Un génocide jamais reconnu par la France L'objectivité dans les écrits historiques demeure relative en dépit de leur évolution en termes d'application des méthodes scientifiques particulièrement durant le XIXe siècle, a affirmé lundi dernier à Constantine, le docteur Ahmed Sari, professeur d'histoire à l'université Emir Abdelkader des sciences islamiques. Intervenant lors d'une conférence historique sur «l'objectivité et subjectivité en histoire» à l'occasion du 72e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, le conférencier a estimé «qu'il n'y a pas d'objectivité absolue en histoire qui n'est point une science exacte». Concernant cet épisode historique, Ahmed Sari a relevé, à ce propos, «qu'alors que les Algériens évoquent un massacre ayant fait plus de 45.000 victimes, la partie française en parle comme évènements sporadiques ayant causé la mort d'un petit nombre d'Algériens poussés à la rue par la situation économique et la sécheresse de 1945 sans être mus par une quelconque revendication politique indépendantiste». Pourtant, a-t-il ajouté, «le rapport de la commission chargée d'enquêter sur ces manifestations rejette la cause économique des manifestants n'ayant à aucun moment tenté de piller les hangars de blé malgré la pénurie de denrées d'alors». L'universitaire a également rappelé que le mouvement nationaliste de l'époque a souvent relevé que «les manifestations étaient restées pacifiques pendant plusieurs jours dans les villes où les forces coloniales françaises n'ont pas recouru à la répression». «La question du nombre de victimes de ces massacres estimée par la revue El Bassaïr de l'association des Oulémas musulmans algériens en 1948 de 80.000 morts, exige davantage d'investigation de la part des historiens et chercheurs», a encore soutenu cet universitaire, en soulignant que beaucoup d'Algériens disparus avaient fui leurs villes et villages de crainte des représailles. Datant les premiers écrits historiques d'Algériens des années 1930 avec Moubarek El Mili, Ahmed Toufik El Madani et Abderrahmane El Djillali qui affrontaient l'hégémonie de l'école française de l'histoire, le docteur Sari a également insisté sur la critique et la vérification des données contenues dans les mémoires et témoignages historiques. Cette conférence historique initiée par la direction de wilaya de la culture a suscité un riche débat avec le public présent.