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L'angoisse d'Alger à Marseille
IL Y A DIX ANS, L'AIRBUS D'AIR FRANCE ETAIT DETOURNE
Publié dans L'Expression le 07 - 12 - 2004

Bien avant le 11 septembre 2001, le GIA allait offrir au monde un «attentat-spectacle» d'envergure.
Le 24 décembre 1994, un commando du GIA, dirigé par Yahia Abdellah, prend possession de l'avion Airbus d'Air France. Une heure après, les salles de rédaction du monde entier suivent avec intérêt ce qui va advenir du vol AF 8969. Pendant cinquante-quatre heures, les 227 passagers vont vivre l'angoisse et la tourmente. La France, confrontée à une des plus grandes prises d'otages de son histoire, est divisée entre l'envie d'intervenir et le respect de la souveraineté de l'Algérie.
Le doute s'installe et la confrontation politico-militaire semble s'exacerber : d'un côté Liamine Zeroual, Mokded Sifi et Meziane Cherif, tentent de libérer les otages par une intervention des troupes d'élite de l'armée, d'un autre, Balladur, Pasqua et Juppé privilégient la négociation et le contact direct avec les preneurs d'otages. Retour sur une affaire qui avait éclaboussé, pour longtemps, les relations algéro-françaises.
Secret d'actualité de M6 a tenté, avant-hier, de cerner les zones d'ombre qui ont entouré les «54 heures d'angoisse», sans apporter les réponses aux questions qui se posaient mais en exhumant des témoignages, des enregistrements et des films de grande qualité. En occultant les efforts faits par les autorités algériennes pour aboutir à une issue sans effusion de sang, le reportage suggère une inanité de la part de l'Etat algérien dans sa gestion de la crise.
La mère de Yahia, le chef du commando, avait été même jointe aux pourparlers, en vain. Un commando de l'armée avait même pris position autour de l'avion, immobilisé sur le tarmac de l'aéroport d'Alger, et attendait le signal pour intervenir. Les témoignages de Saïd Bouchez, Ferhat Mehenni et l'hôtesse Claude Bertrand, rendent compte de l'état d'esprit des pirates de l'air et des émotions des passagers. Les uns craquent, crient, les autres sont figés par la peur. Un policier algérien, un diplomate vietnamien, puis un cuisinier français, sont tour à tour abattus froidement et jetés hors de l'avion. Le gouvernement français, par le biais de ses trois hommes forts du moment, Edouard Balladur, chef de l'Exécutif, Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur et Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, acculent leurs homologues algériens.
«Meziane Chérif va mentir en nous affirmant qu'il avait l'affaire en main alors que les messages alarmistes affluaient», suggèrent ces trois hommes forts de François Mitterrand. Le GIA, en 1994, venait d'unifier ses factions et présentait une organisation au summum de sa force. Le groupe preneur d'otages fait partie de l'élite combattante du GIA de la Casbah et des Eucalyptus, «les signataires par le sang» dirigé à l'époque par Yahia Kronfel, mais qui, retenu à la dernière minute, avait laissé faire le chef du groupe des Eucalyptus, Yahia Abdellah.
Celui-ci est accompagné de trois autres kamikazes : Makhlouf Benguettaf, Salim Layadi et Mustapha Ckekiène, des jeunes djihadistes issus de la jeunesse néo-urbaine et âgés entre 24 et 28 ans.
Sous la pression de Paris, l'avion quitte Alger pour Marseille-Marignane. Les preneurs d'otages font preuve d'un prosélytisme exceptionnel: plusieurs passagers sont gagnés par le «syndrome de Stockholm», qui consiste à prendre corps avec son propre bourreau. Le pilote est le premier à être contaminé. A Paris, les décisions sont prises: l'avion ne doit pas repartir vers la capitale et si il décolle, des chasseurs de guerre devraient l'immobiliser «de force». A Marseille, les négociateurs tentent de gagner du temps. Yahia sent la ruse et suspend tout contact. Il entrouvre même la porte et mitraille la tour de contrôle où étaient assis les deux négociateurs, dont Alain Gehin. «Nous sommes des moudjahidine de Dieu, vous ne nous faites pas peur. Nous sommes des hommes qui ne reculent pas et nous pouvons maintenant, si nous le voulons, faire exploser l'avion», répond Yahia à Gehin.
Manipulateur rusé, Gehin tente encore de gagner du temps. «Aucun camion-citerne ne veut s'approcher de l'avion et vous ramener le kérosène nécessaire à votre départ vers Paris». Les preneurs d'otages «sont déjà ailleurs». Le contact est définitivement rompu. Les quatre hommes récitent la «prière de la peur», tradition guerrière accomplie avant chaque grand événement «de très grande importance». La radio est éteinte. Après cinquante-quatre heures, le Gign, groupe d'élite de combat de la gendarmerie française donne l'assaut. Trois membres du GIA, exténués par près de trois jours de veille, sont immédiatement tués, le dernier blessé va faire face, pendant de longues minutes, à une bonne vingtaine des membres du Gign avant d'être finalement blessé puis abattu après avoir blessé neuf gendarmes.
L'assaut fini, les passagers libérés, les animosités commencent. La France tient Alger pour responsable d'un laisser-aller criminel au niveau des accès de l'aéroport. Un froid s'installera pour longtemps entre les deux pays et ne s'estompera qu'aux alentours de l'année 2000.
Le lendemain de l'assaut, Djamel Zitouni donne l'ordre de venger ses hommes et c'est le chef de la katibat de Blida, Saoudi Abdelkader, qui va partir en Kabylie assassiner quatre pères-blancs. «Quatre pour quatre», commentera Zitouni à Chréa, entouré de son état-major. Bien avant Al Qaîda et le 11 septembre 2001, le GIA voulait offrir un spectacle à la démesure de ses ambitions : faire exploser l'avion au-dessus de la Tour Eiffel dans un show médiatico-terroriste que réussiront les attentats de New York et Washington sept ans plus tard. Aujourd'hui, on en est encore à évaluer l'hypervisibilité des effets de la «sainte terreur islamiste», alors que la sous-visibilité de ses causes ne permet pas encore d'en tirer les conclusions qui pourraient mettre fin à la déferlante de la violence.


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