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«Je me bats pour que mon pays se porte mieux»
SHAMY CHEMINI (EX-ABRANIS) À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 09 - 05 - 2005

C'est pour participer à l'éveil intellectuel et spirituel de l'enfant que cet auteur compositeur et interprète a réalisé des contes pour enfants sur CD.
Le groupe Les Abranis a marqué une génération. Leur arrivée sur la scène artistique dans les années 70 et 80 marqua un tournant décisif dans la volonté farouche de leurs membres d'affirmer leur identité et culture amazighes. Shamy Chemini qui faisait partie de ce groupe, a revendiqué de tout temps ses origines en prônant sa langue maternelle comme un fait naturel. Pacifique cependant, l'artiste téméraire ne pouvait échapper aux foudres de ses détracteurs et payer le prix de sa «différence». Lui qui, ô comble de l'ironie, dit «être contre tout discours politique». Mais à cette époque, avoir des idées et les revendiquer en musique, cela s'apparentait, comme disait Kateb Yacine, à des «maquisards de la chanson». Linda, Tizizwa, Avahri, pour ne citer que celles-là, sont devenues des classiques. L'âme libre, au franc-parler, Shamy Chemini est un homme «orgueilleux» qui se plaît à lutter contre «la culture du misérabilisme et de la fatalité». Torturé durant son jeune âge, il en a vu de toutes les couleurs après... En six ans, il a édité en France 20 livres. Au fait de l'actualité, il a coréalisé un film sur le Printemps noir pour dire autrement ses idées. Avec une verve renouvelée mais limpide, un fier Kabyle se confie.
L'Expression : Pourriez-vous nous parler du documentaire que vous avez réalisé sur le Printemps noir en Kabylie et pourquoi ce choix pour un chanteur?
Shamy Chemini:J'ai co-réalisé ce film avec Nadia Dalal, en 2001, lors des événements qui ont eu lieu en Kabylie. Par la suite, il est sorti en France. Il a été pendant un mois à l'affiche à Montparnasse. J'ai continué à tourner avec ce film dans toute la France à travers une projection qui a toujours été suivie d'un débat. J'en ai fait à peu près 200. Mon film a été projeté en Italie, en Angleterre, évidemment en France, plus de 200 fois. Il a été retenu récemment pour le Festival d'Athènes, à Montpellier et en Espagne. Il y a 15 jours, il a été retenu pour le festival de Tétouan au Maroc, d'où je reviens. En Algérie, il a été projeté à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou puis il y a 5 jours, à l'université de jeunes filles de Tizi Ouzou, Boukhalfa.
Pourriez-vous nous parler maintenant sur le fond, le choix du sujet qui est assez délicat...
Le documentaire relate le mal-vivre, les conditions sociales et culturelles des jeunes qui sont sans travail et sont à la charge de leurs parents et particulièrement les émigrés. J'ai donné aussi la parole aux personnes âgées qui ont des difficultés à communiquer avec leurs enfants et la société en général. J'ai donné la parole également aux élus, les maires pour donner leur point de vue sur la situation du pays, sans oublier les artistes. Au final, j'ai fait une synthèse de ce que je pensais sur l'Algérie et le Printemps noir durant cette période. Il est important de signaler que ce documentaire a été réalisé en toute clandestinité. Cela s'est fait à un moment où personne ne pouvait entrer en Kabylie. Je profite de cette occasion pour remercier le Mouvement citoyen ou laârouch qui m'ont donné l'autorisation de tourner avec leur protection tout en recevant des brimades et des avertissements de la part des autorités qui menaçaient de saisir mes cassettes. J'ai fait le nécessaire par la suite pour que ces K7 puissent parvenir en France sans qu'elles soient saisies. Le film, par ailleurs, est passé sur Berbère TV au moment du Printemps noir, c'est-à-dire en 2001. Quand il a été projeté, j'ai tenu à être présent au village, en compagnie des gens que j'ai filmés. Il est encore une fois passé récemment sur Berbère TV, le 18 avril dernier ainsi que sur Beur TV et une chaîne privée en France. Chose inattendue, il est également projeté en Algérie, mais de façon un peu forcée et il est retenu pour le mois d'octobre de cette année, au Festival du cinéma amazigh à Ghardaïa.
