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"I, Ken Loach", cinéaste-citoyen...
PALME D'OR
Publié dans L'Expression le 24 - 05 - 2016

«Le très manichéen «I, Daniel Blake», pur film de gauche pour spectateurs de droite», ainsi commenta, amer (?) un quotidien parisien, qui fut, un temps, à gauche, avant de glisser vers un no man's land, pratique pour ceux qui ont cessé de croire, pour songer à avoir...
Il a été de toutes les luttes du temps où une Aurasienne, Zina Rouabah, le dirigeait, un poing levé et l'autre sur le clavier, c'était du temps de Sartre et Genet... Mais, on ne peut être et avoir été... Alors autant ne pas les blâmer, d'avoir la mémoire courte, eux qui font partie de la masse qui croit que la pensée est celle que l'on croise sur Facebook ou bien celle contenue dans la centaine de mots qu'autorise twitter... Ces fameux réseaux sociaux qui stérilisent, dans la plupart des cas, toute réflexion.
Créant cette «pensée fast-food» qui peut oser, la calomnie intellectuelle, et qui, donc, laisserait croire que l'Anglais Ken Loach s'adresserait à la droite (sic), alors qu'il en dénonce, à longueur de films, les travers, et en filigrane la politique criminelle du libéralisme, et son symbole le plus ultra restera, l'ex-Dame de fer, Margaret Thatcher, dont il dénonça de manière implacable, la politique de démantèlement du secteur public, puis celle de John Major dont il montra dans «The Navigators», les désastreuses conséquences de sa politique de privatisation de «British Rail»...
Initiateur du Free Cinema, dans les années soixante-dix, Ken Loach peut-être considéré, aujourd'hui, comme le père du free-reality, ainsi pourrait-on nommer ce courant cinématographique qui a ouvert la voie à une génération de cinéastes, en Angleterre, comme Mike Leigh, Stephen Frears, héritiers directs du mouvement initié par Tony Richardson et dont le pionnier restera et à jamais, John Grierson, le géniteur du documentaire social, dont le premier docu «Drifeters» (1929), vu un jour à la... Cinémathèque algérienne, il y a des
décennies, lors d'un séjour, à Alger, de Nicholas Ray, l'auteur du fameux «Johnny Guitar»!
Ken Loach en adepte du Réalisme-Social, aura fini, avec le temps, à façonner une méthode cinématographique, dont l'ingrédient principal, demeure l'empathie. Celle qui permet le maintien à équidistance respectueuse, entre le soutien et le respect du point de vue, de la position de l'Autre...
L'autre façon de fabriquer ces films réside dans le secret de cette excellente direction d'acteurs, qui fait qu'on a toujours l'impression, chez Loach, que les interprètes ne jouent pas leur rôle, mais vivent ce quotidien que l'on voit défiler à l'écran.
Dans cette façon unique de miser sur la réaction spontanée des comédiens, qui, à plusieurs reprises pendant le tournage, ne sont pas tenus informés de tous les détails de la scène à filmer.
Dans «Kes» (1969), Billy Casper, un ado d'un quartier pauvre de l'Angleterre profonde, tente de grandir, entre une mère souvent absente et un frère violent. Une fois, au détour d'une école buissonnière, il récupère un bébé-faucon qu'il adopte et s'attachera à lui, au point de voler un manuel de fauconnerie, dans une librairie, pour le dresser...
Mais un jour, sur le tournage, le jeune apprenti comédien découvre le rapace mort, il en est secoué et en voudra à Ken Loach, qui ne lui avait pas dit qu'il avait remplacé le faucon auquel le gosse s'était attaché, par un autre déjà mort...
Au final, la scène est bouleversante. La même émotion gagnera le spectateur, et la comédienne qui, dans «Raining Stones», sera violemment choquée de voir le personnage de l'usurier, lors du tournage de la scène, lui réclamer, en guise d'acompte, sa propre alliance...
