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L'urne vue de Paris
LEGISLATIVES:DES ALGERIENS DE FRANCE S'EXPRIMENT SUR LES LEGISLATIVES DU 4 MAI PROCHAIN
Publié dans L'Expression le 06 - 04 - 2017

«L'essentiel, c'est que tous les partis politiques prennent part à ces élections législatives»
Les législatives du 4 mai approchent à grands pas et les harangues se multiplient. Des scènes de ferveur, de critique et d'allégresse se déclinent comme dans un acte de théâtre, voire une pièce de Molière. Ils sont pour, ils sont contre, ou encore ni pour ni contre, mais tous en parlent. Peu restent indifférents à cet évènement majeur. À Paris, comme à Alger, les conversations à ce sujet battent leur plein et à tout-va. Ces élections sont certainement cruciales et déterminantes. L'avenir de l'Algérie en sera fait. Dans la course à la députation ô combien convoitée, ils sont nombreux à s'y lancer. Les candidats, tout comme les partis. Pour cela, il a fallu d'abord se battre pour figurer sur une liste.
Ensuite, entamer la course qui mène à l'hémicycle du palais Zighoud-Youcef. Comme toute course digne de ce nom, celle des législatives a fait couler des perles de sueur et surtout alléger la bourse des prétendants aux sièges. Certes, l'apprentissage de la démocratie ne fonctionne pas comme la mécanique d'une montre suisse. C'est pourquoi les arrêts et les incidents sont fréquents. Mais cet exercice que constituent les élections législatives reste positif puisqu'il engage le citoyen dans un jeu où il doit redéfinir ses aspirations politiques et faire l'état des lieux de ses libertés. C'est aussi une opportunité donnée à nos ressortissants vivant en France de renouer avec l'Algérie, l'espace d'une élection, et d'exprimer leurs avis et préoccupations. C'est donc avant tout jugement ou considération, un acte citoyen pour eux en parlant de ces élections et de se sentir Algériens.
Les Algériens de France concernés
Dans Paris, les Algériens, fortunés ou démunis, travailleurs ou sans papiers, de l'Est ou de l'Ouest, se disent concernés. «Je vis à Paris mais je m'intéresse aux élections en Algérie par curiosité, certes, mais aussi pour me faire une idée de la manière dont se déroule le débat politique. Ce qui est intéressant dans ces élections, c'est le fait de voir que tous les partis politiques ont répondu présents, y compris le FFS et le RCD. Tout cela donne du crédit à ces élections, je pense!», dit Kamel, un radiologue à l'hôpital Lariboisière, qui a quitté le pays dans les années 1990. Et d'ajouter: «Toutefois, je remarque que le débat est pollué par l'argent et les passe-droits. Je trouve que ce sont là des fausses notes qu'il faut corriger en urgence.»
«Tahya El Djazair», nous dit Aâmi Saïd, un vieux de la Fédération de France du FLN, tenancier d'un bistrot dans la banlieue parisienne. «L'essentiel, c'est que tous les partis politiques prennent part à ces élections législatives et c'est le peuple qui en sortira vainqueur. Le dernier mot lui revient. Vive l'Algérie libre et indépendante», entonne «Aâmi» Saïd, en levant un poing ferme vers le ciel. Et de se ressaisir subitement en ajoutant: «C'est vrai que le niveau des députés de ces derniers temps est déplorable. Même pas foutus de savoir lire et écrire ou encore de prononcer un discours digne d'une Assemblée nationale! J'espère que cette fois-ci ce sera la bonne et qu'on pourra être fier de nos élus du peuple.»
L'embarras du choix
Dans un supermarché, O.Amar, un Français d'origine algérienne, avocat de profession, relève quant à lui: «Dans ce jeu de confrontations, il faut dire que chaque parti a un rôle à jouer, mais une chose est certaine, les élections législatives prochaines sont les plus démocratiques si l'on se réfère à la composante diverse des partis en course... Et dire que le FFS et le RCD vont participer aux mêmes élections! Pour moi, c'est un bon signe. Un autre fait aussi est à mettre en exergue: il s'agit de la forte présence des partis islamistes. Les électeurs auront l'embarras du choix. A charge pour le pouvoir de respecter le verdict des urnes. Croyez-moi, je reste optimiste quant à l'issue de cette élection.»