Quel est le regard que vous portez sur le pays, notamment à travers ce documentaire?
Cela fait 42 ans que je vis en France, faut pas l'oublier. Je suis de plus autodidacte. J'ai appris tout ce que je devais apprendre aux cours du soir en France et ce, à partir de l'âge de 20 ans. Il faut aussi signaler que j'ai été torturé par l'armée française à l'âge de 13 ans. Je suis le cofondateur du groupe Abranis. Cela fait plus de 35 ans que je me bats pour que ce pays se porte mieux. Entre autres, j'ai écrit Orgueilleuse Kabylie en 5 tomes. J'écris des contes pour enfants aussi, des livres de prénoms berbère, et ce, sans jamais diminuer mon effort pour que ce pays sorte des ténèbres. J'ai compris, selon ce que j'ai pu voir, que nous avons un problème intergénérations.
Les gens, au-delà de 60 ans, ont une vision du passé et malheureusement, celle-ci est aussi celle qui nous dirige. Pour moi, ceux qui nous dirigent sont périmés, je le dis crûment. Pour la simple et bonne raison qu'eux-mêmes ne savent pas ce qu'ils veulent. Ils demeurent sous l'influence du colonialisme. Eux-mêmes reproduisent ce schéma du néocolonialisme envers les autres. Ils sont de plus tiers-mondistes et sous-développés, d'autant plus qu'ils ne reflètent pas la dignité et la fierté de l'Algérien, car un Algérien quand il disait quelque chose par le passé, il le faisait ! Eux, ils font la danse du crabe : «On avance de deux pas, on recule de quatre». Ce ne sont même pas des gens qui tiennent parole. Je peux citer un exemple: j'ai une amie qui va venir de France. On lui a fait toutes les misères possibles pour l'obtention de son visa. Il y a énormément d'Européens qui souhaitent visiter l'Algérie et qui veulent l'aider. Mais les difficultés qu'ils rencontrent au niveau des autorités sont monstrueuses. On a l'impression que l'Algérie est une prison immense et qu'eux en détiennent les clés. Donc, nous avons deux portes : l'aéroport et le port. Toute pensée qui pourrait faire avancer le pays est étouffée. Pour revenir au documentaire, je dirais qu'ils sont imprégnés d'une mentalité d'un autre âge et ils empêchent notre jeunesse de vivre...
L'artiste engagé que vous êtes conforte clairement sa position politique, aujourd'hui...
Ceci n'est pas un fait nouveau, car on ne m'a jamais tendu le micro. Je peux vous dire que c'est moi, avant tout le monde, qui ait donné le feu vert pour le 20 avril. Hélas, le mouvement du Printemps berbère a été monopolisé par 2 ou 3 chanteurs... C'est la première fois de mon existence que je participe aux festivités du Printemps berbère. Pourquoi ? Parce que quand on ne m'invite pas, je ne m'impose pas. Je suis bien élevé. Le 20 avril a été séquestré par des malades mentaux qui s'enrichissent sur le dos de notre culture. Alors, le seul moyen qu'ils ont trouvé pour se maintenir, c'est de faire exactement la même chose que le pouvoir et de suivre son chemin. Moi, mon premier bras de fer avec le pouvoir remonte au 4 octobre 1973, je l'ai mis au défi et j'ai gagné. J'avais signé un contrat avec la Télévision algérienne pour chanter 4 chansons. C'était lors du 1er Festival de musique algérienne. On craignait qu'on chante en anglais à cause de notre look à l'époque. Les journalistes ne cessaient de nous interroger sur la langue dans laquelle nous allions chanter, je leur répondais qu'on allait chanter dans notre langue maternelle. Bien entendu, dans leur esprit, cela ne pouvait être autre chose que l'arabe. Etant donné que celui qui parlait en kabyle, à Alger, finissait en prison. Une fois le rideau levé, à la salle El Mougar et en direct, nous commencions à chanter en kabyle. Au bout de la 4e chanson, le rideau tombe. On me confisque par la suite mon passeport. Il a fallu que je négocie durant plus de deux mois avec Salim Belkadi, qui était le réalisateur à l'époque et qui