Nouvelle conjoncture, nouveau discours de Abassi Madani. Présent au Qatar pour des soins médicaux depuis une année, l'ex-responsable du FIS dissous multiplie des sorties intrigantes. Après avoir soutenu, il y a une semaine, que le Sahara occidental appartient au Maroc, Abassi Madani revient à la charge et annonce le désir de son parti dissous à participer au gouvernement. «Le FIS veut travailler avec le gouvernement. Nous voulons aider à la construction de la vraie démocratie et la vraie liberté au peuple de l'Algérie», a déclaré Abassi Madani, il y a quelques jours, dans un entretien à l'agence Reuter. Le chef islamiste n'a pas précisé de quelle manière l'ex-FIS compte participer à la promotion d'un Etat démocratique qu'il a foncièrement renié durant ses années de gloire. L'ex-prisonnier de Blida a fait valoir cette proposition par le concept de réconciliation nationale cher au président de la République. «Il n'y a aucune autre option à part la réconciliation vraie par opposition à la fausse démocratie et à la fausse liberté que le pouvoir a offert par le passé», a ajouté le chef du parti dissous soutenant qu'il ne vise pas le pouvoir à travers cette proposition. «Je n'ai aucune ambition politique et j'en ai jamais eu. Ma seule aspiration est celle de voir l'Algérie libérée», a-t-il affirmé. Son ambition pour le pouvoir s'est effectivement effilochée avec les événements qui se sont succédé à l'arrêt du processus électoral en 1992 et après douze années de détention à la prison militaire de Blida. Abassi Madani n'a pas manqué, dans son entretien avec la même agence, d'accuser les autorités de créer une crise économique et sociale. «Les injustices d'un gouvernement peuvent tuer plus de personnes que n'importe quelle épée» a-t-il asséné à l'endroit du pouvoir algérien ajoutant que «si le gouvernement refuse de donner au peuple ses droits constitutionnels à la liberté, à la démocratie et à la justice», il est impossible de faire sortir «l'Algérie de cette crise économique et sociale énorme», a-t-il déclaré avant d'avertir: «La situation pourrait éclater.» Nouvelle conjoncture, nouveau discours de Abassi Madani qui a compris que la conjoncture internationale a changé depuis les attentats du 11 septembre. Il faut noter que l'empressement du chef islamiste à rappeler au président de la République ses engagements à propos de la réconciliation nationale, coïncide avec la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution de novembre 1954. Aussi, vise-t-il à se manifester de plus en plus au moment où Bouteflika s'apprête à faire un discours à l'Assemblée pour la première fois depuis son élection à la tête de l'Etat. Un geste qui consacre, au yeux des observateurs, définitivement le pouvoir du peuple. Par ailleurs, les observateurs n'ont pas écarté la présence du chef charismatique Hocine Aït Ahmed à Alger comme un avant-goût d'une réconciliation «globale et véritable». A travers le concept de réconciliation nationale, le chef islamiste a trouvé une issue pour renouer le contact avec le cercle présidentiel. L'objectif de l'ex-FIS, selon les mêmes observateurs, étant d'arriver à la création d'une autre structure plus respectueuse des lois de la République et renonçant au projet de République islamique en Algérie.