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Le carnage continue
PATRIMOINE FORESTIER
Publié dans L'Expression le 06 - 11 - 2005

Le chêne vert, le chêne liège, le pin d'Alep qui font la beauté de notre environnement sont sérieusement menacés de disparition.
Une hache bien aiguisée au long manche, attachée à la ceinture, une scie électrique bien entretenue, les mains dans des gants en cuir... sont là quelques outils importants qui accompagnent Messaoud, un «ami» des forêts. En effet, dans une nuit obscure, un froid glacial, un silence religieux, Messaoud met son tracteur en marche. Il nous invite à le suivre dans la forêt, pour assister de près à la «guerre» qu'il allait déclarer aux arbres. C'est le terme le plus approprié. En effet, il est presque 20h30, Messaoud arrive au milieu du massif forestier. Un endroit habituel pour lui et ses amis. Quelques minutes plus tard, tous les éléments l'ont rejoint. Le groupe est au grand complet. Sans état d'âme, l'«hécatombe» commence. En l'espace de deux heures, seulement, l'endroit est complètement défiguré. Le pin d'Alep qui fait la beauté de la région est dévasté. Ainsi, ce dernier est réellement menacé de disparition. Et ce, non seulement à cause des nombreux feux de forêts signalés ici est là, mais aussi à cause du phénomène de déboisement provoqué par les «ennemis» de la nature, ou bien la mafia du bois, comme aiment à les appeler les gardes forestiers. En effet, si la forêt est réputée être pour les uns, un lieu de promenade, elle représente, en revanche, une bonne opportunité de business pour d'autres.
A cet effet, lors de notre «visite guidée», dans le massif forestier de la wilaya de Bouira, nous avons constaté de près la menace dont fait l'objet notre richesse écologique. Plusieurs groupes de jeunes font de la déforestation et du déboisement leur occupation quotidienne, voire même le meilleur moyen de gagner leur pain. «Si je vends seulement deux chargements de camion par jour, j'aurais assuré une recette de 6000 DA» déclare Fateh un «vendeur» de bois. Interpellés, par nos soins, sur les conséquences néfastes que pourrait engendrer cette déforestation, Fateh et ses «acolytes» n'accordent pas beaucoup d'importance à cette vision moralisante. «Que voulez-vous qu'on fasse? Si on ne vend pas le bois, on risque de ne pas trouver quoi manger le soir. Je pense qu'il vaut mieux qu'on fasse cela que d' aller voler et risquer de passer le reste de notre vie derrière les barreaux.» Ainsi, la question qui vient à l'esprit est de savoir ce qui motive cette «contrebande de bois». D'où puisent-ils cette confiance? Le lendemain matin, nous avons assisté à une autre scène qui n'a pas manqué d'attirer notre attention, et de susciter beaucoup d'interrogations, lorsqu'un groupe de jeunes s'est allongé sur des arbres coupés. Peut-on savoir les raisons de votre présence ici, interrogeons-nous? «Je suis là pour garder les arbres que j'ai coupés, sinon je ne les trouverais pas demain». Pourquoi, donc défigurer la flore et à quelles fins? A cette question, Hamid avance ses arguments, qui à ses yeux sont raisonnables. «Sachez que nous vivons dans les montagnes enclavées. Il n' y a rien. Nous n'avons pas d'autre moyen pour faire face au froid que de couper le bois pour nous chauffer ainsi que pour faire la cuisine. Ici (un village ghetto dans la wilaya de Bouira. Ndlr), une bouteille de gaz de butane se vend à plus de 250 DA. Le gasoil est aussi cher et n'est pas à la portée de tout le monde, sachant que la majorité des villageois ne travaillent pas. On doit faire un déplacement de plus 40 km pour s'approvisionner.» Pourquoi donc couper le bois pour le vendre aux menuisiers, ou vendre des pieds droits, aux entrepreneurs? Ici, les transactions se font la nuit. Les «clients» viennent des autres wilayas, de M'sila notamment. Là aussi, un autre jeune, la trentaine, explique cela par le fait que la majorité des jeunes de la région ne trouvent pas de quoi gagner leur vie. «L'Etat nous a oubliés. Nous devons trouver un moyen pour se nourrir», justifie-t-il encore. Cependant, notre interlocuteur ne trouve pas d'arguments pour expliquer, que le fait de déboiser permet à d'autres de s'approprier des lots de terrain. «Je sais qu'il y a ceux qui le font, moi je n'en ai pas bénéficié», souligne-t-il. Le massacre de la forêt n'a pas été du goût, par ailleurs, de plusieurs habitants de la wilaya.
