secret de la tyrannie orientale, l'Europe opposerait la communication universelle de la connaissance, l'échange infini et libre des discours. Est-ce que cela est une fatalité?
Il n'y a pas de fatalité en histoire, mais seulement dans les rituels et les croyances qui ne font pas partie de mes préoccupations intellectuelles, même s'il m'arrive de les interpeller dès lors qu'ils ont un quelconque lien avec les discours et leurs procédures diverses, comme je viens de le montrer dans l'ouvrage que j'ai dirigé et publié au nom de toute une équipe de chercheuses (A.Kassoul, Malika Kebbas, Nadia Grine de l'université d'Alger et Thanina Maougal de l'université de Madison aux USA) aux éditions de l'Enag sur les langages et les langues depuis Platon jusqu'à nos jours.
Le système colonial, écrit Mammeri que vous citez, n'élève pas, il opprime. Il n'exalte pas, il stérilise ou désespère...Ce fut une période vraiment noire?
Je suis fondamentalement d'accord avec Mouloud Mammeri et je me permets de rappeler que j'étais un des rares intellectuels à l'avoir défendu à chaud contre les vigiles politiques, la horde des médiocres universitaires ayant sévi et sévissant au département de français de l'université d'Alger qui l'ont malmené, marginalisé et interdit de sujet de recherche ainsi que contre certains plumitifs aux ordres. Ces vigiles ont laissé des discours devenus des strates détectables au carbone 14 et tentent de se faire oublier ou de se retourner comme des vestes réversibles. La période coloniale dans son ensemble a été noire pour le peuple algérien, c'est-à-dire pour les catégories faibles de la société, mais ce fut une période faste pour les colons et leurs alliés de tout poil. Dans le cadre d'un colonialisme de peuplement, beaucoup de choses ont été faites par la société colonisatrice car elle pensait naïvement pouvoir rester jusqu'à la fin du monde. C'est ainsi que l'Algérie est un des rares pays colonisés à avoir été d'une certaine manière aménagé, développé, structuré, encadré, normé. Pour se rendre à l'évidence de ce que j'avance, il n'est besoin que de considérer les pays africains et les pays arabes, surtout ceux qui n'ont pas la chance ou le malheur d'avoir des réserves d'or noir et des ressources naturelles.
Kateb pense que seul le peuple est vaillant, mais il est toujours battu à cause des comportements inconséquents de ses guides. Qu'est-ce qu'un guide? L'aguellid, le monarque musulman, l'imam de la mosquée, le cheikh de la zaouia? Quelqu'un d'autre?
Kateb a eu raison de porter ce jugement, et toute sa littérature illustre cette position courageuse et honnête. Mais Kateb ne fait pas du populisme, car il ne cherche pas à flatter le peuple pour la bonne et simple raison qu'il n'a jamais cherché à exercer la moindre parcelle de pouvoir. Son jugement est objectif et désintéressé. De plus, il a été témoin direct de la force et de la détermination du peuple lors des manifestations de mai 1945 et il a vu un peuple en action révolutionnaire. Nedjma n'est pas le fruit de la seule imagination mythique.
Les Hilaliens sont arrivés à un moment charnière de l'histoire du Maghreb. Il y a environ un millénaire. On dit que ce sont eux qui ont arabisé les populations. Peut-on aujourd'hui faire un bilan critique dépassionné de leur apport au plan social, culturel, politique?
Il faut en finir avec l'image des Hilaliens prédateurs et dévastateurs comme les criquets pèlerins. Cette image façonnée par Ibn Khaldoun plusieurs siècles après leur arrivée au Maghreb, image instrumentalisée par les historiens de la colonisation ne correspond en rien à la réalité. Les Hilaliens sont arrivés au Maghreb à la suite d'une décision d'expulsion et d'exil que leur a infligée le Khalife-Mehdi fatimide. Ils ont été de toutes les séditions (dix révolutions qui ont secoué l'islam classique comme celles des Zednj, des Quarmates, des Zaydites etc.) Les Hilaliens étaient des Arabes qui avaient refusé l'islamisation et avaient combattu les troupes musulmanes, faisant contre eux l'alliance contre nature entre chiites (fatimides) et sunnites (abbassides). Ils ont effectivement participé à arabiser le Maghreb, surtout l'Algérie et la Tunisie, beaucoup moins le Maroc.
