Une vue de la rencontre entre les deux délégations Seule la route de l'Unité africaine presque entièrement réalisée, à l'exception de 200 km dans le territoire du Niger, passe pour être une oeuvre panafricaine concrète. Le megaprojet du gazoduc Alger-Lagos est toujours d'actualité. C'est ce qui a été affirmé avant-hier lors de la quatrième session de la Commission mixte bilatérale algéro-nigériane. Les deux ministres des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel et Geoffrey Onyeama, ont renouvelé l'engagement de leurs pays respectifs à parachever cet important projet structurant. Absent du communiqué d'annonce de la rencontre, cet important chantier panafricain a connu, dans un passé proche quelques péripéties où l'on avait sérieusement pensé à son enterrement et son remplacement par un autre liant le Maroc et le Nigeria. Il était même question, au printemps dernier, de discussions maroco-nigérianes au niveau des experts, autour de la faisabilité du projet. Il n'en est apparemment rien, puisque la confirmation du maintien de l'intention originelle est évoquée dans le communiqué final. En effet, le communiqué final qui a sanctionné la rencontre bilatérale ne s'est pas simplement contenté de l'annonce, mais a fixé un début de calendrier. L'on apprendra ainsi que les deux pays «ont décidé, à cet égard, de mettre en place un groupe de travail conjoint qui tiendra sa première réunion dans le courant du premier trimestre 2019 en vue d'accélérer la mise en oeuvre de ce grand projet», rapporte le même communiqué. Cette annonce pourrait avoir des allures «historiques», sauf que l'on ne sent pas une réelle volonté de réveiller un chantier qui dort dans les tiroirs des ministères des deux pays depuis des décennies. Mais à leur décharge, les MAE algérien et nigérian ne démordent pas et soutiennent que les études du gazoduc Alger-Lagos «sont bien avancées». Et tout en soulignant son caractère «structurant (et) d'une importance cruciale pour les deux pays», Alger et Abuja renouvellent «une fois de plus, leur engagement ferme à le parachever au bénéfice de leurs peuples respectifs et des peuples de la sous-région». D'ici à la réactivation, au premier trimestre 2019, du comité de suivi, il serait hasardeux de parier sur une nouvelle dynamique, tant les relations algéro-nigérianes ne semblent pas constituer véritablement une priorité pour l'un comme pour l'autre.D'ailleurs, né de l'enthousiasme «socialisant» des années 70 pour le gazoduc et du pragmatisme du Nepad aux années 2000 pour la dorsale africaine de fibre optique, les deux grands projets de l'Afrique ont connu la même fortune. Seule la route de l'Unité africaine presque entièrement réalisée à l'exception de 200 km dans le territoire du Niger passe pour être une oeuvre panafricaine concrète. Il faut dire que pour tous ces engagements exceptionnellement importants pour l'avenir du continent, l'Algérie et le Nigeria sont aux premières loges. Les deux pays sont comptables devant des centaines de millions d'Africains. En d'autres termes, Alger et Abuja détiennent les clés de l'émancipation d'une partie de l'Afrique. La rencontre d'Alger de ces deux derniers jours ne laisse pas entrevoir un renouveau panafricain.