Z. Youcef, un client de passage, nous déclare entre deux petites gorgées de café, l'air un peu trop sérieux: «C'est un atout pour l'avenir du pays de voir des élections où des islamistes, des laïques, des partis proches du pouvoir se disputent les sièges à l'APN.» Nous lui demandons sa profession, mais sans prêter attention, il poursuit: «Il nous faut relever la tête et être à la hauteur des autres nations. Nous avons tout ce qu'il faut pour briller dans le concert des nations. Nous avons toutes les tendances politiques et qu'on laisse juste le peuple s'exprimer et choisir ses représentants. Le cafetier, qui assistait à notre discussion, se dit lui content de constater lors des émissions sur les chaînes de télévision algériennes «une profusion d'expressions de part et d'autre, sans gêne ni restriction».
Et d'enchaîner: «Je suis fier de mon pays mon frère. 'Ya khouya'' regarde la télé et tu verras de tes propres yeux! 'Wellah'' c'est à peine imaginable. C'est tout le monde qui parle et critique librement. Même 'el ikhwa'' (les islamistes) participent et avec plusieurs partis politiques. Bouteflika a fait son boulot mon frère et on a la paix depuis un bon moment. Maintenant, c'est à nous de faire le reste. Incha Allah tout se passera comme on le souhaite.»
«Le boycott fausse les pistes»
Mahmoud, décorateur dans une entreprise de rénovation, se révolte contre les partisans de la non-participation: «Les Benbitour, Benflis, appellent au boycott!? Qui sont-ils ces gens-là? Quel crédit ont-ils? Ils étaient ministres pour certains et députés pour d'autres, non? Ils sont toujours payés par l'Etat! Qu'ils arrêtent de fausser le jeu démocratique. Je suis sûr qu'ils ne peuvent même pas satisfaire aux critères de participation, voilà la vraie raison de leur boycott. Son ami, Aziz, un beur qui se dit de gauche, enchaîne, mais par un autre raisonnement: «Le boycott n'a jamais constitué une alternative. Si nous étions dans une configuration où tous les partis politiques revendiqueraient une Assemblée constituante et que le pouvoir insiste pour les législatives, oui. La majorité aurait pu exiger l'élection d'une Constituante d'abord, tout en mettant en échec l'élection de l'APN qu'on juge non représentative ou qu'elle ne remplit pas sa mission de pouvoir législatif ou encore pour redéfinir les règles du jeu démocratique. Mais ce n'est pas le cas. Le peuple a le choix entre plusieurs candidats et plusieurs listes. D'ailleurs, ils se ressemblent tous politiquement. Mais appeler au boycott c'est fausser les pistes aux électeurs.»
Accoudée au zinc d'un café dans le Xe, Hakima, comptable, s'insurge contre ceux qui critiquent d'ores et déjà le déroulement des prochaines élections et les qualifient d'un non-évènement. «Ils se trompent», estime-t-elle. «Qu'ils commencent au moins à jouer! Qu'ils mettent leurs billes en jeu, qu'ils fassent l'effort de gagner et après on verra! Mais critiquer dès à présent le déroulement des élections n'est pas sérieux.
A voir la cartographie des prétendants à l'Assemblée populaire nationale, il faut dire que tous les partis ont répondu à l'appel. Mais la question qui se pose: pourquoi on participe? On promet monts et merveilles alors que l'on crie d'avance à la fraude? Mais le peuple n'est pas dupe. Si le taux de participation aux dernières élections législatives n'avait été que de 44%, il faut admettre qu'il reflète un sentiment général, où le peuple algérien paraît prendre ses distances de cette course aux rentes. Il semble même tourner le dos à cette chambre des députés qui se soucie trop peu de son quotidien de plus en plus difficile. Mais si le peuple se sent parfois mis à l'écart par ses gouvernants et par ses représentants une fois installés, les élections législatives n'en demeurent pas moins la plus grande chance offerte au citoyen d'élire ses représentants.
Hocine, un doctorant en Science Po, souhaite voir les prochains parlementaires à la hauteur de leur mission car jusqu'ici «on a remarqué que les députés de l'émigration par exemple s'occupent plus de leur promotion personnelle. Ils profitent de leur statut pour mieux gérer leurs affaires et celles de leur entourage immédiat. Tandis qu'ils ignorent complètement les soucis de la communauté algérienne, qui est vraiment lésée.
Les vrais pouvoirs
Abordant l'argent qui entache la présente élection, K. Ouhecen, professeur de physique à Versailles, explique: «Comme toute élection où les enjeux sont évidents, ces élections ont drainé leur lot de scandales, d'affairisme, de corruption et d'argent sale. Et ces scandales ne concernent pas seulement des candidats issus du régime, ils ne sont pas nécessairement des enfants du système.» Et d'enchaîner: «Les nouvelles technologies ont fait savoir aux Algériens que même en France ou ailleurs, des candidats à l'élection présidentielle traînent aussi des casseroles et sont mis en examen et restent toujours en course à la présidentielle! Au fil des décennies, le peuple algérien doit acquérir l'expérience du jeu politique et son choix sera reflété dans la composition de l'APN de demain, le futur lit présidentiel.