Mais l'arabisation hilalienne, c'est celle qu'on perçoit encore dans les usages des parlers arabes en Algérie avec les particularités dialectales et régionales (parler de Tlemcen, de Guelma, de Sétif entre bien d'autres), selon l'origine géographique des tribus qui s'y sont installées. Mais cette arabisation qui ne s'appuie pas sur l'islamisation, n'est pas celle que revendiquent les différents pouvoirs qui ont préféré adopter un arabe standard, celui des prédicateurs et des commentateurs du Coran. C'est pourquoi il faut éviter de confondre les processus d'arabisation dont on parle chez nous. L'arabe algérien proto-hilalien est un arabe non sacralisé, profane, liberaire. C'est ce qui a séduit Kateb Yacine au point d'honorer leur venue dans de si belles pages du Polygone étoilé (qu'on peut relire avec plaisir). Le parler arabe hilalien, c'est celui du chant d'amour, celui de la bravoure et de la sédition iconoclaste et permanente, héritée de la poésie de la période avant l'islam des poètes brigands. L'apport hilalien à la culture algérienne est énorme mais mal connu et déconsidéré par les cuistres et les cadres citadins ramollis dans leurs moeurs et leurs comportements.
La culture de la révolte, de la sédition, de la résistance à la hogra et à l'injustice, la culture de la générosité et du don de soi, celle de la bravoure, c'est aussi et en partie le substrat hilalien qui a trouvé un terreau fertile et un terrain favorable à son épanouissement dans notre conscience nationale. Tout le reste, comme disait Mouloud Mammeri, c'est de la mauvaise littérature.
Des élites ont-elles émergé durant la période turque, ou bien était-ce une période stérile?
Si des élites ont émergé pendant la période turque, il est difficile de répondre aujourd'hui à une pareille question. Il est tout de même un fait important à signaler, même s'il blesse notre amour-propre et écorche notre ego. Incapables de défendre notre patrie contre les incursions ibériques (hispano-portugaises), les élites politico-religieuses algéroise et bougiote ont dû faire appel aux corsaires turcs qui braconnaient sur la Méditerranée pour leur compte propre avant de se reconvertir en corsaires du khalife ottoman. C'est là, pour le moins qu'on puisse dire et juger, une attitude de faillite et de déliquescence qui montre que s'il y avait eu élites auparavant, la venue des Ottomans signifiait que le processus de dégénérescence et de dépérissement avait profondément affecté les élites algériennes. Quand un peuple ne peut plus compter sur ses élites ni sur lui-même pour résoudre ses propres problèmes et qu'il devient un assisté, il cesse d'être libre et un peuple qui cesse d'être libre est un peuple qui ne ressent plus la nécessité de produire du génie et donc des intellectuels collectifs et/ou organiques. C'est un peuple qui n'a plus d'élites. Parfois, il le ressent et l'exprime ouvertement comme on l'entend dire aujourd'hui autour de nous.
Quel fut le rôle des élites dans la vie du mouvement national?
Cette question est fort complexe et demande un traitement en profondeur. Saïd Nacer Boudiaf répond précisément à ce problème dans le prochain livre consacré aux élites entre 1925 et 1955, livre qui paraîtra bientôt, peut-être à la veille du 1er novembre. J'aventurerai deux mots pour calmer votre impatience. L'histoire de notre mouvement national c'est l'histoire d'un grand ratage de rendez-vous. Des élites politiques et culturelles se sont arrachées du tissu social au prix d'un exil et d'une émigration au début du siècle après la Première Guerre mondiale. Ensuite, elles ont été prises en tenaille entre deux forces structurantes sclérosantes au regard des invariants comportementaux de notre conscience nationale, le formalisme organiciste acculturant du mouvement communiste international d'une part et l'idéologisme déculturant indigent de l'islamisme politique régenté par les forces rétrogrades du wahhabisme salafiste d'autre part.
