que cherche le MSP? Abderezzak Makri note qu'un large consensus partisan peut avoir force de loi. «La concordance entre toutes les parties politiques conférera un caractère légal à cette initiative», affirme le patron du MSP. Le MSP défend le principe du report de la prochaine élection présidentielle. L'argument du parti islamiste et également porte-flambeau de l'opposition tient de la nécessité de «réunir de meilleures conditions de concrétisation du consensus national». Cette proposition rapportée par l'agence de presse gouvernementale, l'APS, exprimée par le président du MSP, Abderezzak Makri, à l'occasion d'un point de presse, en marge de la conférence nationale des instances du MSP, est adossée, souligne Makri à une série de conditions. La formation islamiste qui semble avoir bien potassé son sujet, affirme par le biais de son président que le report «ne doit aucunement dépasser une année». Pourquoi cette période? quel rapport peut-elle avoir avec la recherche du consensus national? Le leader islamiste n'en dit rien, mais propose que cette perspective soit «adoptée par l'ensemble des institutions de l'Etat». On aura deviné que Makri pense prioritairement à l'institution militaire qui a déjà réservé une fin de non-recevoir au projet qu'il avait soumis, il y a quelques mois. Mais il semble que le président du MSP n'en démord pas et appuie cette nouvelle offre politique par une proposition de «réformes réelles et sérieuses avec la possibilité de tenir une conférence nationale approuvée par toutes les parties». Il emboîte ainsi le pas au président de TAJ, Amar Ghoul qui préconise lui aussi, cette même conférence nationale, sous l'égide du président de la République. La perspective d'un report de la présidentielle semble donc agréer le leader islamiste. Et pour cause, il estime qu'une telle démarche «ne posera aucun problème si cela mène à des réformes politiques». Abderezzak Makri ne dit pas la nature de ces réformes, se contentant de souhaiter l'amélioration des «circonstances et conditions de la compétition et de donner aux Algériens une opportunité de se rencontrer et de concrétiser le consensus». L'offre peut paraître un peu légère, mais elle a le mérite d'être formulée par le plus grand parti de l'opposition qui apporte très officiellement sa caution à une alternative jusque-là pas envisagée, du moins, officiellement. L'on se souvient que les personnalités politiques de la majorité présidentielle n'ont à aucun moment ouvertement parlé d'un pareil scénario. Il se trouve néanmoins que la récente sortie de Amar Ghoul et son initiative de conférence nationale ont ouvert la voie à des spéculations autour de l'option du report. Quelques observateurs ont même vu dans l'attitude de Ghoul un appel du pied à l'opposition pour ouvrir franchement le débat sur le sujet. Sans que l'on ait aucun commentaire de la part des cercles du pouvoir à la démarche de Ghoul, la sortie de Makri sonne comme une réponse de la part du MSP, d'autant que dans son discours, plutôt conciliant, il fait clairement mention de la fameuse conférence nationale. Il reste que constitutionnellement, il serait difficile de trouver un fondement légal à une initiative que la Loi fondamentale du pays n'a pas évoquée. Mais Abderezzak Makri ne veut pas se formaliser et note qu'un large consensus partisan peut avoir force de loi, dans les circonstances actuelles. «La concordance entre toutes les parties politiques conférera un caractère légal à cette initiative», affirme le patron du MSP, visiblement satisfait de donner l'impression d'être dans le rôle de celui qui tend la perche. Makri ajoute un autre argument à son offre en soulignant qu'«au vu de la crise multidimensionnelle que vit le pays, tout président qui sortira de la présidentielle de 2019, ne pourra faire face, seul, à tous ces problèmes, s'il ne bénéficie pas de l'adhésion du peuple». Le président du MSP propose-t-il une sorte d'union sacrée? Est-il lui-même en mesure de concéder quelques sacrifices idéologiques pour garantir l'unité de la nation? Il est certes trop tôt de se poser ce genre de questions, mais il est néanmoins clair que l'idée du report de la présidentielle a été lancée par le principal représentant de l'opposition. L'interrogation qui s'impose désormais, est de savoir, si les partenaires du MSP vont la prendre au vol ou se l'envoyer comme une patate chaude. L'avenir immédiat nous le dira.