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Une école pour la tolérance interreligieuse
CHEIKH AHMED AL-ALÂWÎ
Publié dans L'Expression le 29 - 09 - 2015


Le fondateur de la Tariqa Alâwiyya
«C'est une imposture, que de clamer au monde entier qu'on représente tout le peuple algérien, et que le peuple serait heureux d'immoler au mythe de la naturalisation, sa nationalité arabo-berbère, ses croyances, son passé, tout ce qui constitue son honneur.» Cheikh Ahmed al-Alâwî
A l'occasion de la célébration du centenaire de la fondation de l'Ordre soufi alâwî, la Maison de l'Unesco abrite, depuis hier, deux journées d'études que leurs promoteurs ont intitulées, sous le titre générique de, «L'Islam spirituel et les défis contemporains». Créé en 1914, l'Ordre soufi alâwî a été conçu, par son inspirateur Cheikh Ahmed al-Alâwî, comme une école pour la tolérance et la convivialité interreligieuses. Cette association fera son bonhomme de chemin jusqu'à se faire reconnaître par l'organisation des Nations unies en qualité d'ONG internationale. Ce qui lui vaut de promouvoir la pensée du fondateur de la Tariqa Alâwiyya, Cheikh Ahmed al-Alâwî en l'occurrence, une pensée qui montre comment tenter d'harmoniser et d'embellir le monde pour mieux servir l'humanité. Apporter à l'homme le confort matériel en adéquation avec la dimension intérieure et sur la base d'un équilibre permanent entre le profane et le sacré. C'est d'ailleurs en conformité avec l'enseignement de leur chef de file que les animateurs de cet ordre invitent «à ne pas rejeter la rationalité au détriment de la spiritualité, à ne pas s'enfermer dans une religiosité frileuse».
Les promoteurs de cette manifestation semblent particulièrement comblés par le fait que la délégation algérienne de l'Unesco parraine cette louable initiative. Ce qui n'est pas sans traduire, de la part de l'organisation onusienne, une certaine reconnaissance tant de l'universalité du soufisme, cette illumination soudaine fondée sur une conception altruiste du bonheur, la quête de la connaissance et la défense des territoires de l'Islam, que de l'enseignement spirituel laissé par Cheikh al-Alâwî.
Sanctifiée par Abû Hamid al-Ghazali, à travers son ouvrage fondamental judicieusement intiluté Ihiya ulum ud-dîn (La revivification des sciences religieuses) dans lequel il concilie la philosophie et la théologie la plus orthodoxe avec le soufisme qu'il considère comme le seul moyen de parvenir à la certitude, la pensée chère à Jalâl ud-Dîn Rûmi et à Mohammed Iqbal allait, surtout à partir du XVe siècle, connaître un essor considérable dans tout l'Occident musulman. C'est Atallah Dhina qui le souligne dans son ouvrage consacré aux royaumes de la région: «Aucune des parties du Maghrib ni Al-Andalus, aucune classe de la société, ni les grands ni le peuple, n'échappèrent à l'emprise du mysticisme et du culte des saints y compris les saints locaux ou hommes pieux, appelés en langage courant les marabouts.»
Cela n'a pas été sans remous, rapportent plusieurs sources: «Si les fuqaha malékites ont autorisé, sous réserve il est vrai, la vénération des marabouts, des uléma rigides n'en ont pas moins suspecté d'hérésie bien des mystiques.» Aux antipodes des jugements assertoriques de l'Association des Ouléma, Cheikh Ahmed al-Alâwî s'en est toujours pris aux jurisconsultes d'esprit desséché leur opposant la vertu du dialogue basé autant sur la foi que la raison et les échanges gnostiques. Cela ne l'empêchait pas pour autant de s'affirmer comme un propagandiste particulièrement zélé, s'il est permis de paraphraser Augustin Berque: «C'est dans cette voie qu'il est resté l'un des plus fermes défenseurs du sunnisme. Il a déployé un zèle fiévreux à dégager l'Islam algérien des végétations parasitaires qui l'ont peu à peu envahi.» Dans son hebdomadaire «El balagh el djazaïri», qu'il préparait minutieusement et dont chaque article était corrigé et complété par ses soins, souligne le fils de Jacques Berque, «ce marabout n'a cessé de combattre les basses superstitions maraboutiques et certains usages qui ont peu à peu enveloppé la foi maghrébine d'une épaisse gangue païenne».