insistait pour que nous rechantions les mêmes titres en arabe. Il n'en était pas question pour moi. Entre parenthèses, j'avais reçu une invitation de la part de la présidence. Je n'ai pas jugé utile d'y aller. Parce que moi, je fais de la musique, pas de la politique. Mais en ce qui concerne mon activité culturelle, cela touche effectivement à la politique. Et comme on ne me laissait pas parler, je préfère donc m'abstenir. J'ai rien à faire à la présidence. Des années plus tard, lors des Jeux méditerranéens, on est venu chanter pour nos athlètes et notre jeunesse. Le ministre de la Jeunesse et des Sports et de la Culture est venu nous voir pour nous demander pourquoi nous n'étions pas venus il y a deux ans, à la présidence... Je me souviens aussi qu'en 1975, j'ai fini en garde à vue. On m'a interdit de spectacle à Sidi Aïch. Il a eu un bras de fer avec le sous-préfet qui voulait même me faire torturer. Je lui ai dit que «cette façon de procéder, je l'ai connue du temps de la France, vous n'allez pas me la répéter!». Ce qui m'a sauvé, c'est la lettre que j'ai reçue, dûment signée par le ministre de la Culture, qui leur a dit de me laisser chanter. Au lieu de le faire à 14 heures de l'après-midi, nous avons chanté à 1 h du matin. Le sous-préfet qui avait perdu la partie m'a même demandé s'il pouvait assister au spectacle, je lui ai répondu : «Jamais de la vie !». Effectivement, moi je suis quelqu'un à part, car je n'ai jamais adhéré à un parti politique, d'opposition ou pas, à une association quelconque. J'ai toujours essayé de rester simplement artiste.
Quelle est votre actualité?
Je viens de réaliser 10 CD de contes pour enfants. Cela m'a demandé une somme colossale de travail. A l'intérieur du CD, vous y trouverez un livret de 20 pages, illustré, en couleurs. J'ai travaillé avec 8 artistes-peintres différents. Pourquoi des contes pour enfants? Parce que c'est le b.a.-ba de la vie. Il n'existe pas un peuple qui n'a pas d'assise. Blanche Neige est un conte de chez nous, je peux le prouver. Le conte, c'est la première parole qu'on adresse à un enfant, qui lui ouvre des horizons multiples au niveau intellectuel, spirituel, matériel et surtout le rêve, car sans rêve, la vie ne vaut pas d'être vécue. Ce que je constate dans mon pays, c'est que tout est folklorisé. On ne s'intéresse qu'à la chanson. On lui attribue une place fondamentale qui, pour moi, est facultative. Pour revenir à ces CD, j'ai pris 11 conteurs et conteuses différents. J'ai fait intervenir ces conteurs sur support sonore avec un livre de 20 pages en kabyle et en français. Celui qui souhaite apprendre son conte par coeur, a un support musical, sur lequel il peut lire le texte ou le chanter. Je suis le producteur de ces CD. Une partie sortira en France et l'autre chez Igawawen. Ils seront disponibles en librairie et chez les disquaires, ici en octobre et en France en décembre.
Quel souvenir gardez-vous de votre rencontre avec Jimmy Hendrix, l'autre rebelle?
Quand je l'ai rencontré, il n'avait pas encore cette dimension qu'il a aujourd'hui. J'ai aussi rencontré Coluche, on était potes pendant une dizaine d'années. Le sommet des sommets, c'est Bob Marley. Je me souviens, en 1974, lorsqu'il était parti solliciter la maison d'édition La voix du globe et qu'il s'était fait refuser. On lui avait dit que s'il ne chantait pas en anglais, il resterait un illustre inconnu.
Il avait déjà enregistré quelques 45 tours en Jamaïque, mais sans plus. Voyant sa déception, je l'ai invité à prendre un verre. Lui ne parlant pas français, moi pas l'anglais, on se comprenait tout de même entre gens de la corporation. Je comprenais sa déception de ne pas être accepté pour enregistrer un album. Un an plus tard, il est devenu la star qu'on connaît aujourd'hui...


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