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Hommage aux familles de nos valeureux chouhada
NOVEMBRE 1954 - NOVEMBRE 2004
Publié dans L'Expression le 03 - 11 - 2004

Je veux écrire les lettres que je n'ai pas écrites dans les moments difficiles.
Pendant toute la durée de ma participation au combat libérateur contre l'armée française dans les maquis de la Wilaya IV j'avais toujours sur moi un petit carnet de route, j'y écrivais, je notais, des noms, des dates, des lieux, tous ces événements qui m'ont marqué à tout jamais, j'y écrivais et relatais nos embuscades et accrochages contre l'ennemi durant la révolution armée du 1er Novembre 1954.
Aujourd'hui je peux écrire les lettres que je voulais adresser aux familles de nos moudjahidine, aux parents de mes compagnons morts au champ d'honneur, en héros à mes côtés, en faisant le sacrifice suprême avec la conviction de n'accomplir que leur devoir de patriotes, de combattants de la liberté en se voulant anonymes.
Maintenant je veux écrire les lettres que je n'ai pas écrites dans les moments difficiles, ces lettres à nos jeunes enfants de notre valeureux peuple pour qu'ils n'oublient jamais nos vaillants chouhada morts au combat, face à l'armée française qui n'a pas hésité à pratiquer la politique de la terre brûlée, en détruisant tout sur son passage, brûlant maisons et forêts, se vengeant sur notre courageux peuple, sans armes, qui a consenti tous les sacrifices.
Par son engagement, il était plus qu'un soutien logistique, je n'oublierai jamais, et cela doit rester gravé dans la mémoire collective, l'accueil chaleureux, réconfortant et revigorant que nous réservaient les populations civiles en nous nourrissant et nous logeant après nos batailles et nos longues marches harassantes de plus de dix heures bien des fois.
L'héroïsme de Si Zoubir
En effet combien sont-ils de nos enfants de vingt ans, universitaires, les forces vives de l'Algérie de demain à connaître le chahid Si Zoubir de Soumaâ de son vrai nom Souleimen. Tayeb mort héroïquement au champ d'honneur le 22 février 1957 dans le douar de Sbaghnia dans la wilaya de Blida pour protéger la vie d'environ quatre cents étudiants et lycéens qui avaient fui les villes après la grève générale des huit jours et qui étaient en attente dans cette localité pour être envoyés en Tunisie et au Maroc pour l'acheminement d'armes à notre Wilaya qui en avait un grand besoin ou afin de terminer leurs études. Mais le nombre important d'étudiants et lycéens restés trop longtemps a attiré l'attention des soldats français, vers trois heures de l'après-midi, ils se sont retrouvés encerclés par une quinzaine d'hélicoptères «Sikorsky».
Heureusement que Si Zoubir était présent et a donné l'ordre aux étudiants sans armes de sortir des refuges, de fuir en remontant l'oued, lui seul a commencé l'accrochage en mitraillant les hélicoptères pour les empêcher de se poser et couvrir de la sorte le repli des étudiants, le feu était nourri, le combat était inégal. Si Zoubir a été mortellement atteint d'une balle de 12/7, et les parachutistes français se sont acharnés sur les étudiants désarmés. Si Zoubir est mort le 22 février 1957 ainsi que vingt-sept étudiants dont une étudiante. Allah yerham echouhada.
Aujourd'hui combien sont-ils de nos adolescents à connaître le nom du chahid Gouras Mohamed d'El Affroun, mort à l'âge de 17 ans dans la bataille de Tamesguida le 22 mars 1957 où notre commando Si Zoubir a anéanti les paras de Bigeard, des éléments d'élite d'Indochine, et expérimentés en guérilla? Ce commando, qui était dirigé par le lieutenant Guillaume, qui n'était autre que le fils du général Guillaume résidant au Maroc, était formé de soldats français volontaires, à qui on avait promis des promotions de grade a passé la nuit au maquis. La mission de ce commando était de faire une opération servant à démontrer à une délégation de sénateurs américains et français que la région de Blida était pacifiée et que seuls quelques rebelles communistes subsistaient.
Après la violente bataille qui a duré du matin jusqu'au soir, les troupes de Guillaume furent décimées et c'est ainsi que Si Zoubir et les vingt-sept étudiants tués quelques jours auparavant ont été vengés. La population française de Blida, la ville des Roses, était en deuil, leurs paras volontaires n'étaient pas revenus, ils avaient été abattus par notre commando Si Zoubir sous les ordres du chahid Si Moussa Kellouaz.
