Le procès tire à sa fin Les derniers avocats ont déploré la volonté de certains de briser l'ingéniosité. Avec les trois dernières interventions de Me Youcef Merrah pour Faouzi Bachir Meziane et Me Izerouine et Me Madani pour Belkacem Boumediene, le marathon des plaidoiries s'est achevé hier. Mohamed Regad, les deux conseillers et les deux jurés étaient franchement à bout. Plus de trois semaines, à raison de plus de 8 h de débats avec trois à quatre suspensions d'audiences, tout ce beau monde avait presque crié de... joie. C'est fini. Le procès est achevé. Ne reste que le verdict fixé à une date ultérieure, car de mémoire de chroniqueur, nous n'avions jamais entendu un président du tribunal criminel fixer une date précise pour la sentence. Le pavillon maudit de la «préventive» A 9h30, hier donc, c'est le tour de Me Izerouine alors que Me Youcef Merrah avait plaidé la veille juste après Me Mostefa Bouchachi qui s'en est donné à coeur joie pour ce qui est de l'indépendance de la justice et même celle du juge tout court. Et Me Bouchachi avait un argument de poids: l'attitude du juge d'instruction du pôle de Sidi M'hamed-Alger qui a été «ficelé» debout par un officier de l'ex-DRS lequel lui avait ordonné d'éloigner le contrôle judiciaire à l'encontre de Meziane junior et le remplacer par le mandat de dépôt, juste après la brillante plaidoirie de Mostefa, le jeune barbu des «Sources», Me Youcef Merrah avait, lui aussi, lancé son hameçon sur El Ismaïl Djaâfar qu'il n'a nullement ménagé, très convaincu qu'un avocat a une noble mission: celle de dire les vérités. Et l'une des vérités qu'il a balancées, avait consisté à lancer une fleur en direction du tribunal criminel: «J'avais l'intention de passer cinq minutes d'éloges. Mais voilà: les confrères qui m'ont précédé ont tout dit. Puis, le conseil de Meziane Faouzi Bachir entrera dans son couloir préféré: expliquer objectivement ce qui est reproché à l'accusé Faouzi-Bachir qui doit encore se remémorer les nuits noires passées sous le pavillon maudit de la «préventive». Me Merrah est décidé à ne rien laisser passer. Il est décidé à tout entreprendre pour alléger, un tant soit peu, la future sentence à l'issue des délibérations. «On a parlé de la locomotive et du train!», s'exclame Youcef en fin de plaidoirie, au cours de laquelle le défenseur a estimé que si le procureur général avait évoqué le «train», c'est pour prouver que le boulot diabolique d'El Ismaïl qui a su s'en tirer à bon compte, avait fini par aller vers les «voyageurs» du train que sont les cadres de Sonatrach qui a payé l'excellent travail des Allemands que tous les témoins avaient loué», a ajouté le défenseur qui a soutenu que El Ismaïl n'a pas voulu de Med Faouzi mais de «Meziane» le nom du P-DG de Sonatrach et «El Ismaïl a tiré les marrons du feu en empochant du groupe, car on a cru à tort que les Allemands ne pouvaient pas obtenir le marché». «Oui, ils pouvaient l'obtenir sans El Ismaïl qui a pourtant utilisé Meziane comme label.» L'assistance était abasourdie. D'ailleurs, ouvrons une parenthèse pour évoquer la colère des deux avocats de Boumediene au moment où ils avaient regretté que certains conseils de la partie civile affirmaient qu'en 2004 et 2005, il n'y avait plus d'actes terroristes au Sud! «Non, je regrette. En 2016, sur les JT des images d'armes saisies et de terroristes pris le démontrent! Et donc, en 2004 et 2005, Chakib Khelil qui siégeait au Conseil des ministres, savait des choses sécuritaires et donc, il y a eu des instructions sur le «gré à gré». Une autre ire de Me Madani vaut le coup d'être reprise ici. Il s'agit d'instructions légales qui sont devenues les armes de l'accusation. La loi 408 a fait réagir, réagir à satiété. Il s'agit de la nécessité d'aller vers l'urgence et donc le gré à gré. «Voilà ce qui différencie Sonatrach des autres sociétés. Et les responsables n'ont rien à se reprocher!», avait clamé l'avocat chauve en colère... L'avocat à la barbe rousse et grisonnante a vite fait d'entrer dans le vif du sujet en présentant son client Belkacem Boumedienne qui aura été ce «moyeu» de cette roue nommée procès Sonatrach. Les débats ont démontré autre chose que ce que contient l'arrêt de la chambre d'accusation. Il s'écrie hors micro et loin de la sono: «A mon avis, la qualification a devancé les faits», explique le défenseur qui ira jusqu'à vouloir prouver que l'accusation de constitution d'association de malfaiteur est, à elle seule, infondée car les contradictions étaient énormes car il a été établi avec une analyse boîteuse. «Oui, l'arrêt est ainsi.» Puis l'orateur s'accroche aux faits et à l'accusation. Alors que Me Izerouine s'enfonçait dans ses démonstrations, en salle quasi vide, vit ses dernières heures en attendant la fin des deux dernières interventions. L'avocat baisse le ton pour articuler que son client est l'objet d'une grave méprise si l'on prend en considération ce malheureux fait prouvé que l'accusation