Beji et Hafedh Caid Essebsi Conforté par l'intervention lyrique de Rached Ghannouchi qui a qualifié Nidaa Tounès et Ennahda comme étant «les deux ailes de la démocratie tunisienne», le congrès a connu d'autres moments houleux... Samedi et dimanche, la Tunisie a eu le regard tourné vers Sousse où se déroulait, le congrès de Nidaa Tounès.Houleux, le congrès de la première force politique a rassemblé, les 9 et 10 janvier, plusieurs centaines de militants ainsi qu'un grand nombre de personnalités et d'invités, dont le président de la République, Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha et Slim Riahi, chef de l'UPL. Le président Béji Caïd Essebsi a prononcé un discours devant les cadres du parti, retransmis en direct par El Wataniya 1. Ne pouvant occulter la crise qui affecte Nidaa Tounès, il a affirmé qu' «il faut faire preuve d'abnégation et placer les intérêts de la patrie au-dessus de tout». Pour lui, ce congrès aura surtout été un moment de «réflexion», de «méditation» et de «dialogue profond». «Un dialogue qui reflètera la diversité au sein du parti». Il a exhorté les Nidaïstes à se mobiliser autour des valeurs et des principes «qui ont valu le succès dans les élections précédentes», balançant au passage une citation de Bourguiba qui disait: «La Tunisie n'est mise à mal que par les siens, alors soyez vigilants sur ce point!». S'attardant sur les objectifs et la ligne du parti, Caïd Essebsi a rappelé que Nidaa est un parti centriste et doit le rester. «Toute personne qui s'écarte de cette orientation n'a plus de place à Nidaa. «Nous avons fait de vous une nation modérée,» c'est ce que Dieu disait dans le Coran», a-t-il plaidé. Conforté par l'intervention lyrique de Rached Ghannouchi qui a qualifié Nidaa Tounès et Ennahda comme étant «les deux ailes de la démocratie tunisienne», le congrès a connu d'autres moments houleux, avec les désaccords sur le règlement intérieur du parti que certains congressistes ont exigé de discuter, point par point. Le malaise était encore au rendez-vous et les couacs ont suivi, avec la sortie de quelques députés venus participer au conclave pour mieux s'en désolidariser, au su et au vu des médias. En effet, la tenue d'un meeting à Tunis par Mohsen Marzouk, au même moment, avait pour objectif d'enfoncer le clou des divergences qui minent ceux qui n'ont pas encore claqué la porte et la nouvelle direction coopté par le maître de Carthage. Celui-ci a adoubé son fils, Hafedh Caïd Essebsi, en qualité de directeur exécutif du parti, membre d'un secrétariat général fort de treize autres membres. Dans une liste d'autres noms en attente de missions, figure l'ancien patron de Nessma TV, Nabil Karoui. Béji Caïd Essebsi a donné la mesure de son approche des soubresauts qui agitaient le parti depuis septembre dernier. En intronisant Hafedh Caïd Essebsi, le chef de l'Etat semble n'avoir tiré aucune leçon des évènements qui ont secoué des pays comme l'Egypte ou la Syrie. Plus grave, il donne à croire que la révolution du Jasmin n'aura été, en définitive, qu'un leurre. A ce stade du feuilleton, on se demande ce qu'il peut bien rester du parti majoritaire qui l'a porté au pouvoir. Et pour cause, on dénombre une nouvelle série de 21 démissions du bloc parlementaire, composé à l'origine de 86 députés. Un bloc qui se trouve relégué à la deuxième position au sein de l'assemblée, derrière Ennahdha. Ces démissions font du parti islamiste la formation majoritaire, avec 69 élus, et vont obligatoirement affecter le paysage parlementaire. Mais les choses ne vont pas s'arrêter là. Nidaa Tounès est désormais une formation où les courants s'affrontent, au gré du tourisme politique et des retournements de vestes, sous l'oeil bon enfant mais très aiguisé de Rached Ghannouchi.