Aujourd'hui qui de nos enfants connaît le nom du chahid Benmira Tayeb de Theniet El Had dit l'Istiklal. Nous lui avons donné le surnom de l'Istiklal parce qu'un jour, en leur donnant des cours, il me dit «je ne connais ni l'indépendance, ni l'Istiklal, je suis venu pour combattre et je serai chahid» il est tombé au champ d'honneur le 26 avril 1957 durant la bataille de Sidi Mohand Aklouche dans la région de Cherchell. Lui qui la veille disait qu'il allait être chahid dans la bataille du lendemain et nous devancer au paradis Djenet El Ferdous notre frère El Istiklal a été touché par une roquette au ventre. Grièvement blessé, il était heureux de mourir pour l'Algérie, ses derniers mots ont été: «Prenez mon arme, transmettez mon salut à mes compagnons et si un jour vous êtes de passage au douar Mira, près de Theniet El Had, passez le bonjour à ma famille et embrassez ma fille et maintenant laissez-moi mourir, partez vite! Partez vite!» El Istiklal nous sommait de partir car il savait que les troupes françaises étaient derrière nous, il est mort le 27e jour de sidna Ramadan, la veille de Leilat El Kadri un vendredi.
Les chouhada Cherfaoui Ahmed de Cherchell et Ahmed Abbas de Mouzaïa, morts dans la bataille de Sidi Semiane, le 20 mai 1957. Pendant toute la durée de l'accrochage, l'ennemi sachant qu'on était dans la forêt y a mis le feu pour nous brûler, les youyous de joie et d'encouragement de notre peuple nous parvenaient de partout, pendant le combat, nous nous en sommes sortis miraculeusement en infligeant de lourdes pertes à l'ennemi. A la fin de cette bataille, l'armée française avait tout brûlé, le douar Nouari, la population accourut vers nous avec des bols de lait et de la nourriture en se fichant pas mal de leurs maisons qui brûlaient, c'est un vaillant peuple.
Takarli Slimane et Si Mahfoud de Khemis El Khechna, tombés au champ d'honneur le 04 mai 1957 dans l'accrochage de Zaccar contre le 29e BTA (bataillon de tirailleurs Algériens) ils sont morts alors qu'on s'apprêtait à prendre position sur la crête, quand soudain éclataient des coups de feu, l'ennemi tirait sur notre premier groupe, les voltigeurs français nous avaient devancés. Takarli Slimane et Si Mahfoud ont été tués par la même rafale de mitrailleuse. Ce jour-là nous étions trente-cinq moudjahidine contre huit cent cinquante soldats français ; nous en avions tués un grand nombre et fait un prisonnier pied-noir d'Oran.
Le 20 août 1957, la katiba El Hamdania, a été désignée pour harceler les villes de Cherchell, Novi, Damous, Gouraya Hadjret Ennous, Menaceur, Sidi Amar, Larhat et ce, sur un rayon de 80 kilomètres. A 19h 40, nous étions arrivés à l'endroit d'où on devait attaquer la caserne d'officiers français, nous étions l'un à côté de l'autre, tous armés de fusils Garand et de Mas 56, nos doigts sur la gâchette, nous savions que les autres groupes de moudjahidine de notre katiba El Hamdania étaient dans la même position que nous, prêts à exécuter les objectifs indiqués de l'ennemi, à 20 heures précises, nous avions commencé à tirer tous ensemble à la même seconde. C'était la panique dans la caserne de l'école des officiers de Cherchell, on entendait les cris de douleur des soldats français surpris par notre attaque, les sirènes hurlaient, c'était le branle-bas de combat.
Le commandant Si Baghdadi, de son vrai nom Allili Ahmed, de Boufarik est le premier à avoir rentré les armes de l'extérieur (de Tunis). A son arrivée dans la wilaya IV, au mois de mai 1958, il procéda à une répartition des armes aux trois zones de la wilaya IV: la zone I, Lakhdaria (ex-Palestro), la zone II, Blida, la Zone III Ouarsenis-Zaccar (Chlef). En juillet 1958, Si Baghdadi est appelé à se rendre de nouveau au Maroc, il eut cette fois moins de chance dans le Sahara entre El Bayadh et Mécheria, à une étape de la frontière algéro-marocaine, au sud-ouest d'El Aricha, il est surpris avec quelques compagnons en plein Chott El Gherbi, un espace plat à perte de vue et désespérément désertique, il n'eut d'autre choix que de livrer bataille aux soldats français avec l'espoir de ne pas être pris vivant et dans un sursaut suicidaire, il lance l'assaut sur l'ennemi en brandissant son arme au cri «d'Allah Akbar», il alla ainsi au devant d'une rafale de mitrailleuse de l'ennemi qui mit fin à une glorieuse vie dont les pages sont à écrire en lettres d'or.