Le résultat c'est qu'en moins d'un tiers de siècle, à quelques mois du déclenchement de notre guerre nationale de libération, nos élites ont dépéri et se sont volatilisées. Le prochain ouvrage sur les élites expose clairement et profondément ce problème. On en reparlera à l'occasion, si vous le voulez bien. Rendez-vous dans un mois.
Aujourd'hui, où se trouvent les élites algériennes? Dans les partis politiques, l'administration, l'université, dans les syndicats, les laboratoires, les entreprises économiques, les ateliers en ville, à la campagne?
Les quelques noyaux élitistes qui subsistent aujourd'hui sont dans les groupes de chanteurs de rap, hip-hop, rock? surtout dans la chanson kabylophone (par tradition depuis un demi-siècle) et de plus en plus dans la chanson arabophone (depuis Octobre 1988).
Même dans les sports et les compétitions de toutes sortes, nos élites sont fatiguées, lessivées. Il semblerait que nos élites militaires qui ont appris beaucoup durant la période de la décennie noire, se constituent en véritables élites même si leurs rapports à l'ensemble de la société restent très distants vu que c'est un corps de métier peu socialisé parce que trop spécialisé.
Quand je parle des élites militaires je parle des hommes de terrain, non des vigiles de la vie politique et administrative que j'intègre dans la catégorie des cadres et non des élites. Une pépinière élitiste est en train de se constituer difficilement dans les milieux médiatiques. Mais il lui faudra compter avec les vigiles qui sont nombreux et hargneux.
Le mot de la fin...
Le peuple, le peuple seul est la force motrice de l'histoire. C'est là une vérité universelle.
Question subsidiaire: qui est M.Maougal?
Qui suis-je? André Gide disait du «moi» de Michel de Montaigne: «Le sot projet qu'il a eu de se peindre. La chenille qui se regarde trop ne deviendra jamais papillon». C'est à méditer surtout dans un pays où la médiocrité est devenue le danger principal, comme le soulignaient Kateb Yacine et Mouloud Mammeri à qui je laisse la dernière parole: «Ce sont précisément des plumitifs médiocres, de pseudo-militants, de faux idéologues, incapables d'une oeuvre ou d'une pensée originale, qui défendent aujourd'hui le mythe d'une Algérie arabo-islamique, de même qu'autrefois, les mêmes mercenaires, les mêmes charlatans s'étaient mis au service de l'Algérie française. Ils ne veulent pas voir l'Algérie telle qu'elle est, dans toute sa richesse et sa complexité. Ils ont peur de cette Algérie qu'ils ne veulent pas connaître. Leur impuissance les conduits à s'accrocher désespérément aux mythes du passé.» Mouloud Mammeri, lui, va plus profondément encore pour débusquer et dénoncer les imposteurs qui s'embusquent dans les institutions de formation et de décision, les vigiles sclérosés des universités alibi: «Les hommes, qui fleurissent en régime colonial (mais c'est encore plus vrai aujourd'hui, mais il faut élargir cela à certaines femmes aussi), ce sont les combinards, les traficoteurs, les renégats, les élus préfabriqués, les idiots du village, les médiocres, les ambitieux sans envergure, les quémandeurs de bureau de tabac (sic) et il faut ajouter les tenancières d'ateliers de couture en soierie qui arrondissent leurs émoluments de passeurs de langues, les indicateurs de police, les maquereaux tristes, les tristes coeurs...»
Le citoyen Maougal, le fils de son père et de sa mère, et petit-fils de deux imams (non cachés) et père de deux enfants nobles et intelligents, a décidé de continuer l'oeuvre d'éradication de la médiocrité rampante dans le sillage des deux grands intellectuels ci-dessus cités.


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