Car, c'est lui qui votera quoi que l'on dise! Mais s'il faut faire des reproches ensuite, c'est à l'institution judiciaire qu'il faut les adresser et même aux médias. Ce sont aussi ces pouvoirs qu'il faut mettre devant leurs responsabilités pour dénoncer d'abord ces scandales et ouvrir des enquêtes ensuite. En effet, longtemps hanté par un cabinet noir qui gère la maison Algérie, le peuple algérien aujourd'hui se moque éperdument d'entendre des candidats à la présidentielle française évoquer l'existence d'un cabinet noir à l'Elysée!
Pour ce qui est de la future configuration de l'APN, A. Arab, ancien député reconverti dans le monde des affaires à Paris, précise: «Les partis comme le FLN et le RND confirmeront, à coup sûr, leur emprise sur l'APN. Ce n'est pas parce qu'ils sont proches du pouvoir, mais beaucoup plus parce qu'ils ont su associer leur sigle à celui de la victoire.
Traditionnellement, ils restent bien ancrés, légitimité historique oblige, et ce n'est pas propre à l'Algérie.» Les choses étant ainsi, ce sont les seules organisations politiques qui peuvent se présenter sur tout le territoire national et ce grâce au soutien massif dont ils disposent parmi les différentes couches de la société. L'ancien parti unique garde son prestige au sein du peuple grâce à cet héritage historique et que beaucoup refusent de remettre en question.»
Mesurer le poids de l'islamisme
Si les places du FLN et du RND sont déjà garanties, la plus grande question reste celle de la place des islamistes. À l'heure de l'information rapide et instantanée, au moment où la mouvance islamiste fait une avancée sans précédent même sur le Vieux Continent européen, qu'en est-il de cette Algérie qui a connu les horreurs de la décennie noire? Voltaire, éminent philosophe du siècle des Lumières, disait «la politique est le moyen pour des hommes sans principes de diriger des hommes sans mémoire». La mémoire sera-t-elle un facteur non négligeable qui orientera le vote du citoyen? Quelle est la place de l'Algérie dans l'équation des enjeux géostratégiques régionaux et internationaux? Quelle sera sa place dans l'équation de l'islamisme mondial? Les Algériens désirent-ils véritablement voir leur religion régir leur quotidien, être dotée d'une chambre de députés faisant passer des lois anachroniques et rétrogrades? Si beaucoup d'Algériens sont frappés par le syndrome de la religiosité ostentatoire sont-ils prêts pour autant à s'abandonner à la mouvance islamiste? Ce sont là des questions auxquelles on pourra répondre au vu des résultats des prochaines élections.
Que peut un député?
«La situation est critique, on est tiraillé au quotidien par des conditions de vie de plus en plus difficiles. Les salaires stagnent et deviennent dérisoires suite aux dernières augmentations des prix. Le régime impose une politique d'austérité suite à la baisse du baril de pétrole et ce sont les couches pauvres et les travailleurs en général qui en payent les frais. Il sera très difficile de convaincre d'aller voter dans des conditions pareilles», relève F. Mourad, journaliste, avant d'ajouter, avec amertume: «Certes, une élection, c'est toujours un moment de faire de la politique, de mener campagne, de défendre des idées, des programmes, en disant faire tout cela au nom du peuple, des masses, des paysans, des femmes, etc. Mais il faut avouer aussi qu'à l'ère de la mondialisation, les pouvoirs et les centres de décision se situent en dehors et souvent très loin des Parlements, en Algérie, comme en France ou ailleurs. Que peuvent vraiment les députés à l'ère de la mondialisation? Que les candidats commencent par être honnêtes avec eux-mêmes!». C'est dire en fin de compte que l'hémicycle Zighoud-Youcef devra être composé de députés responsables, ayant leurs positions et assumant leurs tâches sérieusement. Car l'avenir du pays reste fragile et constamment sous menace. Comme lors de toute élection, de nombreux pronostics sont évoqués, mais cette échéance peut toutefois apporter son lot de surprises. Seul l'avenir nous le confirmera. Le vote reste le geste le plus fondamental de tout citoyen conscient de son devoir et de l'avenir de la société dans laquelle il vit.


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