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Hadda ou la misère faite femme
ALGER-SETIF EN TRAIN
Publié dans L'Expression le 03 - 07 - 2005

«J'en ai vraiment marre de la rue. Mon seul souhait c'est de me marier et de fonder un foyer, même si je suis consciente qu'un tel désir est désormais irréalisable» conclut-elle avec une pointe d'amertume.
Hadda, une SDF de 26 ans, a raté sa jeunesse de femme épanouie. Depuis le 28 mai dernier, jetée à la rue et définitivement exclue du domicile familial par ses propres frères, elle n'est plus, aujourd'hui, que l'ombre d'elle-même. Le visage empreint de beaucoup de laideur, n'ayant pas été certainement depuis des jours au contact de l'eau, les yeux foncés au bout des paupières, pareils à deux trous au dessous d'un front crasseux, la jeune Hadda est aussi d'une physionomie très affaiblie. «Je ne suis plus moi-même(...) J'étais belle, il n'y a pas si longtemps», nous déclare-t-elle sur un ton grave en exhibant sa carte nationale d'identité, et en pointant du doigt une photo sur laquelle un sourire exprimait le bien-être.
Aujourd'hui, ce sourire l'a quittée, semble-t-il, pour toujours. Et c'est là l'impression que reflétait son regard vide de toute sensation et dépourvu de tout sentiment. En ce mercredi 29 juin, la jeune Hadda s'est engouffrée sans avoir payé dans un train de nuit à destination de l'est du pays. Elle s'apprête à faire ce voyage sans autre objectif que celui de fuir Alger où elle subissait des agressions. «On m'a frappée à plusieurs reprises. Là où je vais, à Alger, il y a toujours de jeunes voyous qui s'attaquent à moi(...) je n'arrive à dormir seulement qu'une seule nuit par semaine», a-t-elle ajouté. «J'en ai vraiment marre de la rue. Mon seul souhait c'est de me marier et de fonder un foyer, même si je suis consciente qu'un tel désir est désormais irréalisable» conclut-elle avec une pointe d'amertume.
Au départ, lorsqu'elle était montée dans le train, et vu qu'elle ne s'était pas acquittée des frais du voyage, elle n'a pas osé prétendre à un siège pour s'asseoir à l'intérieur d'un des wagons. Hadda était en fait restée debout dans le couloir exigu séparant les deux premières voitures du train qui venait de s'ébranler à destination de la wilaya de Sétif, capitale, des Hauts Plateaux. Elle était planquée là, au milieu d'un brouhaha assourdissant que provoquaient de jeunes voyageurs qui, comme elle, ont pris le train clandestinement et dont la plupart étaient, soit ivres, soit dans un état second après avoir ingurgité des psychotropes.
Cette nuit-là, il y avait la présence dans le train de quelque 18 éléments d'intervention rapide, tous relevant de la Gendarmerie nationale ayant organisé une sortie sur le terrain, dans le cadre de ses missions de lutte contre la criminalité. Cette fois-ci, c'est la wilaya de Sétif qui a été choisie. Laquelle mission chapeautée par le colonel Ayoub, a vu la participation d'un conglomérat de journalistes et photographes de la presse nationale venus nombreux pour couvrir l'opération. C'est un brigadier du groupe d'intervention rapide qui, lors d'une fouille opérée à l'intérieur du train, a repéré la jeune Hadda et l'a l'introduite dans la première voiture, qui transportait l'équipe des journalistes. En outre, la fouille des gendarmes s'est soldée par l'arrestation de deux jeunes individus âgés d'une vingtaine d'années, ayant été interpellés pour motif de consommation de drogue. C'est là, le seul incident majeur qui mérite, ici, d'être souligné. Autre fait caractérisant le voyage nocturne, effectué ce mercredi, par train, en direction de la capitale des Hauts Plateaux, il s'agit de l'afflux considérable des voyageurs de tous âges. Hommes, , enfants et personnes âgées se sont tous entassés à l'intérieur du train à telle enseigne que celui-ci affichait complet dès son départ d'Alger.
L'ambiance à l'intérieur du train était empreinte de sérénité et l'atmosphère qui régnait dans tous les wagons était plutôt détendue.