Cependant, l'intolérance scrupuleusement affichée par les intégristes n'allait pas avoir raison d'une dynamique qui allait assurer une islamisation en profondeur de l'Occident musulman. Le système de philosophie religieuse fondé sur l'intuition et l'illumination soudaine allait, après avoir survécu aux Almohades, doter le Maghreb et l'Andalousie d'une idéologie en prise directe sur les préoccupations des humbles et partant, d'un Islam spécifique, mobilisateur à souhait autour de tâches pieuses comme de la défense de l'entité.
Cheikh Ahmed al-Alâwî a été parmi les premiers à prêcher la rénovation et l'enseignement de la langue arabe dont il déplorait la décadence. Il exaltait le retour à l'Islam des Compagnons, l'Islam de la révélation prophétique et non celui des interprétations dogmatiques, outrageusement perverties par le travail théologique postérieur.
Nationaliste et séparatiste, ce soufi l'était assurément pendant que ses accusateurs se voyaient bien enveloppés dans le manteau de l'assimilation et de la naturalisation.
Pour Augustin Berque, il combat de toutes ses forces l'imprégnation occidentale, et pour convaincre, sa prose jaillit impétueuse, bouillonnante, chargée d'images qui s'entrechoquent: «Sa campagne contre la naturalisation des indigènes fut d'un timbre littéraire très aigu.» La naturalisation, écrit le saint homme, porte atteinte à la foi, à nos croyances, à nos coutumes, à notre statut personnel: «Ô peuple, jusqu'à ce jour, fidèle à ta religion; ton attachement à l'Islam t'a placé au premier rang des pays musulmans; tu as hérité d'un passé glorieux, le passé de tes ancêtres qui n'ont jamais trahi le pacte qu'ils ont conclu avec Dieu; tu as toujours respecté ce dépôt sacré. Peux-tu sacrifier ton passé, faire bon marché de tant de vertus, ou permettre à des parvenus, guidés par l'intérêt, de le faire? C'est une imposture, que de clamer au monde entier qu'on représente tout le peuple algérien, et que le peuple serait heureux d'immoler au mythe de la naturalisation, sa nationalité arabo-berbère, ses croyances, son passé, tout ce qui constitue son honneur. O Peuple! Tu as donné à la France des preuves de ton dévouement. Tu mérites une récompense. Cette récompense tu l'obtiendras. Mais elle ne saurait être liée à ta naturalisation.»
Cette position ne l'empêchait pas, cependant, d'avoir un regard bienveillant sur l'Autre. Pour Augustín Berque, Cheikh Ahmed Alâwî nourrissait, à l'égard de toutes les religions, une avide curiosité. Il semblait avoir, des données scripturaires, voire de la tradition patristique, des notions assez étendues: «Il goûtait particulièrement l'Evangile de Jean et les Epîtres pauliniennes. Son sens métaphysique, fort délié, lui permettait de concilier le concept de pluralité avec celui de l'unité des trois «personnes» dans une identité consubstantielle.»
C'est cette tolérance à toute épreuve qui aura pesé dans le choix porté sur ce vénérable érudit qui aura passé l'essentiel de sa vie à combattre les excès, les intégristes et leur lecture rigide des textes sacrés sans oublier toutes ces chapelles qui tentent de chahuter les vertus du dialogue interreligieux.
C'est justement cette sagesse légendaire de cet homme que l'Ordre soufi alâwî entend perpétuer, notamment grâce aux Journées d'études dont la mission première consiste à proposer des éléments de réponse aux questions de savoir: comment Cheikh Ahmed al-Alâwî a-t-il mené son projet de réforme de l'Islam? De quelle manière a-t-il oeuvré dans le sens d'un rapprochement entre Islam et Occident? Que peut enfin apporter sa pensée universelle, et celle du soufisme en général, aux sociétés contemporaines, dans leur difficile quête d'une culture de paix et du vivre-ensemble?


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