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Au nom de la culpabilité...
«LA FILLE INCONNUE» DES DARDENNE
Publié dans L'Expression le 19 - 05 - 2016

Si l'on devait s'essayer à faire de l'humour, de bon matin, on commencerait ainsi: «Avec leurs deux Palmes d'or (en 1999 et 2005), les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne n'ont fait que patauger dans l'eau de leur Meuse natale, en réalisant leur dernier film 'La Fille inconnue'', en lice pour la course à la Palme d'or.» Le pitch? Se déroulant en Belgique, à Liège et ses alentours, «La fille inconnue» a pour héroïne, une jeune femme, Jenny (Adèle Haenel), médecin généraliste. Un soir, après l'heure de fermeture de son cabinet, Jenny entend sonner, mais ne va pas ouvrir. Le lendemain, elle apprend par la police qu'on a retrouvé, non loin de là, une jeune fille morte, sans identité. Et voilà «l'Inspectrice Jenny» qui se met en tête de retrouver l'identité de cette jeune femme de couleur et, accessoirement, le coupable de son meurtre... Elle avance si bien, tout en tournant en rond (et nous avec) qu'elle se fait rappeler à l'ordre par l'inspecteur Ben Mahmoud qui lui signale un «hors-jeu». L'on connaissait la démarche philosophique des frères Dardenne, qui a servi, continuellement, de sous-bassement à leur geste artistique. Chez «Les Frères» (comme on les appelle affectueusement), cette réflexion philosophique repose sur une réflexion chrétienne, dans sa pure inflexion laïque, elle se reconnaîtrait sans aucun doute dans celle de Paul Ricoeur, en ce sens que dans leur cinéma, le duo belge s'est dès le départ intéressé au rapport entre l'imagination dans la vie spirituelle, afin de déboucher sur cette «poétique de l'existence», c'est ce que le penseur qualifie de «régénération des capacités éthiques fondamentales du sujet, en dépit de l'expérience du mal et de la faute».
Et quand on pense que le sentiment de faute, justement, a pour corollaire direct, la culpabilité.
La culpabilité ronge Jenny, la jeune médecin, qui va s'en servir (involontairement?) de clé afin d'ouvrir une autre cellule, dans laquelle se serait emmuré le vrai coupable du meurtre de la jeune black, un jeune père de famille (Jérémie Régnier) qui avait voulu plus que ce que lui permettait son argent en «faveurs tarifés». Refus de la jeune prostituée (gabonaise), énervement, colère et courte course-poursuite, chute et décès...
Le coupable viendra «confesser» son acte fatal, à Jenny, (et qui s'en doutait déjà) dans le huis clos de son cabinet, en pleine nuit. Elle lui conseillera de réserver ses aveux à la police...
Surgit alors ce morceau de dialogue (une pépite), de la bouche de Jenny à l'endroit du meurtrier:
- «Appelez la police, faites-le?
- Pourquoi?
- Pour elle?
- Elle? Mais elle est morte!...
- Non, puisqu'elle est encore dans votre tête.»
Et nous sautons de plain-pied dans le noyau de la pensée de Ricoeur articulée autour d'une réflexion sur la volonté, l'agir et la question du mal. Tout en questionnant «les structures essentielles de la volonté (le volontaire et l'involontaire), à la lueur de la fragilité humaine et l'expérience du mal.
Et les Frères Dardenne, en aboutissant au même constat que pour leur héroïne, comprennent alors que la réflexion seule ne peut extraire cette racine inscrutable du mal, développent alors une méthode indirecte, qui consiste à fournir à leur personnage principal d'autres outils qui portent un nom, ce que les penseurs appellent l'herméneutique (que Ibn Rochd appelle «Ta'ouil») liée là à la symbolique du mal. La culpabilité au centre de cette thématique «dardanienne», qui avait tout pour tomber à pic tel un fil à plomb, emprunte des chemins sinueux qui désolent le spectateur de leur film, à cause de ce «lestage» théorique, que la multitude de non-dits ont rendu intelligible...
Certes, ne dit-on pas que la culpabilité parle une langue étrangère?...
Sauf, que dans «La Fille inconnue», on est en plein cinéma muet... de sens!


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