Mon compagnon Brakni Braham la perle de l'équipe de football de l'USMBlida, profitant du passage du commando de la zone II sous le commandement de Si Ali Bendifallah de Cherchell qui nous racontait que Brakni est mort au champ d'honneur en donnant l'assaut pour récupérer un fusil mitrailleur lors d'un accrochage dans le douar de Brakna près de Cherchell. Brakni voulait ce fusil, coûte que coûte, parce que quelques jours auparavant en quittant notre commando pour une mission de grande importance, il y avait laissé sa mitraillette MA 49. c'était la coutume et le règlement de l'ALN. Armé d'un pistolet, il était déterminé à récupérer un fusil mitrailleur dans cette bataille, cet assaut lui a été fatal, Allah yarhem echouhada. Du côté de l'ennemi les pertes ont été très lourdes.
Noufi Abdelhak de Cherchell est mort dans la grande embuscade de Lala Ouda Damous, daïra de Cherchell le 28 février 1957, faite par sa section et le bataillon de commando de la Wilaya IV sous le commandement de Si Yahia contre un nombre impressionnant de soldats français. Cette embuscade menée avec brio par les moudjahidine était un véritable succès, plusieurs dizaines de véhicules ont été détruits, un important arsenal d'armes automatiques a été récupéré, un avion abattu et des centaines de soldats français tués. Si Noufi est mort ce jour du 22 février 1957 en essayant de démonter sur un Half Track une mitrailleuse 12/7 qui habituellement était juste boulonnée comme c'était le cas des mitrailleuses récupérées le 09 janvier 1957 dans l'embuscade de Tizi Franco menée par les chouhada, Si Hamdane, Si Zoubir et Si Moussa. Mais cette mitrailleuse était soudée et difficile à dégager. Si Abdelhak a été atteint par une balle tirée du seul Half Track qui avait échappé à l'embuscade, car il était resté en arrière.
Le commandant Si Yahia, chef de bataillon de la Wilaya IV, mort le 15 avril 1957 dans la bataille de Sidi Madani à Tamesguida entre Blida et Médéa, Si Yahia et sa section ont tenu une lutte acharnée à des milliers de soldats, toute une journée, les moudjahidine se relayant sur la seule mitrailleuse 24 /29 qu'ils avaient. Avant de mourir, chacun disait à l'autre «Oh, mon frère, fais ton possible, ne laisse pas les soldats français nous prendre la pièce 24/29». La bataille faisait rage, des centaines et des centaines de soldats français sont morts malgré l'appui de l'aviation. Si Yahia a tenu tête aux forces françaises, la 8e armée de Maison Carrée à El Harrach (Alger) a été dépêchée sur les lieux du combat. Si Yahia disait à ses moudjahidine «Tenez bon ; courage ; tirez, tirez, Allah Akbar» tard, le soir l'assaut a été lancé contre la section de Si Yahia et 4 combattants ont pu s'en sortir et ils ont sauvé la mitrailleuse 24/29 qui tenait beaucoup à coeur à tous les maquisards. Plus de 30 moudjahidine sont morts héroïquement avec leur commandant Si Yahia d'Aïn Hammam (ex-Michelet).
Ecrire l'histoire
Beaucoup de nos enfants et de notre peuple ne savent pas que l'ancien militant Si Belkébir Belahcen dit Koza de Khemis Miliana est mort héroïquement avec d'autres maquisards chouhada mitraillette à la main contre les soldats français à quelques mètres de l'infirmerie de l'ALN dans les monts de Zaccar, près de Mesquere et du douar Hououara au mois d'avril 1957.
Gloire à nos martyrs, les deux fidayine du Sahel, Si Billal Mouaz Moamed de Koléa, et Zouraghi Zoubir de l'USMB de Blida sont morts à Mahelma Zeralda les armes à la main contre l'ennemi français.
Ainsi je participe d'une façon ou d'une autre à travers les récits de lutte de notre peuple pendant la révolution du 1er Novembre 1954, à l'écriture de l'histoire et à retrouver les sentiments qui ont animé le peuple algérien, à savoir l'amour de la patrie, l'abnégation et le sens du sacrifice.
Aujourd'hui plus que jamais, je reste convaincu que l'enseignement objectif de l'histoire de notre pays et du combat libérateur de notre peuple contribuera à maintenir vivace la mémoire de nos martyrs qui ont donné leur vie pour que vive l'Algérie libre, indépendante, fraternelle et unie.
Quant à moi témoin vivant de la révolution du 1er Novembre 1954, je n'ai fait que mon devoir et je rends hommage aux familles de nos chouhada et au peuple algérien.
Gloire à nos martyrs.


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