Ce phénomène a suscité trop d'inquiétude et de questions chez les Bouiris, quant à l'avenir de la forêt. Dans une pétition signée par plus de 50 personnes habitant le village de Tilliouate dans la daïra de Bechloul, dont nous avons eu une copie, les amis du patrimoine forestier ont fortement dénoncé ce crime contre la nature. Ils exigent aussi la création d'une commission d'enquête pour mettre fin à la contrebande de bois.
«Les gardes forestiers se sont montré incompétents à y faire face, sous prétexte que les contrebandiers, dont le nombre dépasse une dizaine, étaient armés...» lit-on dans la pétition. Dans un autre contexte, pour prendre les déclarations et plus d'informations sur ce sujet inquiétant, nous avions pris attache avec les éléments de la conservation des forêts, notamment, en ce qui concerne, l'application de l'article 42 de la fameuse loi 84/12 portant règlement du régime général des forêts daté de l'année 1984, qui stipule une amende de 2000 DA à 4000 DA pour chaque arbre coupé mais cette loi est-elle strictement appliquée?
Quel est le plan de lutte mis au point pour venir à bout de ce phénomène, et protéger, ainsi, le massif forestier, constitué à 60 % de pin d'Alep suivi du chêne vert et du chêne-liège? Y a-t-il un contrôle? Quelles sont les mesures prises par les responsables vis-à-vis de cette mafia? Y a-t-il une politique de reboisement? Ce sont toutes des questions que nous voulions poser aux responsables, lors de nos différents déplacements au siège de la Conservation des forêts, ainsi qu'aux responsables de quelques brigades communales des forêts. Hélas! «Je ne suis pas habilité à vous répondre. Sauf le conservateur qui pourra le faire avec l'avis bien sûr de monsieur le wali.» telle est la réponse qui revient tel un leitmotiv sur les lèvres de quelques responsables que nous avions rencontrés.
Néanmoins, seul un élément des services des forêts que nous avons rencontré en marge de l'exposition organisée à l'occasion de la Journée nationale de l'arbre à la bibliothèque communale de la wilaya, a pu nous dire que «si nous ne pouvions pas maîtriser la situation par le passé, cela est dû à la situation d'insécurité qui prévalait dans nos forêts. Et cela, non seulement par rapport à la mafia du bois, mais aussi aux nombreux feux de forêts qui se sont déclarés volontairement ou involontairement».
Ce qu'il faut retenir en conclusion, c'est que la préservation de ce patrimoine écologique est l'affaire de tous. Chacun de nous, citoyens, responsables des forêts, agents des services chargés de la protection des forêts, est appelé à contribuer à sa manière à la conservation de ce bijou.
En outre, il faut des campagnes de sensibilisation afin de «semer» dans les esprits de nos concitoyens la culture de l'importance de la faune et la flore dans la vie humaine.
Et de conforter la position de l'Algérie qui est le troisième producteur de liège au monde derrière le Portugal et l'Espagne, avec une moyenne de 7% de la production mondiale.
D'autant plus que ce secteur apportera un bon coup de pouce pour notre gouvernement dans son projet de réalisation d'un million de nouveaux logements. Ainsi, la demande de l'Algérie dans ce secteur est énorme du fait que la production nationale ne couvre que 15% des besoins nationaux à cause de cette sous-exploitation et du trafic du bois.


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