«L'opération de privatisation nécessite obligatoirement d'améliorer l'environnement juridique.» Des juristes et des patrons ont indiqué jeudi lors de l'université d'hiver organisée par la Confédération des cadres de finances et de comptabilité (Ccfc) dans les locaux de la Fondation Friedrich Ebert qu'ils sont «inquiets» quant à la «manière accélérée» par laquelle le projet de privatisation est mis sur les rails. «C'est une démarche suicidaire en ce moment du fait que l'Algérie ne s'est pas encore préparée sur le plan juridique et financier pour faire la transition vers une nouvelle orientation économique», fera remarquer Dr Mohamed Bahloul, président de l'Institut Idrh d'Oran. L'orateur a relevé l'absence d'une structure unique de pilotage des programmes de privatisations. « Il est fondamental que l'Etat instaure, a priori, un consensus qui devra constituer le starter de cette nouvelle politique économique », a-t-il indiqué aussi. Et d'expliquer sur sa lancée qu'«il y a une faible préparation s'agissant des modalités et des techniques de pilotage opérationnel». Ne souffrant d'aucune ambiguïté, le passage vers l'économie de marché doit se faire dans un cadre «global et rationnel», car, précise le conférencier, «des pays ont échoué dans leurs opérations de privatisation en l'absence d'une bonne préparation sur le plan juridique, financier, mais aussi celui relatif à l'évaluation du capital et à l'analyse sectorielle». Selon M.Bahloul, la démarche gouvernementale, telle qu'elle est adoptée actuellement, souffre «d'énormes contraintes» ayant trait notamment, «au grand déficit constaté en matière de formation et des modalités d'évaluation». Tout en faisant l'historique du processus de privatisation, l'invité de la Confédération des cadres des finances et de comptabilité constate l'absence d'une concordance entre une phase et une autre. Ce dernier estime en effet que le passage vers l'opération de privatisation nécessite obligatoirement d'améliorer l'environnement juridique qui constitue présentement «le maillon faible de l'Exécutif». Quant à la seconde étape, a-t-il renchéri, celle-ci constitue l'ouverture du capital et l'intensification des rapports de partenariat avec des coopérateurs nationaux et/ou étrangers ayant l'attention de reprendre des entreprises publiques. Or, le gouvernement, en l'absence «d'une feuille de route bien étudiée», s'est engagé pour un processus «accéléré» contenant des «contraintes et des carences énormes». Sans se lasser, le conférencier, soutenu par les juristes présents à l'instar de M.Nacer Eddine Lezzar, invite le gouvernement à réviser sa page avant de la soumettre à la pratique. Parmi les carences relevées par l'orateur, la faiblesse, voire l'absence, d'un marché financier.