Première visite d'un ministre britannique des Affaires étrangères en Iran depuis que les Etats-Unis et le président Donald Trump ont décidé de se retirer unilatéralement de l'accord nucléaire, la rencontre hier à Téhéran de Jeremy Hunt avec son homologue Mohammad Javad Zarif ne pouvait pas passer inaperçue pour les capitales européennes comme pour Washington et Moscou. C'est que la situation explosive que traverse la région du Moyen-Orient et les sanctions économiques que l'administration Trump a engagées contre l'Iran, conjuguées aux crises aiguës au Yémen, en Syrie et à Ghaza, confèrent à cette visite une importance cruciale. Même si les deux ministres se sont abstenus de toute déclaration ou commentaire à l'occasion de leur entretien, on sait que les thèmes abordés ont concerné, outre la question du nucléaire iranien, la recherche d'une solution politique au Yémen, appelé avec insistance par la communauté internationale à faire taire les armes pour privilégier les négociations prévues en Suède, et la question des Irano-Britanniques détenus en Iran. Il semble que le récent voyage du MAE britannique au Yémen et en Arabie saoudite ait porté ses fruits, mais il restait à convaincre l'Iran dont le soutien aux rebelles houthis apparaît comme essentiel d'appuyer le processus onusien de retour à la paix. La situation est devenue telle, en effet, que l'ONU a sonné l'alarme en prédisant la pire crise humanitaire du siècle pour un pays déjà extrêmement pauvre et ramené, par des mois et des mois de bombardements intensifs, à l'âge de pierre. Jeremy Hunt n'a pas fait mystère de son objectif premier: «Nous avons vraiment, vraiment à coeur d'avancer vers la paix au Yémen», a-t-il insisté. «C'est notre priorité numéro un à l'heure actuelle», expliquait-il avant même de se rendre en Iran, lors d'un entretien à la chaîne de télévision britannique BBC. Une démarche qui aura sans doute contribué à la reprise des négociations sous l'égide de l'ONU dont on espère le couronnement lors de la réunion de Stockholm. Dans la foulée, M.Hunt a, bien sûr, plaidé la cause de binationaux emprisonnés à Téhéran et qu'il veut «ramener à la maison», grâce à ses bons offices. Mais le message premier aura consisté à rassurer Téhéran sur la volonté britannique de préserver l'accord nucléaire malgré les pressions et les menaces de l'administration américaine.