Ils ont manifesté à Toulouse Véritable défi lancé à la politique d'Emmanuel Macron et rejet catégorique de la hausse d'une taxe écologique qui a amplifié la flambée des prix des carburants, ce mouvement apolitique et non syndiqué n'a pas ému pour l'instant le chef de l'Etat français. Hier, le mouvement spontané des «gilets jaunes» en France, opposé initialement à la hausse des taxes sur le carburant, mais porteur depuis de plusieurs autres revendications sociales et économiques, a récidivé avec l'appel sur les réseaux sociaux à une mobilisation générale dont le temps fort s'est déroulé dans la capitale. Si les actions en province n'ont suscité que peu d'attention, la mobilisation parisienne assortie d'une tentative de marche vers l'Elysée a par contre nourri les préoccupations de la place Beauvau ainsi que du Premier ministère. Avec cet «Acte 2» de la contestation face à un gouvernement qui se dit «inflexible», les «gilets jaunes» ont entrepris leur marche dès le début de la matinée, à Paris, où des centaines d'entre eux, arborant leurs chasubles phosphorescents à l'origine de leur désignation sous ce vocable, ont convergé dans le calme vers la place de l'Etoile, tout en haut des Champs-Elysées, aux cris de «Macron, démission». Il faut dire que les autorités n'ont pas cessé depuis plusieurs jours de mettre en garde contre les «risques de dérapage» que viseraient éventuellement les «habituels casseurs» profitant de ce genre d'évènements. Peine perdue, les opérations oint eu lieu, aussi bien à Paris que partout en province, comme aux abords des péages et des axes autoroutiers. Vigilants malgré le fait que leur mouvement ne dispose ni de meneurs désignés ni de représentants patentés, les milliers de protestataires ont interpellé une nouvelle fois le gouvernement et le président Emmanuel Macron, réclamant désormais le retour de l'ISF (impôt sur la fortune) qu'il a supprimé sous prétexte de relancer la croissance à travers des investissements moins timides. Beaucoup ont exprimé leur colère contre la «cherté de la vie», les «augmentations» en cascade qui accroissent le nombre de laissés-pour-compte et confirment que le chef de l'Etat est bien le «président des riches» tandis que le gouvernement «travaille pour cette seule catégorie». Il a tout fait pour «diaboliser le mouvement» allant jusqu'à tenter de lui «interdire l'accès à la capitale», ou pour dire vrai au palais présidentiel. Nombreux sont ceux qui, également, ont mal ressenti les propos des députés de La République en Marche (La Rem), un parti créé de toutes pièces par Emmanuel Macron pour conquérir le pouvoir lors de l'élection présidentielle de 2017, selon lesquels l'Elysée et Matignon «vont tenir le cap». Aussi, tiennent-ils à avertir qu'ils ne vont pas désarmer de sitôt, même si leur mobilisation nécessite d'énormes sacrifices et tend même à précariser davantage leur situation. Effectivement, les médias n'ont pas cessé, ces dernières quarante-huit heures, de relayer l'avertissement du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, selon lequel il serait temps de mettre fin à l'anarchie, façon comme une autre d'annoncer que des réponses musclées sont promises aux manifestants qui seraient susceptibles de tomber pour désordre sur la voie publique. Argument massue, la «menace» d'une présence des «réseaux violents d'ultradroite et d'ultragauche» qui ont justifié la mobilisation de 3000 policiers antiémeute pour la seule capitale, sachant que l'Acte 1 avait effectivement entraîné la mort de deux personnes et des blessures à 620 civils et 136 militaires. Preuve que le succès de l'Acte 1, samedi dernier, lorsque près de 300.000 manifestants ont réussi à paralyser les axes routiers et les sites stratégiques dans tout l'hexagone, n'irrite plus seulement, mais qu'il inquiète davantage le gouvernement conduit par Edouard philippe qui pariait sur un essoufflement rapide des «gilets jaunes», faute de moyens et de fils conducteurs. Mais l'erreur de cette lecture était inscrite d'avance car les sondages se sont succédé pour dire unanimement que la majorité écrasante des Français soutient les «revendications» des «gilets jaunes», en dépit des tracasseries que cela leur occasionne parfois. Véritable défi lancé à la politique d'Emmanuel Macron et rejet catégorique de la hausse d'une taxe écologique qui a amplifié la flambée des prix des carburants, ce mouvement apolitique et non syndiqué n'a pas ému pour l'instant le chef de l'Etat, résolu, dit-il, à maintenir le rythme des réformes à pas forcés. Il prendra des décisions, néanmoins, mardi, après avoir «reçu le message des citoyens» et pour éviter tout risque de «fracture sociale». Le risque est de voir le mouvement, pleinement justifié en ce qui concerne la dégradation extrême du pouvoir d'achat d'une majorité de citoyens, tous âges confondus, céder la place à un ras-le-bol politique tel qu'il fera le lit du populisme et ouvrira une voie royale au triomphe de plus en plus probable de l'extrême droite en France. Ce faisant, le nouveau monde d'Emmanuel Macron y aura lourdement contribué.