Les Etats-Unis visent en priorité les exportations d'or noir iranien qu'ils veulent réduire à «zéro». Donald Trump joue avec le feu. Il prend le risque de se brûler les doigts, surtout qu'il s'agit de pétrole. Ce qui peut provoquer un incendie qui aurait des conséquences insoupçonnées sur l'équilibre du marché et sur les prix qui pourraient atteindre les sommets. Le président américain, qui rêve de mettre à genoux le régime de Téhéran. «L'unique politique des Etats-Unis devrait être de mettre fin à la révolution islamique de 1979 avant qu'elle ne fête son 40e anniversaire», avait écrit John Bolton, le nouveau conseiller à la Sécurité nationale, qui est l'oreille de Trump, dans le Wall Street Journal. Les conséquences sont escamotées. Les commentaires et les analyses des spécialistes convergent pratiquement toutes. La flambée des prix serait inévitable même si dans un premier temps, les Etats-Unis ont assoupli leur décision en permettant à huit pays de continuer d'importer du pétrole iranien. La machine de guerre US tire donc ses premières salves. Elle a pour objectif d'étrangler l'économie de la République islamique d'Iran, de la rendre exsangue, en la privant de l'essentiel des revenus que lui assurent ses exportations de pétrole. Une arme à double tranchant. Une telle décision doit priver, en effet, le marché mondial de plus de 3,5 millions de barils par jour. L'Iran, troisième producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, est un acteur important du marché mondial. Le priver de son offre reviendrait inéluctablement à le déstabiliser. Le verdict sera rendu dans les toutes prochaines semaines. Il est donc probable que les sanctions américaines viendront exacerber un peu plus une offre que l'on n'estime pas assez suffisante pour répondre à une demande en constante progression. Les spéculations vont donc bon train. Les ingrédients d'une flambée sont divers. Certains flairent un baril à 100 dollars, même plus. Des investisseurs achètent depuis quelque temps des contrats d'options misant sur la montée de la ressource vers 80 dollars le baril en 2018 (le baril a déjà atteint ce niveau, Ndlr), 100 dollars en 2019 et 110 dollars en 2020, ont signalé des données du Dtcc (Depository Trust and Clearing Corporation) américain et de la Bourse New York Mercantile Exchange. La tendance à l'augmentation des prix pétroliers sera soutenue, en 2018-2020, par les changements dans les Bourses, la baisse de la production, ainsi que par une hausse de la demande, ce qui poussera vers un baril à 100 dollars d'ici la fin de la décennie actuelle, selon Robert McNally, président de l'agence Rapidan Group. Dans l'immédiat «le marché va être complètement focalisé sur les exportations de l'Iran, sur le fait de savoir si le pays triche ou si la production chute», a indiqué Riccardo Fabiani, analyste pour Energy Aspects. A partir d'aujourd'hui, les Etats-Unis vont mettre sous surveillance les pays qui s'approvisionnent en pétrole iranien. Le baril est déjà sous pression, les Américains aussi. «Si les prix recommencent à grimper ou qu'un autre grand producteur a des difficultés, cela pourrait mettre les Etats-Unis sous pression et faire émettre de nouvelles exemptions», a jugé Riccardo Fabiani, d'Energy Aspects. Cela risque d'être trop tard. La flambée s'annonce inévitable...