En fait, Loach désire toujours transmettre l'émotion que l'on éprouve lorsque l'on se sent menacé d'être dépossédé de ce qui nous est le plus précieux, l'alliance et toute l'histoire d'amour qu'il y aurait autour, ou de manière plus empirique, la nécessité pour l'humain de ne pas se sentir atteint dans sa dignité ou lésé par manque de respect.
«Recevoir la Palme, c'est quelque chose d'un peu curieux car il faut se rappeler que les personnages qui ont inspiré ce film sont les pauvres de la cinquième puissance mondiale qu'est l'Angleterre. C'est formidable de faire du cinéma, et comme on le voit ce soir c'est très important. Le cinéma fait vivre notre imagination, apporte au monde le rêve,mais nous présente le vrai monde dans lequel nous vivons. Mais ce monde se trouve dans une situation dangereuse. Nous sommes au bord d'un projet d'austérité, qui est conduit par des idées que nous appelons néolibérales qui risquent de nous mener à la catastrophe. Ces pratiques ont entraîné dans la misère des millions de personnes, de la Grèce au Portugal, avec une petite minorité qui s'enrichit de manière honteuse. Le cinéma est porteur de nombreuses traditions, l'une d'entre elles est de présenter un cinéma de protestation, un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants, j'espère que cette tradition se maintiendra», a déclaré, dimanche dernier, à Cannes, Ken Loach en recevant sa seconde Palme d'or, après celle reçue, en 2006, pour «Le Vent se lève»... «Nous approchons de périodes de désespoir, dont l'extrême-droite peut profiter. Certains d'entre nous sont assez âgés pour se rappeler de ce que ça a pu donner. Donc nous devons dire qu'autre chose est possible. Un autre monde est possible et nécessaire», a ajouté, en guise de conclusion, le réalisateur le plus récompensé de l'histoire du festival de Cannes, avec sept distinctions sur 13 participations... Ardent partisan de la cause palestinienne, Loach adhère, en 2006, à l'association «Boycott, désinvestissement et sanction contre Israël».
En 2009, il est membre du comité de parrainage du «Tribunal Russel sur la Palestine»... En 2015, il sera à l'origine d'une pétition appelant au boycott du festival de Locarno qui avait accepté un financement d'une activité par Israël...
Ce que la direction du Festival suisse, s'empressera de démentir, ce qui n'empêchera pas des cinéastes progressistes israéliens de joindre leur voix à celle de Ken Loach, pour appuyer l'appel à ce boycott. Dimanche dernier à Cannes, c'est ce citoyen-cinéaste de talent qui a été récompensé par un jury, récompensé par George Miller, le réalisateur australien de «Mad Max»...
PALMARES
Palme d'or: I, Daniel Blake (Moi, Daniel Blake) de Ken Loach. Son film suit sur le parcours kafkaïen d'un chômeur et d'une chômeuse...
Grand Prix: Juste la fin du monde de Xavier Dolan. Huis clos familial survolté avec Gaspard Ulliel, Vincent Cassel et Marion Cotillard, Nathalie Baye, Léa Seydoux.
Prix d'interprétation féminine; Jaclyn Jose dans le film Ma' Rosa du réalisateur philippin Brillante Mendoza.
Un cri de révolte contre la corruption aux Philippines.
Prix d'interprétation masculine: Shahab Hosseini, l'acteur iranien du film Le Client, d'Asghar Farhadi. Une terrible descente aux enfers, prélude à la chute d'un couple, en bute à la question du pardon.
Prix du jury: American Honey de Andrea Arnold. Road movie d'une bande de jeunes dans l'Amérique profonde.
Prix de la mise en scène: Ex æquo entre le Français Olivier Assayas pour Personal Shopper et le Roumain Cristian Mungiu pour Baccalauréat.
Prix du scénario: Le Client de Asghar Farhadi.
Caméra d'or: Divines de Houda Benyamina.
1er film. Première «bombe» filmique allumée par une incandescente cinéaste franco-marocaine. A surveiller comme le lait sur le feu...


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