«J'ai foncé derrière lui, j'ai foncé sans rien... J'ai enlevé le couteau, je l'ai mis par terre et j'ai neutralisé le mec. C'était normal», a raconté Smaïn, le héros algérien. C'est un acte héroïque. Celui de quatre Algériens qui ont sauvé la vie des passants parisiens au péril de la leur. Sans aucune hésitation, mais avec bravoure et courage, quatre vaillants Algériens, témoins de l'agression d'un Afghan sur des passants du XIXe arrondissement de Paris, ont réussi à stopper la folie meurtrière du jeune homme. Dimanche dernier, l'agresseur, muni d'un couteau d'au moins 30 cm et d'une barre de fer, a frappé au hasard, sur le bord du canal de l'Ourcq dans le nord de Paris, les passants, blessant sept personnes dont quatre grièvement. Le bilan aurait pu être plus lourd sans l'intervention des Algériens, présents sur les lieux lors du drame. L'un d'eux, Smaïn Brida, 46 ans, un sans-papiers résident en France, a raconté comment il a réussi à s'opposer, mains nus, au fou du XIXe arrondissement. «Je me trouvais à une terrasse de café près d'un des cinémas MK2, j'étais en train de regarder le match France-Pays-Bas (...) Le match venait de se terminer quand j'ai entendu deux jeunes filles hurler: «Il y a un mec avec un couteau! Il y a un mec avec un couteau!». Smaïn raconte ensuite comment il a réussi aux côtés de trois autres Algériens armés de boules de pétanque et un Egyptien, à encercler l'Afghan. «J'ai foncé derrière lui, j'ai foncé sans rien, on a trouvé un morceau d'une palette cassée, j'ai trouvé une barre de bois. On a coincé le mec, on était cinq ou six. Quand il a perdu l'équilibre, moi, j'ai visé direct la main qui tenait le couteau avec la barre de bois, comme ça, j'ai sauté direct sur la main... j'ai enlevé le couteau, je l'ai mis par terre et j'ai neutralisé le mec. C'était normal... N'importe qui peut faire ça», raconte Smaïn avant d'ajouter: «J'ai passé mon bras autour de son cou pour le maintenir contre moi et l'étrangler. Là, il a perdu connaissance pendant quelques secondes. Il ne bougeait plus. J'ai cru que je l'avais tué.» Un autre Algérien, Hamani Boudjemaâ qui jouait à la pétanque avec des amis, atteste des faits et ajoute «on a pris nos boules de pétanque et on lui a lancé dessus. Il continuait sa route et essayait de poignarder des gens. Un moment on a réussi à l'assommer en quelque sorte. On lui a sauté dessus et Smaïn a réussi à lui enlever le couteau». Des policiers de la Brigade anticriminalité sont arrivés ensuite sur les lieux pour interpeller l'homme au couteau. Smaïn, le héros algérien qui a failli être menotté, pris pour l'agresseur par les policiers arrivés sur place, refuse que son geste soit glorifié «ce que j'ai fait, tout le monde peut le faire. Je me suis dit qu'il fallait le stopper, sinon il allait continuer à s'en prendre à des gens. Je voulais absolument le désarmer. Grâce à Dieu, j'ai fait ce qu'il fallait faire», a-t-il expliqué à un journal français. Et pourtant, l'acte de Smaïn Brida et des quatre autres intervenants, est un geste de bravoure grandiose, digne de leurs aïeux. Le geste de ces Algériens a été certes, salué par le ministre de l'Intérieur, même s'il a été noyé dans une phrase évoquant «la réactivité et le courage dont ont fait preuve nos concitoyens (...)». Il faut dire que ce n'est pas la première fois que des Algériens font montre d'héroïsme. Lors des attentats de Paris, du 13 novembre 2015, un homme, dont l'action a été déterminante au coeur du drame, était un Algérien. Il s'agit du responsable de la sécurité au Bataclan, la salle de spectacle, théâtre de l'horrible acte terroriste. Il s'appelle Didine. «Dans le feu de l'action, alors que les balles des Kalachnikovs sifflaient de partout, Didine appelait les spectateurs et les dirigeait vers les issues de secours», a raconté un jeune homme qui était très impressionné par le sang-froid de Didine. «Il était là à nous montrer le chemin, à nous dire de nous sauver, mais lui restait sur place pour montrer les différentes issues.» Didine pouvait prendre une balle à tout moment. Didine qui aurait pu prendre ses jambes à son cou, a choisi d'aider les autres. Au péril de sa vie, il a réussi à sauver une centaine de spectateurs au moins, comme l'avait raconté le journaliste de BFM TV. Héroïque est le comportement de certains Algériens. Des sans-papiers en France. Ces comportements devraient nuancer la perception de la société française des étrangers d'Afrique du Nord et principalement des Algériens. Elle devra se souvenir, entre autres exemples, du courage de Mohamed Chelali, l'homme qui a sauvé la vie du président Chirac en 2002. L'héroïsme de Mohamed, de Smaïn, de Didine...et bien d'autres, démontre que les Algériens sont braves de nature.