Il appelle Marocains et Sahraouis à négocier sans conditions C'est la seconde tournée du successeur de Christopher Ross dans la région pour tenter de relancer des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario. Un parcours du combattant qui durera près d'une dizaine de jours. L'itinéraire est déjà connu. Il conduira l'ancien président allemand «à Alger, Nouakchott, Tindouf, Rabouni, Rabat, Laayoune, Smara and Dakhla», a fait savoir le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq, lors du point-presse qu'il a tenu le 21 juin. Quel est son but? «L'objectif de la visite est double: améliorer sa compréhension de la réalité sur le terrain et discuter de la marche à suivre pour le processus politique dirigé par les Nations unies, conformément à la résolution 2414 du Conseil de sécurité», a ajouté la même source. Le Conseil de sécurité de l'Onu a voté le 27 avril une nouvelle résolution dans laquelle il appelle Marocains et Sahraouis à négocier sans conditions tout en assurant au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination. C'est aussi le pari osé de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental qui s'est engagé à organiser des négociations directes et sans conditions entre le Maroc et le Front Polisario courant 2018. Des sources proches du dossier, avaient affirmé que «M. Köhler a informé le Conseil de sécurité de son objectif de tenir ces négociations cette année, même s'il a reconnu que ces pourparlers ne sont pas une fin en soi car ils exigent la bonne volonté des parties en conflit et leur engagement à y prendre part sans préconditions» avaient assuré des sources proches du dossier. Le temps presse. C'est donc à une véritable course contre la montre que se lance le représentant personnel du SG de l'ONU pour relever son défi. Il va falloir qu'il compte avec un pouvoir marocain qui n'a pas du tout apprécié la façon dont il a mené ses consultations. Horst Köhler s'était réuni successivement avec le commissaire de l'Union africaine à la Paix et à la Sécurité, l'Algérien Ismaïl Chergui, le nouveau président de l'UA, Paul Kagamé chef de l'Etat du Rwanda et le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki. Des consultations vues d'un très mauvais oeil par Rabat. Le fait d'associer l'Union africaine aux discussions qui doivent renouer le fil du dialogue entre Sahraouis et Marocains eu égard à l'adhésion du royaume à l'Union africaine n'a pas du tout été apprécié par Rabat qui privilégie de passer par le Conseil de sécurité de l'ONU où il compte un allié de poids, la France en l'occurrence qui soutient son option de large autonomie. Une proposition sur laquelle s'arc-boute le Palais royal qui n'a nullement l'intention de céder un pouce des territoires qu'il occupe depuis 1975. L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental aura notamment à composer avec un souverain marocain qui nie au peuple sahraoui tout droit à l'autodétermination. «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l'Initiative d'autonomie...», avait déclaré Mohammed VI lors de son discours prononcé le 6 novembre 2017 à l'occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. Le successeur de Christopher Ross sait à quoi s'en tenir. Toute tentative suspectée de remettre en cause l'annexion du Sahara occidental par le Maroc sera vouée d'avance à l'échec. C'est le message envoyé par le Makhzen au représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental... Premier signal: les Marocains ont refusé de le rencontrer en début d'année à Berlin. Une délégation marocaine devait effectuer le déplacement dans la capitale allemande dans le cadre de discussions bilatérales avec le médiateur de l'ONU. Pourquoi cette bouderie? «Rabat n'a pas apprécié que Köhler intègre notamment l'Union africaine dans le processus de recherche d'une solution au conflit, et a demandé des explications à l'ancien président allemand», avait déclaré une source proche du dossier, citée par le site marocain Yabiladi. La méthode du représentant personnel de SG de l'ONU ne semble pas être dans les bonnes grâces du Palais royal. Horst Kôler parviendra-t-il quand même à faire bouger les lignes? Sa seconde virée dans la région s'annonce vraisemblablement comme une mission casse-cou. Elle aura cependant, incontestablement, le mérite de mettre en exergue la mauvaise foi du pouvoir marocain.