a devancé les faits. Elle anticipe le jugement dans ces tristes considérations que laisse traîner le mandat de dépôt et la présomption d'innocence dont on entend parler au cours des campagnes de réformes de la justice, est alors out. «Comme si on était condamné à vivre un dossier dans le futur. C'est scandaleux! On condamne à 5, 6 ans avant la tenue du procès!» lance le conseil qui regrette que le tribunal soit devant le fait accompli. La détention préventive qui dure joue de mauvais tours aux suspects, aux magistrats et à l'opinion publique qui doit penser: «Si ce n'était pas avéré, ils n'auraient jamais été incarcérés!» Mettre en taule un cadre âgé comme Boumedienne, est en soi une honte pour l'honneur de la justice et aucun magistrat ne peut démontrer que tout suspect est innocent jusqu'à la preuve de sa culpabilité. Et Me Izerouine de regretter que le juge d'instruction du pôle a ramassé Belkacem Boumedienne, a bâti sa conviction après la confrontation de sa conviction après la confrontation de Boumedienne et El Ismaïl. «Oui! Le juge a demandé au deuxième de dévisager le premier, qui dit: «C'est Belkacem Boumedienne! Cela a suffi pour envoyer pour 6 ans Boumedienne. Me Khaled Dhina un des avocats d'El Ismaïl suit aux côtés de Me Fatima Ladoul, Me Chift, Me Hakim Aïnouz l'intervention du défenseur de Boumedienne avançant des termes de feu tels celui-ci: «Où est donc la présomption d'innocence dans mon pays? Qu'avait de moins en garanties Boumedienne pour ne pas bénéficier de la liberté provisoire ou du contrôle judiciaire? Oui même si je me réjouis pour ceux qui en ont bénéficié! Boumedienne a vu sa liberté s'évaporer à la suite d'une seule réponse de El Ismaïl alors que ce même juge se devait de poser d'autres questions pour être mieux édifié! Qu'Allah pardonne à ce valeureux juge d'instruction du pôle!» Et puis l'avocat refuse le concept de Sonatrach, la vache à traire! Non, elle est notre mère nourricière!», ajoute Me Izerouine qui dit être heureux de féliciter cette entreprise et ses cadres et les travailleurs. Puis l'orateur a passé 18 minutes à tomber sur ce juge d'instruction qui se devait d'entendre les témoins à charge et à décharge. Ensuite, il annonce que son confrère Me Madani détient 40 documents où l'innocence de notre client y est! Boumedienne n'y était pour rien dans cette triste affaire. Il en était loin et il en est toujours loin en ce 27 janvier 2016, 10h05. «Tous les actes de gestion le prouvent!» Celui qui vole, qui détourne, ne laisse aucune trace!» articule le défenseur qui répète que «la culture juridique de Boumedienne est inégalable», avait clamé en 110 minutes Me Izerouine qui cèdera le micro au dernier plaideur de ce long procès qui a été marqué par les exclamations, les larmes, les sanglots, etc. Me Madani s'attaque d'emblée à l'incarcération. Il va droit sur le piétinement des droits de l'homme que l'Islam embrasse avec vigueur. Il s'attaque à la détention préventive «reine» devant «l'esclave» présomption d'innocence. A toute épreuve S'adressant à Belkacem Boumedienne, cette fierté de l'Algérie que beaucoup de pays voudraient avoir sous la main: «On en a fait un malfaiteur qui mérite six ans d'attente à l'ombre (sa fille et Mme Zenasni, assises côte à côte pleurent alors que le défenseur s'égosille à poser des questions sans réponses. Le juge d'instruction va avoir son compte pour sa mauvaise gestion du dossier où la police judiciaire a eu le beau rôle... néfaste. «Le 13 janvier 2010, le verdict a été prononcé à l'encontre de Boumedienne envoyé à son tour en taule alors que le dossier est vide», s'est écrié la robe noire qui se dit honteux car le monde entier nous regarde: un juge d'instruction ou un officier de police? Et voilà que l'avocat laisse échapper ses documents, ce dont profite le président pour lever l'audience pour un quart d'heure au cours duquel nous avions eu trois minutes pour rendre un hommage appuyé en direction des magistrats, jurés parquetiers, greffiers (deux) et l'huissier qui a fait preuve d'une disponibilité à toute épreuve tout comme à Me Mouines Lakhdari, le membre du Conseil de l'Ordre à féliciter pour tout ce qu'il a entrepris en direction de ses nombreux confrères, notamment ceux qui sont venus de l'intérieur du pays. Un hommage aussi est à lancer vers les acteurs qui ont vu leurs proches souffrir durant trente jours sans broncher. Enfin, une mention spéciale pour les éléments de la Dgsn qui n'avaient pas que ce procès mais toute la bâtisse du Ruisseau. Quant à Me Habib Benhadj, Me Saddek Chaïb, Me Khaled Dhina, Me Benamar Aïd et Me Youcef Merrah, ils sont tout simplement bons pour un salut mérité pour leur assiduité quotidienne. A l'issue des derniers mots de Me Madani, Mohamed Regad lève l'audience après avoir fixé la date du verdict à une date ultérieure. Evidemment, le dernier mot des accusés et inculpés aura été: relaxe et acquittement! Rendez-vous le 2 février 2016 pour le verdict...