Alcool, drogue et prostitution
Notre arrivée à Sétif a eu lieu aux environs de 4h du matin. L'on nous achemine de la gare ferroviaire vers l'hôtel El-Hidhab qui se veut l'une des plus anciennes structures touristiques ayant ouvert ses portes, nous indique-t-on, en 1927. Le lendemain, aux environs de 16h, le commandement de la gendarmerie de Sétif organise une sortie sur le terrain pour traquer les criminels en des endroits connus pour la vente illicite de boissons alcoolisées. L'un de ces endroits se trouvait à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya, plus précisément, dans la commune de Ras-El-Ma, à l'intérieur d'une forêt dense appelée Germane. C'est ici que se cantonnent, de jour comme de nuit, plusieurs repris de justice n'ayant, selon la version des gendarmes, quitté la prison que pour la rejoindre quelques mois plus tard.
Germane est une forêt où il y a beaucoup de fraîcheur en ces moments de canicule qui, vraisemblablement a atteint son paroxysme dans la wilaya de Sétif. Sur les lieux, plusieurs centaines de bouteilles de bière et de vin jonchaient le sol. Alors que les éléments de la gendarmerie s'affairaient à fouiller deux individus adultes qui dégustaient des bières fraîches et dont l'un a été vite embarqué parce qu'il se trouvait en possession d'un joint de kif, quatre jeunes qui avaient aperçu de loin l'arrivée d'un convoi de voiture de Nissan de couleur verte, ont aussitôt pris la fuite.
Malheureusement pour elles, leur évasion n'a duré que le temps d'une course poursuite, puisqu'elle ont été rattrapées par les véhicules de la gendarmerie. Interrogées sur la raison de leur présence en ce lieu insalubre, elles répondirent en sanglots qu'elles n'étaient que de passage pour se rendre à une fête de mariage, non pas à titre d'invitées mais en vue de l'animation de cette cérémonie, puisqu'elles prétendaient être chanteuses et danseuses. Elles étaient en tenue légère et leurs robes étaient crasseuses, ce qui ne confirmait pas leur discours. D'ailleurs, l'un des éléments de la gendarmerie de Sétif les a aussitôt reconnues et il nous dira à leurs propos qu'elles ont été déjà inculpées pour pratique à ciel ouvert du plus vieux métier du monde.
Un prof de math!
Le même gendarme nous indiquera, en outre, que la prostitution est toujours pratiquée dans la forêt de Germane. Il nous fera part ainsi qu'il y a eu dans un passé récent, l'arrestation, dans cet endroit, de quelque 17 prostituées dont trois mineures. On quitte la forêt Germane et l'on se dirige vers un autre canton similaire se situant cette fois-ci dans le territoire de la commune de Aïn Nernat. Là aussi, il y avait une quantité énormes de bouteilles de bière vidées de leur contenu et qui étaient jetées ici et là. Un quart d'heure avant que les véhicules de la gendarmerie ne débarquent dans cette forêt dénommée Lomane, plusieurs dizaines de personnes, hommes et qui s'adonnaient à la consommation de la drogue, de l'alcool, ainsi qu'à la pratique de la prostitution, alertées assurément au moyen du téléphone portable se sont empressés de déserter les lieux.
Cette version est celle communiquée par un professeur de mathématiques qui n'a pas jugé utile de fuir, puisque, dit-il, il n'avait rien à se reprocher. Toujours est-il que les gendarmes n'ont pu arrêter personne dans la forêt de Lomane, du fait que tout le monde avait pris la fuite au moment opportun. Cependant si les éléments de la gendarmerie de Sétif portent à bras-le-corps la lutte contre le fléau de la prostitution, ce dernier fait flores dans plusieurs hôtels implantés dans le chef-lieu de la wilaya. Les prostituées rôdant à l'intérieur de ces hôtels, et c'est là une réalité indéniable, ne sont guère inquiétées. Elles se font belles et de se maquillent, outrageusement car c'est là un travail qui peut leur rapporter jusqu'à 4000 DA dans le cas où elles arrivent à séduire un homme. Et ce n'est pas la clientèle masculine qui manque dans ces hôtels, bien au contraire, cette deuxième catégorie de prostituées ne chôme jamais.


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