Belle clôture de l'année 2017 pour Les Zinzins du café Riche qui a encore fait le plein validant, si besoin était, la large adhésion des Constantinois à l'initiative de «Houna Qassantina». Si la dinanderie constantinoise était à l'affiche, comme en résonance avec l'art culinaire ou les rites confrériques citadins qui avaient marqué le lancement de la manifestation, il était prévisible que l'actualité allait aussi imprégner la rencontre. Invité de la semaine, le docteur Réda Boubeguira, écrivain et artiste-peintre, n'aura pas manqué de relever les assises africaines de la médiation féminine tenues à Constantine, mais est-ce son retour sur la lancinante question d'El Qods qui devait enflammer le débat, vérifiant, sans surprise, la place singulière qu'occupe la Palestine dans l'esprit et la culture des Algériens. Les échanges furent ainsi parfois vifs, mais marqués au coin du même attachement au peuple palestinien et à son combat et la position constante de soutien de l'Algérie aura été relevée. La surprise devait venir de Mériem Merdaci, auteure d'un poème dédié à la Palestine dit avec émotion et chaleureusement salué par l'assistance. Héritier d'une longue tradition familiale dans la dinanderie, Driss Amine Khodja, figure reconnue et respectée de la médina, est revenu sur un état des lieux critique pour ce patrimoine dans toute l'Algérie, évoquant les écoles d'Alger, de Tlemcen et présentant un tableau précis de la situation de la dinanderie à Constantine. Le public suivra ainsi avec une remarquable attention les indications de Driss Amine Khodja sur le caractère précieux du cuivre rouge, qui est à la base du travail du «nahass», exposant les étapes et les différences entre ciseleur et dinandier, rattachant aussi les oeuvres à la vie et aux besoins de la communauté citadine de la médina. Le débat aura convoqué des noms - quasiment oubliés - d'artisans, rebondis sur les spécialisations de chaque dinandier et permis de remettre l'artisanat constantinois dans le long cours des mutations de la société et plus particulièrement avec la concurrence des produits manufacturés de l'industrie métropolitaine coloniale. La dimension patrimoniale de la dinanderie sera clairement soulignée et Driss Amine Khodja en appellera, avec émotion, au soutien des pouvoirs publics et dira ses craintes, quant à l'absence d'une relève.Le lien sera fait entre l'artisanat et la société musicale citadine constantinoise et plus singulièrement les attaches de grandes figures du zedjel comme cheïkh Ma'âmar Benrachi ou Aâmi Mouloud Amine Khodja dit Mouloud leqzadri seront rappelées, balisant aussi le terrain à Tarek Zaza et son groupe dont le tempo musical fera honneur à la tradition des zedjaline constantinois. Les promoteurs de «Houna Qassantina» n'ont pas manqué de rappeler le rendez- vous des «Rencontres de Constantine» du samedi 23 décembre qui recevront Alloua Daksi pour un retour sur un parcours qui croise la médina et l'engagement nationaliste.